lundi 24 janvier 2011

Idoménée ou Mozart se libère

J’ouvre ma participation au Défi XVIIIe avec le premier billet d’une série de cinq qui auront pour point commun l’année 1781. Pourquoi cette année-là plutôt qu’une autre ? Parce que j’avais envie en tête de consacrer un billet à l’épopée navale de Suffren aux Indes et à la bataille de Yorktown, l’un des tournants de la guerre d’indépendance des États-Unis, deux moments de l’année 1781. Il me restait à trouver trois autres sujets sur l’année 1781 pour fixer mon objectif pour le Défi. J’avais envie d’explorer d’autres pans dix-huitiméistes à cette occasion, par exemple dans le domaine des sciences et celui de la musique.


Or je viens de lire un dossier sur les opéras de Mozart dans le dernier numéro en date de la revue Diapason (n°587, janvier 20100). Et cela m’a amené à m’intéresser à Idomeneo, rè di Creta (Idomenée, roi de Crète), un opéra que je n’avais jamais écouté jusque-là, et dont il se trouve que la première a été donnée en janvier 1781, alors que Mozart avait vingt-cinq ans (et deux jours, pour les amateurs de précision !).


Bon, autant le dire, je n’avais pas vraiment de souvenir du mythe d’Idoménée, et il m’a fallu remettre le nez dans un livre pour me rafraîchir la mémoire : une tragique histoire d’un père obligé de tuer son fils pour tenir une promesse faite à un dieu en échange de son aide. En revanche, je me rappelais que cet opéra s’était retrouvé sous les feux de l’actualité lorsque ses représentations au théâtre de l’Opéra de Berlin avaient été annulées du fait de menaces ; mais je reconnais que je n’avais pas fouillé le sujet à l’époque, et n’en avais donc gardé que des éléments très superficiels.
Vérification faite, cette suspension des représentations, en septembre 2006, avait été décidée après des menaces de fondamentalistes religieux, jugeant outrageante la mise en scène de cet opéra par Hans Neuenfels. Celui-ci avait en effet inclus dans sa mise en scène les têtes coupées de Poséidon (le dieu dont Idoménée est le débiteur), de Bouddha, de Mahomet et de Jésus-Christ.
Je ne connais rien de cet Hans Neuenfels, et je ne me permettrai donc pas beaucoup de commentaires sur sa mise en scène de cet opéra que je n’ai pas vue. Je me contenterai de dire que mettre sur dans le même plat de têtes coupées celles d’un dieu, de deux prophètes, et d’un « éveillé », c’est un drôle de mélange des genres, et j’ai du mal à en comprendre le message : s’il s’agit de tuer des dieux pour s’en libérer, alors autant décapiter des dieux, et pas des prophètes.
Je ne suis pas friand des metteurs en scène qui tiennent absolument à tout bousculer d’une œuvre, pour la rendre contemporaine, ou intemporelle ; certains y réussissent très bien, d’autres n’aboutissent qu’à quelque chose d’artificiel qui fait perdre l’essence de l'œuvre originelle. Mais, d’un autre côté, je tiens en profonde détestation les sectateurs de toutes religions, et leurs menaces de censeurs.

Mais revenons-en à l’opéra lui-même. Je n’ai aucune la prétention de m’en faire une idée rien qu’en lisant la partition et le livret. Je m’en remets donc, pour aller à la découverte de cette œuvre, à l’écoute d’un enregistrement et de quelques lectures au sujet de cet opéra, dont le numéro de la revue Diapason que j’ai indiqué plus haut.

