mercredi 28 janvier 2009

Parenthèse d'autopromotion


Après être resté longtemps comme un chantier abandonné sitôt les premiers coups de pioche donnés, le club Série noire vient enfin d'ouvrir ses portes au public.

Il ne sera concurrent ni des salons de Monsieur de C, ni du carré de la goélette cortomaltesienne.

Ce sera un espace d'un autre genre, aux fauteuils de cuir et à l'ambiance tamisée, où l'on viendra se raconter d'horrifiques histoires de criminels et de justiciers, de femmes fatales et de détectives au menton carré.




Messieurs et dames y sont les bienvenus, et personne n'est obligé de déposer ses armes à l'entrée. Une seule règle s'applique : on n'y tire pas sur le pianiste.

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lundi 26 janvier 2009

Un trésor de pacotille


Ayant bien apprécié Les ogres du Gange de Philippe Cavalier, c'est avec un a priori plutôt positif que j'abordais son premier roman de la série naissante Le marquis d'Orgèves : Le trésor des fils de France, tome 1 (éditions Anne Carriere, 2008, ISBN 978-2843374999).

Mal m'en a pris. Je reviens franchement déçu de ce voyage aventureux.

Certes, il y a dans ce roman tous les ingrédients des feuilletons de cape et d'épée. Des héros fins bretteurs, des adversaires machiavéliques, des femmes fatales ou en détresse, des coups d'épée et des coups de pistolets, des tavernes dangereuses et des palais qui ne le sont pas moins, des chevauchées endiablées, des échappées en carrosse ou en bateau.

Mais le roman en lui-même m'a promené entre ennui et mauvaise humeur.

Je n'ai rien trouvé pour m'accrocher à ce héros, ni pour le détester comme on peut en arriver à détester le personnage de Barry Lyndon. Ce marquis d'Orgèves est à la fois trop niais et trop calculateur pour que cela donne un personnage entier, intéressant.
Quant au récit, il m'a souvent conduit à bâiller. D'abord parce que les « grands secrets » partagés par une douzaine de personnages et transmis de génération en génération pendant des siècles sans que rien ou presque n'en filtre jamais sauf au moment du roman, je n'arrive plus à être assez crédule pour qu'une telle idée me transporte de plaisir à la lecture. J'ai l'impression d'avoir lu cela mille et une fois, et le « grand secret » que nous propose ici Philippe Cavalier arrive à jouer le tour de force d'être à la fois improbable et insipide.

Ensuite parce que le roman est tristement répétitif. Le héros identifie un de ses adversaires, l'approche, le trompe ou le torture, s'empare de son bout de secret, et doit s'enfuir parce qu'il n'a pas fait tout ça discrètement. Et il recommence au chapitre suivant. Et quand il n'est pas en train de ferrailler contre des fines lames qu'il arrive tout de même à vaincre, il trousse chambrières et nobles dames, jusqu'à l'impératrice de Russie. Sous la plume de Philippe Cavalier, le marquis d'Orgèves ne trousse pas, il « fout ». Au long du livre, il fout et refout, tant et si bien qu'à la fin, c'est moi qui m'en contrefous.

Le XVIIIe siècle de cape et d'épée vu par Philippe Cavalier, c'est un mauvais cocktail de Casanova, Fanfan la Tulipe et Donatien de Sade, c'est SAS en perruque poudrée.

Des œuvres de fiction mieux tissées que celle-là, j'en ai lu et vu plus d'une, dont j'ai déjà fait l'écho dans ces billets. Et d'autres billets me restent à écrire sur des romans ou des films de bien meilleure facture, lus ou à lire, vus ou à voir. Mais parmi ces romans à lire, il n'y aura certainement pas le tome 2 de cette saga.

Les fans de ce roman pourront m'agonir de mots peu tendres dans les commentaires de ce billet ou par courrier électronique. Je ne censure jamais les avis contraires aux miens, mes billets étant un espace où je privilégie la sincérité jusque dans sa subjectivité assumée.
(Les fans de SAS et de Gérard de Villiers peuvent aussi participer à la bagarre, mais je ne suis pas sûr qu'ils soient assidus de mes billets.)

Pour les plus vindicatifs, rendez-vous dans le pré, au petit matin. N'oubliez pas de vous faire accompagner de vos témoins.


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Je n'aurais pas l'outrecuidance de relever, ici, la liste d'erreurs, plus ou moins vénielles, présentes dans le roman, le plus souvent sur des aspects techniques des armes à feu ou sur la dénomination de certaines armes. Les spécialistes les relèveront d'eux-mêmes, les profanes glisseront dessus sans s'en rendre compte.

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dimanche 25 janvier 2009

Un grand Monsieur


Voici quelques semaines, j'attirais votre attention sur la sortie future d'une bande dessinée consacrée à un aventurier des Lumières, Saint-Germain, de Thierry Gloris (dessin) et J.-F. Bergeron (scénario) (éditions Glénat, 2009, ISBN 978-2-7234-6263-1). Aussitôt sorti cet album, je me suis rué vers ma librairie de BD préférée, l'ai acheté et me suis plongé dans sa lecture. Et ma réaction a été immédiate et sans appel :

RE-MAR-QUA-BLE !


Oui, un album remarquable.

D'abord par son aspect visuel, le premier qui me touche en BD. Un dessin fort bien maîtrisé, des cadrages dynamiques sans que la mise en page ne soit un casse-tête, une mise en couleurs riche, chatoyante, des personnages savoureux, de Saint-Germain à Louis XV, du maréchal de Saxe aux coupe-jarrets.

Puis par son langage. Peu de BD m'avaient régalé d'une telle langue, riche sans être ampoulée, jonglant de l'ironie à la séduction, revenant parfois à l'humour de la trivialité, intégrée au récit et non plaquée dessus. Un peu de la même cuvée que De cape et de crocs, d'Ayrolles et Masbou.

Enfin par le récit lui-même. Difficile d'en dire beaucoup sans dévoiler l'histoire. Qu'il me soit néanmoins permis de dire que les deux artistes, au dessin et au scénario, se sont appropriés cet étonnant personnage, pour le plonger dans une aventure alchimique et de cape et d'épée aux nombreux ressorts, dont les fils sont tirés par d'étonnants marionnettistes.

Cette année bd-esque 2009 commence, pour mon univers dix-huitièmiste, par une pièce superbe.

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Des voeux de Lumières


Des travaux d'écriture m'ont quelque peu éloigné des salons de Monsieur de C. J'espère que mon hôte et ses autres invités n'en prendront pas ombrage, même si je leur dit que ces travaux d'écriture m'ont amené à me plonger dans un autre siècle que celui des Lumières, la période troublée des guerres de religion qui ont déchiré le royaume de France.

Me voici toutefois de retour ici, reprenant la plume à une date à laquelle, selon les usages communément admis, il est encore temps de présenter ses vœux. Recevez donc les miens, aimables lectrices et fidèles lecteurs, quel que soit le calendrier auquel vous vous reportez pour compter ces années.



Pour ma part, si je n'ai qu'un seul souhait à émettre, ce sera celui que les Lumières puissent, aujourd'hui encore et demain tout autant, chasser les obscurantismes et ouvrir la voie de la liberté des esprits.

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