dimanche 13 septembre 2009

Intrigues vénitiennes


Tant qu'à prendre un pseudonyme pour écrire un roman policier vénitien, pourquoi ne pas prendre le nom d'une grande famille de la Sérénissime ? Les Loredan ont donné trois doges à la ville, dont un au Settecento : Francesco Loredan fut le cent seizième doge, de mars 1752 à mai 1762 (il était donc doge quand Casanova fut enfermé dans la prison des Plombs et s'en évada).

Le Loredan qui nous préoccupe aujourd'hui n'est pas doge, mais auteur. Et s'il n'est pas vénitien de naissance (enfin, je ne le pense pas), il semble l'être de cœur. Et amateur du dix-huitième siècle. Il s'agit du Loredan dont j'avais signalé, voici déjà quelques semaines, qu'il m'avait fait le plaisir de m'offrir un exemplaire d'un de ses romans.



Voici venu le temps que je lui rendre la politesse, non en lui offrant l'un de mes romans (il me reste encore à écrire le premier !), mais en vous disant ce que j'ai pensé de sa Nuit de San Marco (Fayard, 2009, ISBN 978-2213643441).
Je n'avais pas fait connaissance avec son héroïne, Leonora, dans le roman Leonora, agent du doge, premier volume de cette série des Mystères de Venise. Fort heureusement, la lecture du premier roman n'est pas un passage obligé avant de lire le deuxième, même si lire l'un puis l'autre apporte certainement de la profondeur aux personnages.

J'ai donc chaussé mes souliers à boucle d'argent et coiffé mon tricorne, pour parcourir Venise en suivant les mots de Loredan et les aventures de Leonora. Esprit libre et fonceuse, la demoiselle joue autant de son indépendance que de la situation sociale de son père pour jouer des coudes dans ce monde à la fois compassé et libertin qu'est Venise. Et elle va avoir besoin de toutes ses ressources personnelles et familiales, et de l'aide de quelques autres personnes à la moralité plus ou moins bien établie pour comprendre les tenants et les aboutissants de l'affaire qu'on lui a demandé de résoudre.
Un membre du Grand Conseil poignardé en pleine séance de cette illustre assemblée sans qu'aucun de ses collègues présents n'ait rien vu, voilà qui n'est pas commun.
D'ailleurs, rien n'est commun dans cette affaire. Ni les personnages impliqués, illustres ou inconnus, que croise Leonora, ni les lieux, lumineux ou sombres, dans lesquels Leonora fouine. Et Loredan sait faire vivre ces personnages, ces lieux, dans leur variété, dans leur richesse, dans leurs contrastes. Sous sa plume, Venise elle-même devient un personnage de l'aventure.

Je n'ai pas lâché de livre, de sa première à sa dernière page, porté par le style et le rythme, et si le dénouement m'a amené à me demander « n'est-ce pas un peu trop, là ? », j'ai pris grand plaisir à la lecture de ce roman. Il me reste désormais à lire le précédent... et à attendre les suivants !

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dimanche 6 septembre 2009

Mais combien de fois s'évadera-t-il ?


Des éditions d'Histoire de ma fuite des prisons de la république de Venise qu'on appelle les Plombs, de Casanova, ça ne manque pas sur le marché. Et j'en ai déjà quelques-unes.
 
Avais-je donc besoin d'une édition supplémentaire de ce livre que j'ai déjà lu et relu ? Besoin, non. Mais quand j'ai trouvé, chez le bouquiniste des étalages duquel je suis devenu un habitué, une version publiée aux éditions Jean de Bonnot (1986), je n'ai pas résisté.
 
Je n'avais jamais rien acheté chez cet éditeur-là, dont je vois pourtant souvent les encarts publicitaires dans des magazines. Mais en feuilletant ce volume-ici, je me suis vite trouvé conquis. Le format, le toucher du papier vergé et surtout les illustrations de Pieter Van der Aa à chaque page, impossible de résister. Et comme le prix était tout à fait conforme à la cote de cette édition, je ne me suis pas privé.
 


Elle rejoindra donc mes autres exemplaires dans d'autres éditions, dont un petit format publié aux éditions Allia (2007, 9-782-911-188985), que j'ai récemment acheté aussi et qui est plus pratique à bouquiner dans le train.
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Casanova, au fond !


Je m'aperçois que je ne vous ai pas encore dit ce que je pense du film Casanova de Lasse Hallström (2005).
Pour vous faire patienter jusqu'à la publication de ce billet, qui ne saurait tarder, je me permets de vous aiguiller vers un site qui propose des fonds d'écran d'ordinateur réalisés à partir de ce film. Les esprit les plus acides - dont je ne suis pas, vous le savez bien - iraient jusqu'à dire que ces fonds d'écran sont quasiment ce qu'il y a de mieux à retenir de ce film.
 