Pour ce que j’en ai lu, Idomeneo , pièce de commande pour le carnaval de Munich, marque la charnière entre les opéras « de jeunesse » de Mozart, et la série de ses chefs-d’œuvre : les deux opéras « sérieux », Idoménée et L’enlèvement au sérail, puis les trois comédies, Les noces de Figaro, Don Giovanni, et Cosi fan tutte, et enfin les deux autres opéras « sérieux », La clémence de Titus et La flûte enchantée. C’est aussi après Idoménée que Mozart quitte Salzbourg pour Vienne, son père et l’archevêque pour l’empereur ; c’est peut-être de la philosophie de comptoir, mais je me laisse aller à penser que Mozart a peut-être trouvé dans cet Idomeneo un écho au changement de sa propre situation. Mozart se libère des murs de la famille, secoue le joug de ce protecteur-tyran qu’était l’archevêque, et prend en main la création de l’opéra, ferraillant avec l’auteur du livret, Giambattista Varesco (à défaut d’affronter directement l’archevêque, Mozart s’en prend au chapelain de sa cour ?), pour ne pas se laisser imposer ses vues.

Opéra de commande, certes, mais œuvre personnelle ! Mozart trace son propre chemin, entre les lignes de l’opera seria à l’italienne et de la tragédie lyrique à la française, apportant un souffle particulier. Évidemment, c’est tragique, dramatique, et donc, parfois, un peu pompeux pour moi, qui préfère les ambiances plus légères. Mais c’est tout de même déjà du Mozart.


Il va me falloir plusieurs écoutes de cet opéra pour en découvrir les richesses, les subtilités, m’en faire une opinion plus élaborée. Tendre l’oreille, aussi, vers des interprétations différentes, pour découvrir comment différents chefs, différents chanteurs, différents orchestres se le sont approprié.
Pour l’instant, j’ai fait confiance à des critiques trouvées dans des magazines et sur le net, pour mes premières écoutes :
- la version sous la direction de Nikolaus Harnoncourt, enregistrée en 1980 pour Tedec, et que j’ai écoutée dans une réédition de 2005 chez Warner Classics ;
- celle sous la direction de René Jacobs, chez harmonia mundi , 2009, HMC902036.38



Je laisserai tomber le rideau sur cet Idomeneo de Mozart en levant un autre rideau, pour dévoiler l’écran où se projette le Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick. En effet, si l’on retient le plus souvent, dans la partie musicale de ce film, l’entêtante Sarabande de Haendel, c’est bien la Marche de cet Idomoneo qui accompagne l’entrée de Redmond Barry dans le grand monde.


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Éclairage complémentaire : Avec Mozart, un parcours à travers ses grands opéras, de Claire Coleman et Fernando Ortega (éditions Lethielleux, 2010, ISBN 978-2-249-62055-3).




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Pour le complément dix-huitiméiste, je signale que ce mythe d’Idoménée a également inspiré :
- Idoménée, tragédie en cinq actes et en vers de Crébillon père (1705) ;
- Idoménée, tragédie en musique d'André Campra sur un livret d'Antoine Danchet (1712).

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samedi 22 janvier 2011

Des lettres, un (autre) défi

 
Passant de blog en blog et de forum en forum, je suis tombé sur le Challenge épistolaire lancé par  Anne Sophie et Azariel pour « permettre aux lecteurs/bloggeurs de [re]découvrir la littérature épistolaire ».


Voyant cela, je me suis dit que c’était l’occasion de croiser mon goût pour le XVIIIe siècle et ma curiosité pour ce genre littéraire, en participant à ce défi littéraire en publiant des billets sur des romans épistolaires de cette époque-là ou sur des romans épistolaires actuels ayant pour cadre le XVIIIe siècle.


Pour ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre, je place la barre de mon défi au niveau « moyen-lecteur épistolaire » (c’est-à-dire pour publier des billets sur 3 à 4 romans épistolaires avant la date de fin du challenge, soit le 31 juillet 2011), et je prendrai probablement mes lectures parmi les œuvres suivantes :
- Les lettres persanes (1721) de Charles-Louis de Montesquieu ;
- Clarissa, or the History of a Young Lady (1748) de Samuel Richardson ;
- Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) de Jean-Jacques Rousseau ;
- The Expedition of Humphry Clinker (L'expédition de Humphry Clinker) (1771) de Tobias Smollett ;
- Le paysan perverti, ou Les dangers de la ville (1775-1776), de Nicolas Edme Restif de la Bretonne ;
- Les liaisons dangereuses (1782) de Pierre Choderlos de Laclos ;
- L'almanach des vertiges (2009) de Jean-Daniel Baltassat.

