dimanche 29 juillet 2007

Marchons sur la Dordogne !

A défaut d'embarquer pour le grand large sur une frégate, je vais partir quelques jours, pour le Périgord. La Vézère n'est pas l'Ohio, les canoës seront en matière plastique et non en écorce, et il paraît que nous n'avons plus mission de chasser les Anglais des terres du Roy. Ces vacances devraient donc être placées sous le signe du calme et de la décompression.

En attendant de vous retrouver par ici, je vous salue bien bas.

La Fayette, me voilà

Je reconnais que le titre de ce message ne brille pas spécialement par son originalité. Mais c'est un peu ma façon de dire "voilà, je vais enfin m'intéresser à La Fayette d'un peu plus près".
Car, il faut bien le dire, j'ignore à peu près tout de lui, en dehors que quelques éléments superficiels, et notamment sa participation à la Révolution américaine. J'ai bien conscience que ce que j'en sais est parcellaire, et peut-être même inexact.

J'ai donc profité de tomber sur un "petit" livre pour mieux faire connaissance avec Gilbert du Motier, devenu marquis de La Fayette : La Fayette, la passion de la liberté, de René Belin (Timée-Editions, collection Les 50 plus belles histoires, 2007, ISBN 978-2-915586-94-7).
Un livre abondamment illustré, qui n'est pas sans me rappeler le format de ceux publiés dans la collection "Découvertes" chez Gallimard, et qui constitue une porte d'entrée facile vers ce personnage étonnant, qui a traversé régimes et révolutions, en restant fidèle à des principes de liberté.

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Les autres titres de la série "Les 50 plus belles histoires", sur le site de l'éditeur.

samedi 28 juillet 2007

Lagardère ira (presque) à toi

Suite à un commentaire de Veronica sur mon billet à propos du film Le Bossu, je prends ma plume pour dire quelques mots d'une autre adaptation du roman de Paul Féval. Une adaptation pour le petit écran, cette fois : le téléfilm Lagardère. A la réalisation, Henri Helman, et, dans les principaux acteurs, Bruno Wolkowitch (Lagardère), Frédéric Van den Driessche (Nevers), Yvon Back (Gonzague) et Florence Pernel (Inès de Nevers).

Ce téléfilm m'a laissé une impression mitigée. Je dois dire que je ne l'ai vu qu'une fois, lors d'une diffusion télévisuelle, et que je ne l'ai pas en DVD. Mon ressenti n'est donc pas aussi profond que pour des films ou téléfilms que j'ai vus et revus.
La première impression est celle d'une fiction agréable, avec des personnages attachants, tant dans les premiers que dans les seconds rôles. J'aime bien ce Lagardère un tantinet désabusé, jusque dans son regard et sa façon de parler. Et je suis séduit par ce Passepoil campé par Ticky Holgado (je reconnais ma faiblesse pour les accents du Sud !), ou par la gueule sinistre de Christian Heck en Peyrolles. La partie « espagnole » du roman, largement laissée de côté par le film de Philippe de Broca, est ici bien présente. Et l'empreinte du maître d'armes Michel Carliez est sensible. Bref, un téléfilm de cape et d'épée plutôt bon.
Evidemment, les adaptations du roman qui s'étale sur de longues années en un film ou téléfilm d'une heure et demie ou deux, où un même acteur joue Lagardère, voilà qui peut prêter à sourire. Wolkowitch, au début du téléfilm, est censé incarner un jeune homme à peine sorti de l'adolescence ; tout comme l'avaient fait avant lui Jean Marais ou Daniel Auteuil. Mais je suis bon public et me laisse emporter malgré tout par le récit.

Ce qui m'a gêné, en revanche, c'est la façon dont la trame du roman a été détournée, comme si l'équipe de réalisation et/ou de production avait voulu faire souffler le vent dans le sens du « moralement correct ». Certes, le roman nous conte une histoire dont les ressorts peuvent étonner : Lagardère sauve une enfant nouveau-née, puis l'élève comme sa fille, tout en traquant les assassins du père de la fille, et finit par l'épouser une fois qu'elle est adulte. Là où le cinéma était resté fidèle à cette trame, ce téléfilm a choisi de suivre une autre voie : Lagardère sauve la jeune fille, l'élève, la ramène à sa mère et... épouse la mère. Comment qualifier et comprendre ce choix éditorial ? Par la volonté supposée ou avérée de s'en tenir à une histoire plus « morale », que l'on peut regarder en famille sans avoir à se poser de questions sur les relations entre Lagardère et Aurore de Nevers ? Etait-ce une nécessité pour trouver des fonds pour produire le téléfilm ?

