vendredi 26 octobre 2007

Un Don Giovanni magistral ?

Sur les conseils de ma disquaire du réseau Harmonia Mundi, je vais probablement me laisser tenter par un coffret du Don Giovanni de Mozart, sous la direction de René Jacobs, en « opération découverte ».

C'est d'abord la présentation du coffret qui a attiré mon regard, avec Le faux-pas de Watteau en guise d'appât. Et ce format allongé, à la façon des livres de chez Actes Sud, promesse de « plusieurs CD » et d'un beau livret.
Je ne suis pas aussi doué que les critiques et les musicologues pour vous vanter les mérites ou pointer les défauts de cette édition-là. Bien sûr, la page de présentation par l'éditeur est élogieuse, certains articles de magazine ou pages internet saluent cette version (ici, ou encore , par exemple), mais j'ai lu ici et là des commentaires moins flatteurs (par exemple ).

Alors, craquer, ne pas craquer ? Telle est la question.

jeudi 25 octobre 2007

Liaisons électroniques

Dubitatif, voilà comment je me trouve après avoir découvert ce site qui propose de « [recevoir] par mail les lettres des Liaisons dangereuses au rythme où elles ont été écrites, [suivre] le roman en temps réel ».


Je ne vis pas hors de mon temps et je conçois fort bien l’usage du courrier électronique comme outil de communication. Mais j’ai du mal à percevoir l’intérêt de ce qui est proposé par ce site. Non pas que le roman épistolaire de Choderlos de Laclos ne me plaise pas, mais j’incline à penser que le fait de recevoir ces lettres par courrier électronique leur ferait perdre leur saveur. Autant ses adaptations cinématographiques m’ont conquis, autant le format du courrier électronique me laisse de marbre, a priori.
Je n’aurais peut-être pas dit « non » à des fac-similés de lettres manuscrites, mais je crains la froideur d’un texte « au kilomètre », impersonnel et sans mise en forme.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

mardi 23 octobre 2007

Loin du fait divers


E
n achetant le livre de Jean-Pierre Allinne, L'anthropophage des Pyrénées, Le procès de Blaise Ferrage, violeur et assassin au XVIIIe siècle (éditions Cairn, 2005, ISBN 2-35069-031-2), je caressais l'espoir que ce ne soit pas une sorte de récit à sensation brodant autour d'un fait divers qui avait fait les beaux jours des journaux de l'époque et des colporteurs. Le fait que l'auteur soit un professeur d'histoire du droit à l'Université de Pau et des pays de l'Adour avait contribué à me rassurer a priori.

Me voici arrivé au bout de la lecture de cet ouvrage, et force m'est de reconnaître qu'il a dépassé mes espérances. Car là où je pensais ne trouver qu'une chronique juridique ou judiciaire, j'ai trouvé un ouvrage à la portée plus ambitieuse. En effet, en utilisant les crimes de Blaise Ferrage comme porte d'entrée, Jean-Pierre Allinne nous fait découvrir un panorama très large, allant de la vie dans les vallées de l'Ariège dans les années 1780 jusqu'au processus judiciaires prévalant à cette époque.

Le chapitre « Terre pyrénéenne » permet de comprendre la spécificité de ces vallées, tant dans leur conformation morphologique que dans leur vie sociale organisée autour de la maison, de la famille et de la communauté, et dans leurs systèmes de représentation déclinants.

Le chapitre « Insistante violence » remet les crimes de Blaise Ferrage (surtout des viols) en perspective avec les violences de ce temps-là et l'acceptation ou la non-acceptation de certains actes par la société du XVIIIe siècle en général et la société valléenne ariégeoise en particulier. Un temps où il importe moins, aux yeux de ce groupe social, de violer une fillette gardienne de vaches que de brûler une étable et les vaches qu'elle abrite.

Les chapitres « L'homme sauvage » et « L'ogre mondain » mettent en relief la façon dont une certaine élite urbaine portait un regard méprisant sur le petit peuple rural, à la fois vecteur de peurs contemporaines et écho de peurs ancestrales, et la manière dont la société de ce temps-là, friande du malheur des autres qui lui fait oublier le sien, se délectait de ces récits horribles tout en pointant du doigt ces perversions réprouvées par la morale.

Avec le chapitre « Le procès », l'auteur nous brosse non seulement le portrait des différentes étapes de cette procédure judiciaire, mais également les complexes relations entre justice locale et justice royale, les démêlés ouverts ou cachés entre accusateurs et accusés, et les réflexions de l'époque autour des vertus pédagogiques, si j'ose dire, des formes de punition des délinquants.

Cet ouvrage, qui me semble accessible à tout lecteur même s'il n'est, comme moi, ni juriste ni sociologue, est donc très prenant à lire. Je dirais même à dévorer, car c'est ainsi que j'ai ressenti le plaisir à le lire. Le dévorer n'a pas fait de moi un anthropophage, pas plus que ne l'était Blaise Ferrage, qui avait déjà assez de poids à porter avec ses viols, son meurtre et ses incendies.