Affaire à suivre.

mercredi 19 janvier 2011

Le défi XVIIIe est lancé !

 
J'avais laissé entendre, voici quelques jours, qu'un "défi dix-huitiémiste" serait bientôt lancé. C'est désormais chose faite, avec le Défi XVIIIe, auquel un blog spécifique est consacré.



Il reste à battre le rappel des intéressés et des curieux, à en faire la publicité dans les blogs et les forums, pour amorcer la dynamique. En avant pour cette aventure !

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mardi 11 janvier 2011

De Moonfleet à Mohune

 
Les changements d’éditeur ne sont pas un phénomène inconnu dans le monde de la BD, et c’est à l’été 2009 qu’a été annoncé le rachat du secteur BD des éditions Robert Laffont par les éditions Delcourt. La série de BD librement adaptée du Moonfleet de Falkner a donc changé d’éditeur et de titre entre son deuxième et son troisième (et dernier) tome, Le secret du Mohune, tome 3 : La malédiction, de Rodolphe au scénario et Dominique Hé au dessin, (éditions Delcourt, 2010, ISBN 978-2-7560-1900-0).



Autant je peux comprendre les changements d’éditeurs, autant pour le changement de titre, je suis plus interrogatif : un problème de droit d’utilisation du titre « Moonfleet » ? Pourtant, les deux premiers tomes de la série, publiés aux éditions Robert Laffont et auxquels j’avais consacré un billet chacun (celui-ci pour le tome 1 et celui-là pour le tome 2) ont été repris tels quels dans leur contenu en passant aux éditions Delcourt. Le titre de la série a été modifié, passant de Moonfleet au Secret du Mohune, et le titre du tome 1 a été raccourci, passant de La crypte des Mohune à La crypte tout court (choix étonnant, d’ailleurs, de passer du pluriel au singulier, en changeant d’édition : « les Mohune » sont devenus « le Mohune »), tandis que le tome 2 ressortait sous son titre premier Le trésor de John Le Noir.

Ce troisième tome me laisse perplexe. Est-ce pour éviter la malédiction qui lui donne son titre (le genre de malédiction qui fait que certaines séries de BD sont arrêtées en cours de route par leurs éditeurs parce que les ventes ne suffisent pas) que le scénariste semble avoir pris le parti de « boucler » l’histoire vite fait ?
Autant les deux premiers tomes posaient l’ambiance sans se presser, autant ce tome-ci paraît mettre le lecteur dans un toboggan pour le conduire sans délai vers la fin de l’histoire. « Allez, hop ! Pas le temps de nous attarder, M’sieursdames, j’ai une histoire à terminer sans lambiner. Vous avez des questions ? Certains points vous semblent obscurs ? Ah, non, pas de réponses ni d’éclaircissements dans un autre album, on vient de vous dire que ce troisième est le dernier. »

Une fin de voyage décevante.

lundi 10 janvier 2011

Masques et ombres

 
Il n’y a pas d’âge pour se lancer à l’aventure dans les rues de la Venise du Settecento, et avec L’Arlequin de Venise, d’Odile Weulersse (édition Hachette Livre, Le livre de poche Jeunesse, 1994, ISBN 2-01-019896.4), tant les personnages principaux du roman que ses lecteurs n’attendent pas le nombre des années pour être confrontés aux lumières et aux ombres de la Sérénissime.