Au final, un bon téléfilm, dont la note totale baisse un peu si l'on en vient à se référer à l'abandon de la complexité des relations entre les personnages du roman.

Pour des détails sur le téléfilm, des interviews, etc., n'hésitez pas à consulter le site très intéressant indiqué par Veronica dans son commentaire.

mardi 24 juillet 2007

Ne ratez pas la fête !

Vous envisagez peut-être de passer votre soirée du jeudi 26 juillet devant l'écran de votre télévision. Vous hésitez peut-être entre l'ambiance policière des Experts : Miami et l'ambiance "peplum noir" de Rome (une excellente série, soit dit en passant).

N'hésitez plus. Et ne choisissez ni l'un ni l'autre. Passez donc sur Arte, et régalez vous, avec Que la fête commence, de Bertrand Tavernier (1974). J'évoquais ce film à la fin d'un récent billet. Je n'en discuterai pas en grand détail dans ce billet-ci non plus, préférant prendre le temps d'y consacrer une chronique un peu plus développée.

Mon message du jour se veut simple : ne ratez pas pas Que la fête commence, le jeudi 26 juillet, sur Arte. Intelligent et drôle, acide et libertin, voilà un plat qui se déguste et se redéguste. Noiret, Rochefort, Marielle, voilà un trio que vous ne pouvez fuir.

lundi 23 juillet 2007

Artistes en miniatures

Si j'ai découvert le monde à taille réduite d'abord avec les trains miniatures puis avec des maquettes de bateaux en plastique (sous la double influence, je me souviens, des films Surcouf, le tigre des sept mers et Le Crabe Tambour), je me suis petit à petit intéressé à la figurine, peut-être même un peu plus qu'aux véhicules et décors. D'abord par l'intermédiaire d'un magasin de modèles réduits (aujourd'hui disparu) qui était ma source d'information presque unique ; ensuite, grâce à la revue Figurines, une des références en la matière.

Si quelques périodes historiques (Moyen Age, période napoléonienne, Deuxième guerre mondiale) représentent la très grande majorité des figurines produites, le XVIIIe siècle n'est pas totalement absent du paysage.
Je viendrai donc faire part, ici, de quelques coups de coeur pour de telles figurines, sous divers formats (plats, rondes-bosses, etc.), diverses présentations (entières ou bustes), divers échelles (25mm, 54mm, 90mm, etc. [voir note]).
Ces coups de coeur ne sont pas tous transformés en achats de ma part. Et, lorsque j'en achète, je ne prétends pas les peindre comme un artiste. Aussi, je mettrai en valeur les réalisations de figurinistes de talent plutôt que les miennes. Ce sera plus agréable pour les yeux !

Et, pour ouvrir le ban, voici deux interprétations d'un Mohawk, un buste (échelle 200mm) et une figurine en pied (échelle 54mm), tous deux édités par la firme italienne Pegaso.














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[Note] Les échelles des figurines sont exprimées de deux manières principales :
- soit par le facteur de réduction entre la taille grandeur nature et la taille du modèle réduit. On parle, par exemple, de figurine au 1/32ème, au 1/72ème ;
- soit par la taille de la figurine elle-même, taille généralement mesurée entre les pieds et les yeux, pour s'affranchir des soucis de taille d'un éventuel couvre-chef. On parle alors de figurine de 25mm, de 54mm, de 200mm, pour le système métrique, ou de figurines de 18 pouces, par exemple, dans le système "impérial" anglo-saxon.

A titre indicatif, il y a des correspondances plus ou moins fines entre certaines échelles vues d'une manière ou de l'autre, par exemple entre le 1/72ème et le 25mm, ou entre le 1/35ème ou 1/32ème et le 54mm.

Touchez ma bosse, Monseigneur !

Le roman Le Bossu de Paul Féval est plutôt bon, même s’il a les défauts des qualités de ce genre romanesque feuilleton, à savoir quelques longueurs. L’intrigue rassemble les éléments-clés que l’on peut attendre, le héros de petite naissance mais au grand cœur, le vil usurpateur, son âme damnée exécutrice des basses œuvres, la jeune fille qu’il faut rétablir dans ses droits, la mère éplorée, des princes et des manants. Ajoutons-y les rues de Paris et celle de Madrid, pour faire bonne mesure. Et bien sûr, de fines lames et d’autres plus fines encore. Et, en toile de fond, la Régence, son insouciance et ses spéculations financières.

