dimanche 31 janvier 2010

Giacomo plus choquant que Donatien ?

 
J'ai été étonné par la lecture d'un article publié par « Camille » sur le site Rue89, article sur lequel je suis tombé en fouillant le net à la recherche de traces de Casanova, comme j'aime à le faire de temps en temps.
Aux dires de l'auteur de l'article, les participants au Festival de la correspondance de Grignan (14e édition, du 1er 5 juillet 2009), auraient été plus bousculés par la lecture de mémoires de Casanova que par la lecture de textes de Donatien Alphonse François de Sade. Ayant lu beaucoup de textes du premier et moins de texte du second, je serais bien en peine de prétendre que Casanova m'a moins choqué que Sade. Ils n'ont eu ni la même vie ni les mêmes motivations à écrire. Là où Casanova tissait un récit un peu picaresque, où il ne manquait pas de se donner le beau rôle même quand ce rôle ne l'était pas, Sade écrivait pour choquer, pour secouer la société.

Photo publiée sur le site du Festival de la correspondance de Grignan



Casanova en est-il plus choquant parce que sa plume écrit le bonheur dans un libertinage dont le « libertinage » d'aujourd'hui, souvent réduit à la seule dimension physique de l'échangisme, n'est qu'un triste ersatz ?

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Extraits du programme de l'édition 2009 du Festival :

  • UNE NUIT AVEC CASANOVA. Adaptation libre de Pierre TRE-HARDY, Mise en lecture de Didier LONG, Avec Sarah BIASINI, Fanny VALETTE et Michel VUILLERMOZ. Impossible d’inventer débauche plus débridée, plus érotique et plus amoureuse que celle qui attendait Casanova à Venise, dans les bras des deux plus belles nonnes du couvent de Murano, Caterina et Marina. Il est des vies, des amours et des hommes que la réalité sublime. Casanova est de ceux-là. Il fut l’homme des extrêmes : ami des plus grands, exerçant tous les métiers, prisonnier évadé de la redoutable « prison des plombs », infiniment aimé de toutes les femmes... Cet homme est l’un des rares à avoir osé vivre sa vie. Cependant, l’histoire a oublié un infime détail, minuscule grain de sable dans les délicieux rouages du libertinage : Giacomo Casanova a aimé. « Une nuit avec Casanova » de Pierre Tre-Hardy est édité dans la Collection Scènes Intempestives à Grignan, TriArtis, 2009. Source :« Histoire de ma vie » de Giacomo Casanova, Editions Robert Laffont, 1993.

  • SADE, FUITE EN ITALIE. Adaptation libre de Gérald STEHR. Mise en lecture Ladislas CHOLLAT. Avec Chloé LAMBERT, Daniel SAN PEDRO et Nicolas VAUDE. En 1772, Sade, après une affaire de débauche, fuit en Italie en compagnie de sa « très jolie » belle-soeur. Durant sa fuite, il est condamné à mort par contumace. Cette « relation incestueuse» provoque la colère de sa belle-mère très influente qui le fera arrêter à son retour, il s’évade l’année suivante, puis est réincarcéré. Il s'évade et fuit de nouveau en Italie pour un séjour de près d’un an. Sa belle-mère, Madame de Montreuil finit par obtenir contre son gendre une lettre de cachet. Dès lors, Sade ne connaîtra plus guère jusqu’à sa mort, la liberté, sinon dans l’écriture. « Il offre sur l’Italie un témoignage de grand seigneur, libertin et philosophe, d’une mauvaise foi piquante ». « Sade, fuite en Italie» de Gérald Stehr est édité dans la collection Scènes Intempestives à Grignan TriArtis, 2009. Sources : « Je jure au marquis de Sade, mon amant, de n’être jamais qu’à lui » de Maurice Lever, Editions Fayard, 2005, « Anne-Prospère de Launay » de Sade, Editions Gallimard 2003, « Sade - oeuvres complètes », Editions Tête des Feuilles 1973.


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Filmer le XVIIIe siècle


Dans le forum La Folie XVIIIe où je traîne souvent mes guêtres, un message avait attiré mon attention sur le livre Filmer le 18e siècle, sous la direction de Laurence Schifano et Martial Poirson (éditions Desjonquères, 2009, 9782843211188).