Tonina, la fille du sénateur Zolio, est une de ces héroïnes comme on en trouve dans nombre de romans historiques pour un lectorat jeune ou adolescent : elle est, certes, une jeune fille de ce temps qui sert de décor au roman, mais elle est aussi aussi une jeune fille un peu anachronique, animée de l’esprit de notre temps.
Faut-il pour autant bouder un tel roman ? Point du tout.
D’abord parce qu’il peint un portrait bien vivant de Venise. Ses rues et ses places, ses canaux, ses marchés et ses palazzi, son peuple bigarré, ses patriciens qui tiennent le pouvoir entre leurs mains, les fortunes qui se font (parfois) et se défont (souvent) dans les casini, ses contrebandiers qui trafiquent les marchandises trop réglementées, à leurs yeux, par la Sérénissime, ses chevaliers servants aux petits soins avec les damoiselles, ses prisons où la justice arbitraire envoie croupir même des innocents, etc.
Ensuite parce que cette jeune héroïne permet aux lecteurs adolescents de s’en sentir facilement proches. Les relations de Tonina avec son père veuf, avec son frère, avec son chevalier servant, avec le jeuen noble de Terre ferme qui voudrait la courtiser, bref, sa façon de trouver sa place entre le monde des enfants et celui des adultes, et de bâtir sa propre indépendance, autant de sujets qui peuvent se prêter à la réflexion des jeunes lecteurs.
Et comme l’identification avec les personnages est, semble-t-il, un moyen de rendre la lecture attrayante, je ne vais certainement pas me plaindre qu’un roman « pour la jeunesse » ouvre à ses lecteurs les portes de la Venise du Settecento.

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dimanche 9 janvier 2011

Bientôt un « défi dix-huitiémiste »

 
Ces dernières semaines, j’ai continué à cogiter à mon idée un peu folle de projet de zine dix-huitiémiste, qui prend peu à peu forme dans mon esprit. J’espère pouvoir exposer, dans les semaines à venir, sous une forme structurée, les idées qui me sont venues à ce sujet.
Une idée complémentaire m’est venue, qui pourrait permettre de faire se côtoyer, dans une dynamique éclectique et moins formalisée qu’un zine, des amateurs du XVIIIe siècle très variés.

De nombreux blogueurs du net font se rencontrer leurs passions à l’occasion de « défis » amicaux. Il peut ainsi s’agir de relever le défi de publier, au cours d’une année, une critique de cinq romans policiers, chacun écrit par un auteur de l’un des cinq continents. Ou de publier une critique d’un roman historique par mois de l’année. Les exemples en sont très nombreux, et ces défis n’ont généralement aucun autre objectif qu’un joyeux « rassemblement à distance » de passionnés. Il n’y a pas d’enjeu autre que d’essayer de relever le défi ; il y a du plaisir à y arriver, et aucune honte à ne pas y arriver.

L’idée m’est donc venue de lancer un défi dix-huitiémiste, en proposant à qui le veut bien de publier, au cours de l’année 2011, des billets de blog sur des sujets variés, à condition qu’ils soient liés au XVIIIe siècle. Ce défi sera bientôt lancé, en partenariat avec le forum la Folie XVIIIe, auquel je suis attaché.

Le cadre dans lequel sera lancé le forum est en cours de finalisation, mais je peux d’ores et déjà vous en donner un aperçu presque définitif.


Un défi, kézako ?
Un défi est une dynamique par laquelle chaque participant, de son plein gré, se mesure à lui-même en essayant d’atteindre des objectifs fixés par avance. Un défi du genre de celui que nous pourrions proposer n’a généralement aucun autre objectif qu’un joyeux « rassemblement à distance » de passionnés : il n’y a pas d’enjeu autre que d’essayer de relever le défi ; il y a du plaisir à y arriver, et aucune honte à ne pas y arriver.
Ce genre de défi est ouvert à tout le monde. Les seules conditions pour y participer sont d’une part de le vouloir, et d’autre part de savoir écrire d’une manière qui rend compréhensible ce que l’on publie.