Mais mon plus grand plaisir, avec le Bossu, est, sans hésitation aucune, son adaptation cinématographique par Philippe de Broca (1997), la meilleure de celles que j'ai vues sur le grand écran. Une fois n’est pas coutume, je ne m'accroche pas aux versions plus anciennes (alors que c’est le contraire pour Les trois mousquetaires).




Ainsi, la version d’André Hunebelle (1960) avec Jean Marais, Bourvil et Jean Le Poulain m’a largement moins enthousiasmé, peut-être parce que je n’arrive pas à croire au jeu de Jean Marais.




Dans la version de Philippe de Broca, il y a, outre d’excellents premiers rôles, une belle galerie de personnages secondaires, des dialogues savoureux, de l’humour qui fait mouche, et des scènes d'escrime cinématographique assez emballantes.

Evidemment, on peut toujours rire du faux nez que se met Lagardère et qui empêche les autres de le reconnaître. Mais c'est pleinement dans l'esprit "feuilleton" du livre. Et puis Zorro se cachait bien derrière un simple loup, lui !
J’ai retrouvé dans ce Bossu une grande partie du charme du Cartouche de ce même Philippe de Broca (1962), film auquel il faudra que je consacre un billet.

Signalons, pour l’anecdote, que Philippe Noiret, qui joue le Régent Philippe d’Orléans, retrouve ici, à 67 ans, le rôle qu’il avait déjà tenue dans l’excellent Que la fête commence, de Bertrand Tavernier, vingt-deux ans plus tôt.


Allez, laissez-vous tenter par cette version pleine de panache !

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Regards sur l'Afrique

J'avais découvert, grâce à la bibliothèque municipale de mon petit coin de France, un livre passionnant, qui m'a ouvert les yeux sur l'histoire d'un continent que je connais très mal, globalement. Un livre que j'ai finalement acheté, pour l'avoir sous la main quand l'envie de le consulter m'en vient.

(Un grand merci, au passage, à ma librairie préférée qui a réussi faire venir ce livre jusqu'à sa boutique, après mille péripéties.)

Avec cette Histoire générale de l'Afrique - Volume V : L'Afrique du XVIe au XVIIIe siècle (édition principale) (Editions de l'UNESCO, Collection Histoire plurielle, ISBN 978-92-3-201711-6), je me sens plus à même d'aborder ces territoires.
Evidemment, la lecture et relecture des Passagers du vent, de Bourgeon, et le visionnage et revisionnage des Caprices d'un fleuve, de Bernard Giraudeau, ne sont pas étrangers à cette curiosité pour l'Afrique occidentale et son histoire tragique au XVIIIe siècle, avec la traite des esclaves.
Mais ce livre d'histoire, particulièrement fourni, m'a titillé sur bien d'autres parties du continent et leurs cultures au XVIIIe siècle.


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Pour de plus amples détails, voir la fiche de ce livre sur le site des éditions de l'Unesco.

N'ont-ils pas honte ?

C'est la question qui m'est immédiatement venue à l'esprit en tombant sur la section internet du Ministère de la Culture intitulée Le siècle des Lumières dans la peinture des musées de France.
Comment un ministère peut-il mettre en ligne des pages aussi graphiquement plates que celles-là ? Mince, le premier venu, avec un tant soit peu de soin et un logiciel basique de création de page internet pourrait faire mieux, sur un coin de table, une main attachée dans le dos.

Est-ce un manque de crédits qui a motivé cette réalisation au ras des pâquerettes ? J'ai de la peine à le croire. Non seulement parce que les ministères savent trouver des crédits autrement plus importants pour des opérations de portée pas toujours opportune, mais aussi parce que je sais que, comme bien d'autres services publics ou d'entreprises privées, ils ne se gênent pas pour recourir à des stagiaires qui peuvent mettre leurs talents à disposition pour trois sous (ou même gracieusement).

Ou bien sont-ce les traces d'un chantier entamé et non achevé ? Un début de bricolage ?

En fait, je crains le pire. Je crains le manque d'intérêt, le travail réalisé par-dessus la jambe, le défaut d'amour-propre. La médiocrité.

Je vais peut-être prendre ma plume et écrire Christine Albanel, ministre de la culture, pour demander que ces pages soient ou bien mises à niveau graphiquement, ou bien retirées du site. Car elles donnent une bien piètre image du pays des Lumières, des arts et de la culture.

Madame le ministre, un petit effort est-il possible ?