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Découvrez la fiche du livre.
Et glanez quelques détails sur les éditions Cairn (n'hésitez pas à consulter leur catalogue, qui contient des titres très intéressants).



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dimanche 21 octobre 2007

Messieurs les Anglais, mourez les premiers

Si vous voulez mourir sans attirer l'attention, faites-le loin du regard scrutateur de Nicolas Le Floch, l'infatigable et perspicace commissaire aux affaires embrouillées. Ce n'est pas le choix qu'a fait l'évadé de la prison de Fort-L'Evêque, mort dans la rue au pied même de la fenêtre de sa cellule. Bien lui en a pris, dirais-je, puisque sa mort nous ouvre les portes de la septième enquête de Nicolas Le Floch, sous la plume de Jean-François Parot, Le cadavre anglais (éditions JC Lattès, 2007, ISBN 978-2-7096-2867-9).

Je ne vous dirai pas grand-chose de plus de l'intrigue de ce roman, si ce n'est pour vous dire que je l'ai trouvée fort plaisante. Certains de mes domaines de prédilection m'ont permis de deviner quelques éléments de l'intrigue avant que l'auteur ne les dévoile aux lecteurs, mais cela n'a rien retiré à l'intérêt de l'enquête. Je dirais même que cela m'a rendu encore plus curieux et encore plus impatient de connaître les dessous de l'affaire.
Parallèlement à l'intrigue elle-même, j'ai eu l'impression que ce récit était mieux conduit que certains autres de la série. Peut-être n'est-ce qu'une impression, nourrie du fait que je connais les différents personnages récurrents, une peu comme si je retrouvais un groupe d'amis ?
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle aventure policière en compagnie de Nicolas Le Floch m'a confirmé dans le bien que je pense de cette série et que j'ai déjà eu l'occasion de dire dans ces billets.

Laissez-vous tenter de lui emboîter le pas dans cette aventure embrumée. Et si elle ne vous plaît pas, vous pourrez toujours venir pester ici contre moi qui vous l'aurai conseillé !

mardi 16 octobre 2007

Lames casanoviennes

Je ne suis pas le dernier à dire que réduire Casanova au libertinage revient à se focaliser sur certains aspects seulement de son existence pour en oublier bien d'autres. Et, s'il y a bien une pratique qui me laisse totalement de marbre, c'est bien la cartomancie (tout comme les autres "arts" divinatoires, soit dit en passant).

Mais, par ailleurs, je suis toujours curieux de belles choses, et notamment de beaux jeux de cartes. C'est donc sans souci que je vais mettre en lumière le tarot casanovien de Mario Pignatiello et Luca Raimondo.



Les illustrations de Luca Raimondo que j'en ai vues sur quelques sites (par exemple celui-ci, celui-là ou encore celui-là - attention, certaines images sont destinées à un public adulte) ne sont pas sans me rappeler le style de Griffo, qui dessine la série de BD Giacomo C dont j'ai déjà parlé.



Il n'est donc pas impossible que je l'achète prochainement, pour compléter ma petite collection casanovienne. Plutôt que de jouer avec, j'essaierai de trouver une façon de présenter quelques cartes sous formes de petits tableaux, peut-être des triptyques.

Quelques autres éléments en italien sur le site de son éditeur Lo Scarabeo et en français sur cette page-là.

dimanche 14 octobre 2007

Géodésie, vous avez dit géodésie ?

Dans ce même numéro n°122 de la revue Antiquité Brocante, d'octobre 2007, un court article est consacré aux instruments de géodésie, c'est-à-dire de mesure de la Terre. Même si je ne suis pas géomètre de métier, mon regard est attiré par ce genre d'objets, surtout en les mettant en perspective avec le XVIIIe siècle, cette période où l'on continue à découvrir des terres inconnues et où l'on décrit, mesure, cartographie les terres déjà connues.

L'article indique que les « signatures » les plus recherchées sont celles d'Etienne Lenoir (1744-1832), Claude Langlois (1720-1758) ou encore Nicolas Bion (1652-1733). En voyant un instrument comme celui-ci, comment ne pas être convaincu, en effet ?



Image : Cercle répétiteur n° IIII, modèle de Borda, Étienne Lenoir, Paris, (optique de Noël Jean Lerebours, Paris), 1791-1792, photo M. Heller, 1995, Inventaire général - ADAGP, Patrimoine Observatoire de Marseille (Musée de l'Observatoire de Marseille) [voir la page de source ]

Prendrez-vous un verre ?

Il est bien rare que j'achète des revues dans ce domaine, mais le n°122 de la revue Antiquité Brocante, d'octobre 2007, a su retenir mon attention, avec sa couverture sur la verrerie du XVIIIe.