 

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vendredi 4 septembre 2009

De vous à moi

  

A en juger par les statistiques de consultation du blog, il y a (fort heureusement) plus de lecteurs que de personnes qui laissent des commentaires. Certains lecteurs voudraient peut-être donner un avis rapide sur un billet sans pour autant prendre le temps d'écrire un commentaire. Aussi, j'ai intégré au blog une fonction que j'ai repérée sur d'autres blogs et que je trouve plutôt pratique : elle offre la possibilité de donner un avis en un clic.
Vous trouverez donc au pied de chaque billet une question « Billet intéressant ? », à laquelle je vous propose de répondre par « oui », « bof » ou « non ».
Si vous souhaitez envoyer un commentaire plus développé pour un billet donné, la fonction « commentaire » reste, bien sûr, totalement opérationnel.

Désormais, vous n'avez plus aucune raison de ne pas donner votre avis !
 
 
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mercredi 2 septembre 2009

Des mots bons et moins bons



Je suis client de livres et parfois de futilités. Quand un livre joue sur la futilité, il peut m'arracher quelques sous pour l'acquérir.
Cela a été le cas avec Bons mots et phrases assassines (éditions Le chêne, collection Esprit XVIIIe, 2009, EAN 9782842779733), florilège de saillies dues à des plumes et des voix dix-huitièmistes, célèbres ou non, qui ont fait des mots quelque chose de plus redoutable que l'épée. Les amateurs du film Ridicule de Patrice Leconte, auquel j'ai déjà consacré un billet, en savent quelque chose.

Ce genre d'opuscule n'est pas à lire d'une seule traite. Il faut plutôt y piocher de temps en temps, presque en l'ouvrant au hasard, pour en savourer l'humour, l'acidité, voire la méchanceté.
La présentation de cet ouvrage est fort plaisante, par sa typographie, ses gravures, ses culs-de-lampe.
Mais, contrairement à ce qu'en dit le titre, je n'ai pas trouvé tous les mots ainsi présentés aussi percutants les uns que les autres. Certains m'ont même laissé plutôt froid. Et, pour ce qui est de la présentation, pour un livre de ce prix-là (un prix neuf affiché à 15 euros), j'aurais tout de même préféré qu'il ne fût pas imprimé en Chine et recouvert d'un plastique imitation cuir. Je veux bien qu'il y ait eu un travail de sélection des textes, et qu'il faille en rémunérer les personnes qui y ont procédé. Mais la matière première était gratuite, libre de tous droits, pour autant que je sache, et il doit bien se trouver un imprimeur capable de travailler ce format de livre sans être ruineux, en France, en Espagne ou en Italie. En tout cas sans aller le chercher chez l'empereur de Chine.




En résumé, un ouvrage sympathique mais qui me laisse mi-figue mi-raisin.
  
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mardi 1 septembre 2009

Un vieux pirate


E
ncore chez un bouquiniste, c'est Le pirate de Walter Scott qui a retenu mon attention, dans une édition de 1835. Le couverture est un peu fatiguée, en particulier son dos. Et l'intérieur est un peu piqué. Mais le prix en était très intéressant, compte tenu de ces défauts.
Le pirate est paru en 1821, et a pour cadre les austères îles Shetland et Orcades (Orkney, en anglais), au nord de l'Écosse, dont les habitants sont soumis aux méfaits du pirate John Gow et de l'équipage de son navire Revenge « armé de trente gros canons et de six d'un moindre calibre ».
Dans son roman, Walter Scott reprend des éléments de l'histoire du « vrai » John Gow, dont il se sert à une période différente : les méfaits de John Gow ont eu lieu dans les années 1720, et Scott a pris l'été 1689 comme toile de fond.
Comme dans d'autres romans historiques de Walter Scott, la toile des relations entre les différents personnages est complexe, entre le pirate repenti venu trouver dans ces îles le repos de son esprit fatigué par ses crimes anciens, les pirates nouvellement arrivés dont l'un est cruel tandis que l'autre a plutôt bon cœur, la femme qui prétend avoir des pouvoirs surnaturels et prophétiques, se trahissant ou se portant secours, sur le chemin de la damnation ou de la rédemption.
J'ai offert une petite place à ce roman dans ces salons dix-huitièmiste, même s'il est paru au XIXe siècle et que son récit porte sur le XVIIe siècle : ce Pirate est en efet fortement influencé, pour ce qui est de la description de la vie en mer et dans ces îles par The Adventures of Peregrine Pickle (1750), de Tobias George Smollett, un romancier écossais pleinement dix-huitièmiste pour sa part (1721-1771).
 
 
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