L'art de Sèvres

J'ai récemment acheté le roman de Jean-Paul Desprat, Bleu de Sèvres (selon votre format préféré, vous pouvez le trouver chez Seuil, collection Cadre Rouge, 2006, ISBN 2020881519, ou chez Points, collection Grand roman, 2007, ISBN 2757804820).

Je suis bien loin d'en avoir terminé la lecture, mais ce roman m'a pris dans les mailles de ses rets et ne veut plus me lâcher. Le livre tourne autour des secrets de fabrication de la porcelaine à pâte dure, et mêle course scientifique et technique, intrigues politiques, espionnage industriel, rivalités personnelles.

On y croise l'ancienne favorite Madame de Pompadour, le dramaturge Marmontel, le jeune Anselme Masson passionné de minéralogie, Pierre-Antoine Hannong héritier des secrets de sa famille de céramistes, Adélaïde la fille préférée de Louis XV, et bien d'autres individus, plus ou moins connus, et plus ou moins recommandable.

Une lecture qui, pour l'instant, me tient en haleine.

Et à compléter par de très intéressantes conférences données à l'occasion du 250ème anniversaire de la Manufacture royale de Sèvres, à écouter sur le site internet du Centre international d'études pédagogiques.

L'apothicaire fait pschitt ?


Deryn Lake (apprendre que ceci se trouve être le pseudonyme de Dinah Lampitt ne vous avancera peut-être pas plus que moi) a été appelée, d'après son site internet, la Reine du mystère criminel georgien. La reine du roman policier dans l'Angleterre du XVIIIe siècle, en quelque sorte. Les mauvaises langues rétorqueront que compte tenu du fait que peu d'auteurs écrivent des romans utilisant ces décors, accéder au trône de reine n'est peut-être pas si ardu que cela. C'est pourquoi je me méfie toujours de ces appellations un peu ronflantes.
Ce détail mis à part, n'allez pas croire que je voue Deryn Lake aux gémonies. Ni elle, ni ses romans, d'ailleurs.

Car il y a là quelques ouvrages sympathiques, formant une série mettant en scène un apothicaire, John Rawlings (il serait l'inventeur de l'eau gazeuse), résolvant des énigmes criminelles dans l'Angleterre de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, notamment à Londres pour le compte du juge aveugle John Fielding. Rawlings et Fielding sont tous deux des personnages ayant existé, mais leurs apparitions dans ces romans, surtout celles de l'apothicaire, sont fictionnelles. Ce juge Fielding est, pour la petite histoire, le même que celui qui apparaît dans les romans de Bruce Alexander dont j'ai parlé dans un autre billet.

Cela fait relativement longtemps que je connais cette série de romans, pour l'avoir découverte tout d'abord en version originale (au milieu des années 1990), puis en traduction française.
Je ne me souviens plus exactement quel fut le premier titre de la série que j'ai lu. Il me semble qu'il s'agissait de L'apothicaire et l'espion français, à moins que ce ne fût L'apothicaire et la taverne du diable. Quoi qu'il en soit, je me suis laissé aller à en acheter quelques autres de cette série. Et j'ai récemment lu L'apothicaire et le manoir des ombres (Librairie des Champs Elysées, Collection Labyrinthes, 2007, ISBN-13 978-2702433713).

Cette dernière lecture m'a laissé une impression mitigée. Certes, j'étais content de retrouver John Rawlings et le juge Fielding, et les décors de Londres et des campagnes environnantes. Mais je n'ai pas réussi à me laisser prendre à cette intrigue aux mobiles un peu trop tirés par les cheveux à mon goût, avec sa succession de morts et de fausses-pistes-faux-coupables. Surtout que mon intuition m'avait conduit à deviner qui était très probablement coupable. C'est donc plutôt en traînant les pieds que j'ai suivi les chemins sur lesquels me conduisait la plume de Deryn Lake. Ceci m'a confirmé dans mon ressenti général de cette série, dont la qualité des intrigues est inégale, et le suspense plus ou moins soutenu. L'apothicaire et l'espion français est, à mes yeux, le moins bon des romans de cette série parmi ceux que j'ai lus.

Si vous ne connaissez pas encore cette série, évitez donc de commencer par ce Manoir des ombres, qui risquerait de vous décevoir au point de vous détourner d'autres titres tout de même plus savoureux.


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Je ne sais pas trop ce que valent les romans de Deryn Lake hors de cette série. Elle a notamment écrit d'autres romans ancrés dans le XVIIIe siècle (comme The Governor's Ladies qui se passe à Boston en 1775).