La présentation de l'ouvrage par l'éditeur, en quatrième de couverture, m'avait donné envie d'en savoir plus :
Véhicule privilégié des voyages dans le temps, le cinéma semble avoir vocation à réveiller les fantômes du passé, à leur redonner présence et vie.
L'histoire du XVIIIème siècle, les puissantes ou séduisantes mythologies des Lumières, ont exercé sur les cinéastes une fascination assez forte pour les inspirer sous toutes les latitudes et à toutes les époques. En renouant avec la sensualité, la théâtralité, la liberté de ton et de pensée du XVIIIème siècle, le cinéma se réapproprie cet héritage. Dans les films évoqués - ceux d'Eric Rohmer, d'Abdellatif Kechiche, de Milos Forman, de Sofia Coppola parmi bien d'autres - le spectateur voit, entend, respire un "air" XVIIIème siècle. Un dialogue créatif s'instaure ainsi entre le siècle des Lumières et le nôtre.

Sont ici réunis des chercheurs spécialisés dans les domaines des arts du spectacle et de l'image comme de la littérature et des créateurs qui ont fait du XVIIIème siècle un pôle majeur de leur travail : Chantal Thomas, Jérôme Prieur, Karol Beffa, Marie-Dominique Montel, Jess Franco.

A la lecture de cette présentation, je m'étais laissé aller à croire que l'ouvrage était une sorte de filmographie thématique, et je m'étais donc demandé quels étaient les films des réalisateurs cités dans la présentation que l'on retrouvait dans le livre :
Pour Éric Rohmer, j'avais pensé aux Cabinets de physique au XVIIIème siècle (mais une forumiste de la Folie m'a corrigé, en m'indiquant que le livre abordait L'Anglaise et le duc, son film sur la Révolution française). Pour Milos Forman, Amadeus et Valmont me semblaient être à peu près incontournables, et peut-être Les fantômes de Goya. Sofia Coppola ne pouvait y être que pour sa Marie-Antoinette. Quant à Abdellatif Kechiche, je pensais à L'esquive, qui tourne autour de répétitions, par des « jeunes de banlieue » (veuillez excuser ce raccourci peu délicat), d'une pièce de Marivaux.
Mais, comme je l'écrivais dans le forum de la Folie, à part Milos Forman, ce n'était pas les premiers noms qui me viennent à l'esprit en pensant à « filmer le 18e siècle ».

Il me restait donc à acheter ce livre pour en savoir plus.

Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Et pas tout à fait aussitôt lu, car d'autres livres attendaient déjà que je m'y plonge.
Je suis finalement entré dans la lecture de ce livre. Autant le dire tout de suite, ce n'est pas une filmographie, pas une collection de critiques de tel ou tel film, mais le regroupement de travaux universitaires tournant autour de la façon dont le cinéma a représenté le XVIIIe siècle. C'est donc largement moins facile à aborder qu'un livre thématique-filmographique du genre "Le film noir" ou "Le western". Comme je n'ai pas une culture cinéphile aussi développée que les auteurs, et que je n'ai pas non plus une formation dans les métiers de l'image, je dois reconnaître qu'il y a des moments où je me sens un peu largué (je me dis aussi qu'il y a des effets de langage des auteurs qui confinent au verbiage, mais c'est mon côté acide qui parle, là).

Bref, un livre intéressant mais qui demande à se creuser la cervelle, et à disposer d'autres ouvrages pour comprendre soit des références, soit les notions mêmes employées dans certains chapitres. Il me faudra donc aller fouiller ailleurs, apprendre d'autres choses, et revenir vers ce livre-ci pour en profiter plus amplement que dans cette première lecture.

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mardi 5 janvier 2010

Federico, Milo et Giacomo



Milo Manara est un des dessinateurs dont le trait me ravit. Je le trouve précis, vivant. Mais j'ai deux reproches à lui faire : je n'arrive que très rarement à accrocher aux histoires qu'il raconte (une exception notable est Quatre doigts, l'homme de papier), et je trouve qu'il tombe trop souvent et facilement dans la pornographie. Non que je sois prude au point de fuir en courant quand il dessine une femme nue (ce qu'il fait remarquablement bien), mais parce que ce n'est pas le genre de récit que je préfère.