Un défi sur quoi ?
Le net littéraire est riche en défis très divers :
- certains sont très simples, consistant à écrire quelques billets autour d’un sujet particulier. En voici deux exemples : le Défi des 5 continents invite les participants à publier, au cours d’une année, au moins une critique d’un livre policier d’un auteur de chaque continent ; pour le challenge Thrillers et polars historiques, il s’agit de publier, en un an, des critiques de 4 ouvrages relevant de ce genre littéraire ;

- d’autres défis sont beaucoup plus ouverts, en ce sens que les billets peuvent porter sur des objets très divers, au sein d’une même thématique. Ainsi, les participants au défi Un an en Russie peuvent publier des articles sur le thème de la Russie, dans des perspectives très variées (présenter/critiquer un roman classique russe, de la poésie russe, un roman ou un film qui se déroule en Russie, une exposition d’œuvres d’art russes ; mettre en valeur du vocabulaire russe, etc.).


Un blog spécifique comme point d’attache
Le plus souvent, ces défis ont un blog pour point d’attache, blog administré par l’organisateur (ou les organisateurs) du défi. Le blog sert à publier les « règles » du défi, à recenser les participants et leurs publications dans le cadre du défi, voire à héberger les publications des participants qui ne disposent pas de leur propre blog.


Un défi dix-huitiémiste
L’idée de base d’un défi dix-huitièmiste est de faire se croiser, se découvrir et peut-être se mettre en relation des gens qui partagent un goût pour le dix-huitième siècle et dont ce goût peut prendre des formes très variées : des lecteurs, des cinéphiles, des peintres, des musiciens, des maquettistes, des costumiers, des touche-à-tout, etc.
Nous ne prétendons pas qu’un tel défi fera naître un réseau de gens qui se mettraient, tout à coup, à se fréquenter les uns les autres alors qu’ils ne font, au mieux, que se côtoyer de blog à blog ou au sein de forums. Mais il y aura peut-être une première étincelle.


Que pourra-t-on publier dans un défi dix-huitiémiste ?
Par comparaison avec une majorité des défis que nous avons observé sur le net, nous proposerons aux participants de publier au moins un billet de présentation (ou de critique) d’une œuvre – au sens très large - dans 5 catégories à choisir parmi une vingtaine de catégories dont la liste serait établie pour servir de cadre général.
Le regroupement des catégories en « familles », ci-dessous, n’a aucune importance, il ne sert qu’à donner une typologie indicative. Un participant serait totalement libre de publier des billets se rapportant à des catégories relevant toutes d’une même « famille ».

Par exemple :

* œuvres du XVIIIe siècle
- roman
- poème ou œuvre poétique
- mémoires
- pièce de théâtre (soit en elle-même, soit au travers d’une représentation aujourd’hui, ou d’un enregistrement)
- œuvre musicale (soit en elle-même, soit au travers d’une représentation aujourd’hui, ou d’un enregistrement)
- tableau, dessin
- création architecturale

* petit ou grand personnage du XVIIIe siècle
au choix du participant au défi : littérateur, architecte, médecin, explorateur, guerrier, séducteur, philosophe, etc. Bien entendu, il peut s’agir indifféremment d’un homme ou d’une femme.


* œuvres dix-huitiémistes mais postérieures au XVIIIe siècle (écrites/réalisées/créées au XIXe, au XXe ou au XXIe siècle)
- roman historique
- étude académique, ouvrage universitaire, etc.
- film (que ce soit une adaptation d’un œuvre du XVIIIe siècle ou pas)
- téléfilm / série télévisée (que ce soit une adaptation d’un œuvre du XVIIIe siècle ou pas)
- documentaire télévisuel
- bande dessinée
- ballets
- éventuellement « inclassables » (comme le spectacle de Bartabas sur le chevalier de Saint-George)

* re-créations
- créateurs de costumes
- fabricants d’armes
- troupes de reconstitution
- modélisme

* jeux
- jeux de société
- jeux de guerre
- jeux de rôles
- autres jeux

Réussir le défi
L’idée est vraiment que chacun se sente relativement libre dans sa manière de participer au défi, une des seules contraintes étant de publier des billets de catégories différentes.