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Venise... suites

C'est avec les BD de la série Giacomo C, de Griffo et Dufaux, que j'ai fait mes premiers pas dans la Venise du Settecento, et je suis tout particulièrement attaché à cette série, tant par son graphisme que par ses personnages ou le ton des récits.

Une autre série de BD est née, si j'ose dire, dans les palais et canaux de la Sérénissime : Les suites vénitiennes, de Warnauts et Raives (chez Casterman), qui compte à ce jour 9 tomes et dont le premier est paru en 1996.
Ici aussi, intrigues personnelles et grenouillages politiques sont de mise, et la série est centrée sur les affrontement entre le fils naturel d'un sénateur, Alessandro Beltrame, et une dangereuse intrigante, Dorina Tron. Deux séducteurs, chacun à sa manière, mais l'une est d'ombre quand l'autre est de lumière.

Difficile pour moi, qui suis friand de Giacomo C., de ne pas lire Les suites vénitiennes en ayant l'œuvre de Dufaux et Griffo en tête. C'est donc souvent par comparaison que j'essaie de commenter mon ressenti de la série de Warnauts et Raives.

En premier lieu dans le graphisme. C'est en effet ce point-là qui, plus que tout le reste, fait qu'une BD me séduit ou pas. Réaction épidermique s'il en est, je suis incapable de me plonger dans l'histoire racontée par une BD si le dessin me hérisse le poil, quelles que soient les autres qualités du récit. Dans les Suites vénitiennes, mon goût est parfois assouvi, parfois malmené. Le dessin est de facture plutôt classique (ce qui me convient), et je me plais à retrouver, ici et là, des clins d'œil plus ou moins appuyés à des tableaux de Canaletto, Guardi ou Longhi. Mais deux aspects me font parfois grincer des dents :
- l'utilisation de hachures denses pour figurer la pluie a le mérite de donner une sorte de pesanteur sombre à l'image, mais cela en devient trop haché, au point de me faire penser à un dessin raté ;
- les visages des personnages manquent parfois d'expression, ou donnent l'impression d'être faux.

Les décors sont plus variés dans les Suites vénitiennes que dans Giacomo C., puisque les aventures de Beltrame l'emportent bien loin de Venise, jusqu'au Sénégal ou aux Antilles. Pour le coup, on penche un peu du côté des Passagers du vent, de François Bourgeon.

Les Suites vénitiennes sont également empreintes d'une touche de surnaturel. On aime ou on n'aime pas. Pour ma part, j'ai eu un peu de mal à m'y faire - mon côté un peu trop cartésien, sûrement - mais je m'y suis finalement laissé prendre.

Mais, dans l'ensemble, c'est une série très agréable, et je serais bien ingrat de bouder mon plaisir, d'autant que les BD qui nous entraînent dans Venise au XVIIIe siècle ne sont pas légion.


Pour plus de détails, reportez-vous à la fiche de la série sur le site de la Bedetheque.

mardi 10 juillet 2007

Nouvelles du front

Je vous ai un peu délaissés ces derniers temps, chères lectrices et chers lecteurs. Non que je vous aie abandonnés, mais des impératifs personnels et professionnels m'ont un peu éloigné de ce lieu.

Je reviendrai sans trop tarder, avec quelques commentaires sur des lectures dix-huitièmistes en cours (un roman policier de Deryn Lake et un ouvrage sur Lafayette), et ma prochaine séance de "cinéma à la maison" avec le film de Tom Tykwer adapté du roman Le parfum de Patrick Süskind.

jeudi 5 juillet 2007

Madame de P. et les arts

Il y a plus de cinq ans, la revue L'objet d'art avait publié un hors série, Dossier de l'art n°83, intitulé Madame de Pompadour et les arts. En quelque sorte, et en quatre-vingt-deux pages, un « petit catalogue » de l'exposition qui avait eu lieu au château de Versailles.

Ce dossier nous fait découvrir les goûts et l'influence de Madame de Pompadour, au-delà de l'image plutôt simpliste que nous en avons parfois, que ce soit celle d'une collectionneuse avide, ou celle de marraine du rococo. Ce dossier nous la dévoile également dotée de goûts fort éclectiques, fascinée par l'Orient, ouverte aux influences du néo-classicisme, jouant des arts comme d'armes politiques en commandant les portraits du roi et de sa famille, construisant sa propre honorabilité aux travers de portraits d'elle-même.

Ébénistes, laqueurs, sculpteurs, peintres, céramistes, nombre d'artistes sont conviés dans l'exposition et donc dans ce Dossier de l'art, nous offrant le reflet des sommets de ce temps-là.