J'invite donc Milo Manara dans mes salons non pour qu'il les peuple de femmes léger et court vêtues, mais parce qu'il a invité, dans son univers artistique, ce personnage sous l'égide duquel j'ai placé mes salons : Giacomo Casanova.

Un de ses dessins au moins a été réalisé en clin d'œil à Federico Fellini et à son Il Casanova, dont j'ai déjà parlé par ici (tirage de 599 exemplaires numérotés).




Et une série de 14 dessins ont été rassemblés dans un port-folio publié en 2000 par les éditions BFB, en tirage limité à 480 exemplaires dont 30 exemplaires hors commerce.
Et si certains de ces dessins sont « galants », la majorité d'entre eux peut être mise sous tous les yeux, et font écho à divers épisodes de la vie de Casanova, comme son évasion de la prison des Plombs, son passé de « confident » du Conseil des Dix déposant ses lettres de dénonciation dans  les « bouches de lion », ou encore sa mort à Dux, loin de sa chère Venise.




J'ai pu feuilleter un exemplaire de ce port-folio, et il n'est pas impossible que j'essaie de m'en porter acquéreur.

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lundi 4 janvier 2010

Cartouche : poudre mouillée



Au lieu de faire « boum ! », la poudre du Cartouche de Henri Helman, diffusé les 22 et 23 décembre dernier sur France 2, a fait « pssssshhhht... » à mes oreilles.

La filmographie du réalisateur de ce téléfilm, Henri Helman, m'avait incité à ne pas trop bondir de joie par avance. Certes, il a réalisé le téléfilm à peu près honorable Lagardère avec Bruno Wolkowitch (j'en ai dit quelques mots dans ce billet-là), mais en voyant qu'il avait à son actif des épisodes de Joséphine, ange gardien ou des Cordier, juge et flic, je m'accordais le droit à quelques doutes, comme je le disais précédemment. Sans compter que je n'avais pas le souvenir d'un film ou téléfilm où Frédéric Diefenthal m'eût marqué comme grand acteur...





Cependant, voulant juger sur pièce, j'étais devant ma télévision le 22 décembre au soir, devant le premier épisode de ce nouveau Cartouche. Pour le dire vite, je n'ai pas été convaincu par le premier épisode : dialogues manquant parfois de naturel, action parfois traînante, quelques détails peu crédibles. C'est donc à reculons que j'ai regardé le deuxième épisode. Ou, plutôt, que j'ai commencé à le regarder, car je n'ai pas réussi à tenir jusqu'au bout.

Soit je suis devenu trop exigeant, soit la fiction historique française a encore pas mal de progrès à faire.


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Pour que vous n'alliez pas croire que je me prosterne aveuglément devant la fiction historique anglo-saxonne alors que je vilipende la fiction historique française, je m'échappe du dix-huitième siècle pour gagner le Moyen Âge et dire que j'ai été atterré devant l'indigence de l'épisode dont j'ai vu quelques bouts aujourd'hui, sur France 4, de la série britannique Robin Hood / Robin des Bois, de Dominic Minghella et Foz Allan. Manifestement, les Britanniques ont eu aussi leur(s) Josée Dayan. Absence de rythme, dialogues à bâiller, costumes probablement empruntés pour partie au tournage d'un nanard « heroic fantasy » diffusé sur NRJ12 et pour partie à un reportage sur « les jeunes en capuche dans une banlieue près de chez vous » (sans blague, on voit même les coutures faites à la machine !), armes et armures en plastique de foire, sans parler de l'architecture Tudor pour des aventures censées se passer fin XIIe siècle. Pa-thé-ti-que.

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dimanche 3 janvier 2010

Encore une île



Ce ne sont pas les éditions qui manquent pour L'île au trésor de Robert Louis Stevenson. J'en ai déjà plusieurs, mais cela ne m'empêche pas de me tourner vers d'autres éditions que je trouve intéressantes.





Ma découverte la plus récente dans ce domaine est une édition de ce roman parue pour la Librairie Delagrave (Paris) en 1939, un grand in-4°, en reliure de toile bleue, avec un premier plat illustré d'un en noir, blanc et doré.




Son originalité ? Être illustrée de 50 photographies tirées du film L'île au trésor de Victor Fleming (1934, Metro Goldwin Meyer).



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