mardi 23 février 2010

Milo et Wolfgang Amadeus


Dans le cadre du projet Mozart Ways, à l'occasion du 250e anniversaire de la naissance de Mozart, la collaboration entre Milo Manara (dont j'ai déjà dit à quel point j'apprécie l'art pictural, à défaut de toujours apprécier ses talents de conteur), du professeur Rudolph Angermueller, secrétaire général de l'Internationale Stiftung Mozarteum de Salzbourg, et des éditions Leopoldo Bloom Editore, a donné naissance au livre Péntiti! (2005, ISBN 88-89350-00-8), autour de la trilogie de Mozart et de son librettiste Carlo da Ponte : Don Giovanni, Così fan tutte et Le nozze di Figaro.

En illustrations en couleurs ou simplement au trait, Manara fait revivre des scènes de théâtre ou de vie quotidienne, glissant parfois vers l'image licencieuse, mais sans en faire trop dans ce registre.


J'apprécie tout particulièrement l'image de Mozart composant ce que l'on peut penser être sa dernière œuvre, son Requiem qu'il n'achèvera pas. Sous le regard de l'écho du Commandeur qui s'est vengé de Don Giovanni ?



L'ouvrage n'est pas impossible à trouver, en passant par des librairies étrangères en ligne, par exemple. À moins que vous ne mettiez la main sur un exemplaire chez un bouquiniste ou auprès d'un particulier qui décide de se séparer de son exemplaire. Qui sait, vous aurez peut-être autant de chance que moi !

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  • Pour quelques détails supplémentaires, en italien, consultez cette page-là.

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lundi 22 février 2010

Brabant, avant Frears et Forman

 
Le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, a connu plusieurs adaptations cinématographiques. J'ai déjà évoquées deux d'entre elles dans un billet, celle de Stephen Frears avec Les liaisons dangereuses, et celle de Milos Forman avec Valmont.
Je ne connaissais pas l'existence de l'adaptation télévisuelle par Charles Brabant, jusqu'à en découvrir très récemment le DVD dans les rayons du disquaire indépendant où je m'approvisionne souvent. J'en ai fait l'achat sans me renseigner plus avant sur cette œuvre.

J'ai donc découvert ce téléfilm sans aucun préjugé. Et cela a été une très intéressante découverte. Le film n'est pas une mise en images du roman, comme tentait de l'être la version de Stephen Frears, pas plus qu'elle n'est la mise en images d'un souvenir de lecture (souvenir bien éloigné du roman, soit dit en passant), comme l'a été la version de Milos Forman. Ici, Charles Brabant nous livre une œuvre où se mêle la vie de l'auteur et sa propre œuvre. Dans sa cellule de prison, où il a été enfermé en 1793 pour ses positions orléanistes, Choderlos de Laclos est aux prises avec son imagination. Est-ce sa façon de s'évader hors de ses murs, ou bien veut-il se justifier devant les personnages qu'il a pris dans les rets de ses Liaisons dangereuses ? Dans ce huis-clos dont les frontières ne sont que celles de l'esprit de Laclos, l'auteur discute avec ses anciennes relations réelle et ses personnages imaginaire, plus particulièrement avec Madame la marquise de Merteuil, que ronge la petite vérole.
Ces Liaisons dangereuses ne doivent pas être réduites, comme cela a été le cas dans certaines adaptations, à ce chassé-croisé de pouvoir, de désir, d'amour, mais qu'elles sont bien le portrait au vitriol d'une société au bord de l'explosion.

« Je crois que l'œuvre de Laclos est révolutionnaire en elle-même. Si l'on se reporte au XVIIIe siècle, sachant que quelques années après la publication des « Liaisons dangereuses », on va avoir le « Don Juan » de Mozart, on voit que la Révolution existe, qu'elle occupe les esprits et se répand petit à petit à travers l'époque. Le libertinage qui reflète la fin de l'aristocratie c'est aussi l'esprit de contestation. Parce qu'il s'oppose à la rigueur religieuse. Il la nie même, et derrière lui il apporte l'athéisme. À partir du moment où tout est permis et où la règle est transgressée, Dieu est mort. Par conséquent, cette œuvre est révolutionnaire dans son essence. Elle a un autre aspect révolutionnaire. C'est une œuvre qui met la femme en valeur considérablement. Au fond, l'auteur, c'est la marquise de Merteuil. » (Charles Brabant).

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dimanche 21 février 2010

Cinéma et XVIIIe siècle : une base de données



Dans les notes de leur chapitre « Les représentations du dix-huitième siècle à l'écran : une filmographie impossible » de l'ouvrage collectif Filmer le 18ème siècle que j'ai évoqué précédemment, Xavier Bittar et Martial Poirson signalent l'existence d'une base de données filmographique, le Kinématoscope, hébergée et alimentée par l'Institut des sciences de l'homme (CNRS / ENS-LSH / Université Lumière Lyon 2).




