lundi 26 janvier 2009

Un trésor de pacotille


Ayant bien apprécié Les ogres du Gange de Philippe Cavalier, c'est avec un a priori plutôt positif que j'abordais son premier roman de la série naissante Le marquis d'Orgèves : Le trésor des fils de France, tome 1 (éditions Anne Carriere, 2008, ISBN 978-2843374999).

Mal m'en a pris. Je reviens franchement déçu de ce voyage aventureux.

Certes, il y a dans ce roman tous les ingrédients des feuilletons de cape et d'épée. Des héros fins bretteurs, des adversaires machiavéliques, des femmes fatales ou en détresse, des coups d'épée et des coups de pistolets, des tavernes dangereuses et des palais qui ne le sont pas moins, des chevauchées endiablées, des échappées en carrosse ou en bateau.

Mais le roman en lui-même m'a promené entre ennui et mauvaise humeur.

Je n'ai rien trouvé pour m'accrocher à ce héros, ni pour le détester comme on peut en arriver à détester le personnage de Barry Lyndon. Ce marquis d'Orgèves est à la fois trop niais et trop calculateur pour que cela donne un personnage entier, intéressant.
Quant au récit, il m'a souvent conduit à bâiller. D'abord parce que les « grands secrets » partagés par une douzaine de personnages et transmis de génération en génération pendant des siècles sans que rien ou presque n'en filtre jamais sauf au moment du roman, je n'arrive plus à être assez crédule pour qu'une telle idée me transporte de plaisir à la lecture. J'ai l'impression d'avoir lu cela mille et une fois, et le « grand secret » que nous propose ici Philippe Cavalier arrive à jouer le tour de force d'être à la fois improbable et insipide.

Ensuite parce que le roman est tristement répétitif. Le héros identifie un de ses adversaires, l'approche, le trompe ou le torture, s'empare de son bout de secret, et doit s'enfuir parce qu'il n'a pas fait tout ça discrètement. Et il recommence au chapitre suivant. Et quand il n'est pas en train de ferrailler contre des fines lames qu'il arrive tout de même à vaincre, il trousse chambrières et nobles dames, jusqu'à l'impératrice de Russie. Sous la plume de Philippe Cavalier, le marquis d'Orgèves ne trousse pas, il « fout ». Au long du livre, il fout et refout, tant et si bien qu'à la fin, c'est moi qui m'en contrefous.

Le XVIIIe siècle de cape et d'épée vu par Philippe Cavalier, c'est un mauvais cocktail de Casanova, Fanfan la Tulipe et Donatien de Sade, c'est SAS en perruque poudrée.

Des œuvres de fiction mieux tissées que celle-là, j'en ai lu et vu plus d'une, dont j'ai déjà fait l'écho dans ces billets. Et d'autres billets me restent à écrire sur des romans ou des films de bien meilleure facture, lus ou à lire, vus ou à voir. Mais parmi ces romans à lire, il n'y aura certainement pas le tome 2 de cette saga.

Les fans de ce roman pourront m'agonir de mots peu tendres dans les commentaires de ce billet ou par courrier électronique. Je ne censure jamais les avis contraires aux miens, mes billets étant un espace où je privilégie la sincérité jusque dans sa subjectivité assumée.
(Les fans de SAS et de Gérard de Villiers peuvent aussi participer à la bagarre, mais je ne suis pas sûr qu'ils soient assidus de mes billets.)

Pour les plus vindicatifs, rendez-vous dans le pré, au petit matin. N'oubliez pas de vous faire accompagner de vos témoins.


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Je n'aurais pas l'outrecuidance de relever, ici, la liste d'erreurs, plus ou moins vénielles, présentes dans le roman, le plus souvent sur des aspects techniques des armes à feu ou sur la dénomination de certaines armes. Les spécialistes les relèveront d'eux-mêmes, les profanes glisseront dessus sans s'en rendre compte.

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