Comme je me méfie souvent des couvertures qui promettent et des articles qui ne tiennent pas les promesses, j'ai pris la précaution de feuilleter le magazine avant de l'acheter. L'article n'est peut-être pas fracassant pour un spécialiste du sujet mais, comme je n'en suis pas un, j'ai trouvé qu'il offre une porte d'entrée didactique par son texte et par ses illustrations d'objets très variés de pichets aux lampes en passant par des verres et des loupes de dentelières.

Je ne sais pas si ce premier regard fera de moi un futur acheteur de verrerie du dix-huitième, mais il aura eu le mérite d'éveiller ma curiosité.

samedi 6 octobre 2007

Infidélité mais pas abandon

Certains d'entre vous s'en seront peut-être rendu compte s'ils sont passés par la page présentant mon « profil » : j'ai ouvert un autre carnet de voyage, qui n'est pas dix-huitièmiste, celui-là.

Tandis que mes billets ici sont placés sous l'ombre du tricorne de Giacomo Casanova, mon autre carnet de bord – tout juste naissant – s'écrit dans le sillage de Corto Maltese.
Cet autre voyage ne signifie nullement que je compte abandonner le dix-huitième siècle, et je mènerai de front ces deux aventures dans un même esprit : la curiosité et le partage.

jeudi 4 octobre 2007

Casanova en musique ?

Ma connaissance de la langue de Goethe était quasiment limitée aux quelques mots que j'ai appris dans La grande vadrouille, je suis bien en peine de comprendre un texte allemand.

Aussi, je me tourne vers vous, à la recherche de quelqu'un qui pourrait traduire les grandes lignes de ce qui est raconté, sur cette page-là, à propos de ce disque qui semble mettre en musique des extraits des Mémoires de Casanova.

Toute contribution se verra récompensée par mon immense gratitude. ;-)

mercredi 3 octobre 2007

Un parfum de France en Inde

Il y a des collections de livres avec lesquelles on se sent particulièrement à l'aise, assuré, ouvrage après ouvrage, de la diversité et du sérieux des regards et des plumes. C'est ce que je ressens avec la série Mémoires des éditions Autrement.
J'avais découvert cette série avec le n°5 sur Tolède au XIIIe siècle. Séduit par ce livre, j'avais guetté la sortie des suivants, piochant ici et là selon ma curiosité, Dublin au début du XXe siècle (n°6), Séville XVIe siècle (n°15) ou Venise 1500 (n°22). Mais c'est sur le n°24 que je souhaite donner le coup de projecteur du jour : Pondichéry, 1674-1761, L'échec d'un rêve d'empire, dirigé par Rose Vincent (1993, ISSN 1157-4488).

Pour ceux d'entre vous qui commencent à me connaître au travers de mes billets, vous vous doutez bien que cette lecture ne dessine en rien, de ma part, une sorte de nostalgie colonialiste. Il s'agissait plutôt d'aller plus loin que mes vieux et parcellaires souvenirs d'école, dans lesquels se mêlaient la liste des comptoirs français aux noms chantants, le sort de ce bon Monsieur Dupleix et ces fourbes Anglais qui nous avaient chassé de « nos » Indes.

Ecrit à plusieurs mains, ce livre m'a aidé à appréhender cette partie de l'histoire de France et de l'histoire de l'Inde d'une manière différente. L'ouvrage dresse en effet un portrait non seulement historique mais également humain et sensible de Pondichéry, de la société qui l'habitait et de son style de vie. Il est aussi une occasion de comprendre les jeux politiques menés dans la région, la finesse de manoeuvre de Dupleix et le désintérêt, voire le dédain, porté par Louis XV et la majeure partie de son entourage à ces affaires.

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La patrimoine de Pondichéry est encore très riche, de nos jours, et diverses initiatives existent pour le mettre en valeur et le développer. Vous en trouverez un exemple sur ce site-là.

lundi 1 octobre 2007

Fragonard, les plaisirs d'un siècle

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) n'a pas eu de vulgaires gribouilleurs de toile comme guides de ses premiers pas artistiques : Jean Siméon Chardin, puis l'atelier de François Boucher, avant de franchir les portes de l'école royale dirigée par Carle Van Loo. On connaît des maîtres de pire talent.
Si son Verrou ou ses Hasards heureux de l’escarpolette confinent, dans l'esprit de nombre de nos contemporains (et peut-être des siens), Fragonard aux scènes légères, libertines, voire égrillardes, s'en tenir à cet aspect de son oeuvre serait oublier bien d'autres facettes, comme les scènes religieuses ou familiales.
Le Musée Jacquemart-André inaugure, dans deux jours, l'exposition « Fragonard, Les Plaisirs d'un siècle », qui sera ouverte jusqu'au 13 janvier 2007.



Une initiative qui devrait réjouir les amoureux de ce peintre, et les amoureux d'art en général.

A compléter, en attendant par une visite de l'expo imaginaire sur Fragonard au Louvre.


Voilà qui me donne une bonne raison de penser à une escapade parisienne. :-)