Un peu aride dans sa présentation - comme beaucoup de bases de données, je le concède – ce site offre aux chercheurs, aux enseignants et aux curieux une une base de données sur les adaptations cinématographiques d'œuvres littéraires (XVIIIe et XIXe siècles) et sur les formes de représentation du XVIIIe siècle à l'écran.

Une porte d'entrée discrète mais à ne pas négliger, en complément de la base de données cinématographique plus généraliste et plus connue IMDB.

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Malheur des uns, bonheur des autres



Je ne suis pas vraiment du genre vautour, à me repaître des dépouilles des autres. Mais c'est pourtant parce qu'il est arrivé malheur à quelqu'un que j'ai pu acheter un grand nombre d'ouvrages des éditions Osprey sur le XVIIIe siècle, complétant la collection de ceux que je possédais déjà. Je connaissais bien la personne qui les possédait, avec qui je partageais cette passion dix-huitiémiste, et c'est en quelque sorte dans un esprit de transmission que j'ai acquis sa collection auprès de ses proches.

C'est donc en pensant à lui que je présenterai ces ouvrages dans des billets à venir.

jeudi 18 février 2010

Casanova (enfin !) à la BnF


L
a Bibliothèque nationale de France a fait l'acquisition du manuscrit d'Histoire de ma vie, les mémoires de Giacomo Casanova, grâce à l'apport d'un mécène souhaitant rester anonyme (je précise, à toutes fins utiles, que ce n'est pas moi !).
Le manuscrit sera dévoilé à l'occasion d'une exposition à l'automne 2011. Vous comprendrez facilement que l'impatience monte déjà en moi à ce sujet.




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Communiqué de presse du Ministère de la culture

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, a signé jeudi 18 février 2010 avec le représentant de la famille propriétaire le contrat d’acquisition d’un ensemble exceptionnel de manuscrits de Giacomo Casanova (1725-1798) pour la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Histoire de ma vie, le manuscrit des mémoires de l’auteur, constitue le cœur de cet ensemble de manuscrits. Ce monument de la langue française est un témoignage émouvant, une fresque vivante et haute en couleurs des aventures du génial mémorialiste. Si Casanova a publié dès 1780 des récits autobiographiques, le début de la rédaction d’Histoire de ma vie se situe vraisemblablement en 1789. La première version a été rédigée en quatre ans et s’étend de sa naissance à 1774. Pour répondre à la demande du Prince de Ligne, qui souhaitait lire ces mémoires, Casanova s’est livré à partir de 1794 à un minutieux travail de révision du premier manuscrit. En mai 1798, se sentant proche de la mort, il légua le document à son neveu, Carlo Angiolini. C’est par les enfants de ce dernier que le manuscrit  d’Histoire de ma vie a été cédé en 1821 à l’éditeur Brockhaus de Leipzig.

Le texte des mémoires connut alors bien des avatars, et les adaptations expurgées ou révisées se succédèrent pendant 140 ans. Sous le titre de Mémoires de Casanova, quelque 500 éditions ont vu le jour à partir de 1822 sans qu’aucune ne puisse se référer au manuscrit original, lequel faillit disparaître dans les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale. Il faut attendre 1960 pour que les éditeurs Brockhaus et Plon publient une édition intégrale en français. Tous les « casanovistes » s’accordent pour penser que ce manuscrit est bien la version originale. Au fil de ses 3 700 pages, le manuscrit porte des ratures, des surcharges, des mots et des pages entières biffés. L’étude de ce document exceptionnel permettra de reconstituer la génèse de l’oeuvre dont l’édition critique reste à établir. De nombreux projets de valorisation sont d’ores et déjà envisagés. Une exposition, prévue à l’automne 2011 à la Bibliothèque nationale de France sera ainsi l’occasion de dévoiler pour la première fois au public ce manuscrit mythique.
L’acquisition a été réalisée, auprès des propriétaires actuels, grâce à la mise en œuvre de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, qui a permis la reconnaissance de l'intérêt patrimonial majeur de cet ensemble de manuscrits par la Commission consultative des trésors nationaux. Le financement a été assuré complètement par un mécène qui a souhaité demeurer anonyme.
Frédéric Mitterrand, se félicite de l’entrée dans les collections nationales de cet extraordinaire témoignage de l’Europe des Lumières, qui représente par ailleurs la plus importante acquisition patrimoniale réalisée jusqu’à présent pour la Bibliothèque nationale de France, et remercie le généreux mécène qui l’a rendue possible.
Paris, le 18 février 2010

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