vendredi 1 juin 2007

L'art de vivre des libertins

Il est triste de voir à quel point notre époque en est arrivée à méjuger, voire mépriser, le libertin, tant ce terme a fini par être détourné de son sens, pour tendre à ne désigner que l'amateur de relations échangistes ou de pratiques débridées. Cela me semble bien pauvre par rapport à ce que cela pouvait signifier au XVIIIe siècle. Difficile, certes, de prétendre que les libertins de ce temps-là n'étaient que des philosophes bousculant, à leur manière, l'ordre établi, qu'il soit moral ou religieux. Mais j'ai tendance à y voir, toutefois, au-delà de la seule licence des mœurs, un certain art de vivre, un art de la séduction, dans ce mélange des plaisirs de l'esprit et du corps.

C'est cette nature, complexe et non simpliste, que nous invite à découvrir La France au temps des libertins, un ouvrage concocté à plusieurs mains par Jacqueline Queneau (sociologue), Jean-Yves Patte (historien d'art et musicologue), Alexandre Bailhache (photographe) et Caroline Lebeau (styliste), aux éditions du Chêne (2001, ISBN : 2842772989).
Le livre, soutenu par de superbes photographies, aborde aussi bien les décors intérieurs et extérieurs des maisons et parcs où se tissaient les relations, que les parfums et les cabinets de curiosités, ou encore l'art des mouches et les dîners galants, les plaisirs de la chasse et de l'opéra.
Le livre se termine sur un cahier fermé regroupant des reproductions de gravures (d'après Antoine Robel ou François Boucher, par exemple), et des extraits de textes libertins (Mirabeau, Boyer d'Argens, etc.).

Un ouvrage superbe.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah! Quel ravissement!

Phil a dit…

vous avez raison, j'ai vu ce livre un jour chez des amis et c'est une pure merveille, d'un raffinement extrême, je me demande pourquoi je ne l'ai jamais acheté...bravo aussi pour votre blog, découvert grâce à Lisa.

Monsieur de C a dit…

Phil, il n'est jamais trop tard pour bien faire : ce livre reste disponible, me semble-t-il, en librairie. Rattrapez-vous. ;-)


Quant à votre aiguillage vers ce blog, un merci à Lisa (qui m'a, par ailleurs, accordé l'autorisation d'illustrer avec une de ses photos le billet que je lui avais consacré). :-)