Exemple d’un défi qui serait réussi, dans une approche tous azimuts :
- un critique incendiaire d’une représentation de La locandiera de Goldoni ;
- un billet de coup de cœur pour les dessins de François Boucher ;
- une chaude recommandation d’aller faire une randonnée équestre en Margeride, le pays de la Bête du Gévaudan ;
- une salve d’applaudissements pour Barry Lyndon de Kubrick, en expliquant pourquoi on préfère ce film au roman dont il est adapté ;
- un autoportrait photographique en marquise de Merteuil.

Exemple d’un défi qui serait réussi dans une approche plus thématique :
- une mini-biographie du marquis de Lafayette ;
- une note de lecture sur un livre parlant de la guerre d’indépendance américaine ;
- un article sur la reconstitution grandeur nature de la frégate L’Hermione à Rochefort (c’est la frégate qui a emporté Lafayette vers l’Amérique) ;
- une critique de la BD L’Hermione – La conspiration pour la liberté, de Jean-Yves Delitte ;
- un coup de projecteur sur un modéliste naval qui réalise une maquette de L’Hermione.


Guettez le lancement du défi
Le défi sera lancer au travers d’un blog spécifique, comme cela a été indiqué plus haut. Mais nous en ferons la publicité par divers canaux, histoire d’attirer l’attention sur ce défi et d’essayer de titiller les envies d’écriture le plus largement possible.

Et, bien évidemment, le crieur public n’oubliera pas de passer dans les salons de Monsieur de C. Ce serait bien le diable si mes fidèles lecteurs et aimables lectrices n’en étaient pas parmi les premiers informés !

Lectures en cours et promesses de billets

 
Parmi les livres dix-huitièmistes que j’ai récemment lus ou que je suis en train de lire, en voici quatre, deux romans et deux BD, auxquels je consacrerai prochainement des billets.

L’Arlequin de Venise, d’Odile Weulersse (édition Hachette Livre, Le livre de poche Jeunesse, 1994,  ISBN 2-01-019896.4)



Les secrets du chevalier d’Eon, espion du roi, de Gérard Morel, Nouveau Monde éditions, collection Jeunesse, 2010, ISBN 978-2-84736-509-2).


 
Le secret du Mohune, tome 3 : La malédiction, de Rodolphe au scénario et Dominique Hé au dessin, (éditions Delcourt, 2010, ISBN 978-2-7560-1900-0)




 
Rani, tome 2 : Brigande, de Jean Van Hamme et Alcante au scénario et Francis Valles au dessin (éditions Le Lombard, 2011, ISBN 978-2-8036-2752-3)




dimanche 2 janvier 2011

Oiseaux de nuit


Les gentlemen de la nuit, de Béatrice Nicomède (éditions Gulf Stream, collection Courants Noirs, 2010, ISBN 978-2-35488-076-7) a un petit goût de Moonfleet. Pour ne pas y trouver ce goût, je crois qu’il faudrait être totalement ignorant de ce roman de Falkner ou du film que Fritz Lang en a tiré. Ou même, puisque Les gentlemen de la nuit s’adressent surtout à un public adolescent, n’avoir pas non plus lu l’adaptation de Moonfleet en BD par Rodolphe et Hé. Quoi qu’il en soit, ne connaître ni le roman ni le film ni la BD ne serait un crime : en regardant cela de manière optimiste, ce serait même l’occasion de découvrir ces trois œuvres qui valent, chacune d’entre elles à sa manière, le détour.
 

Mais j’en reviens aux Gentlemen de la nuit. Difficile pour moi, disais-je, de ne pas y retrouver le parfum de Moonfleet : des côtes anglaises un peu sauvages (ici, celles de l’île de Wight) à la fin du XVIIIe siècle, des îliens que la pauvreté accule à la contrebande maritime, des cachettes dans des grottes et sous des cimetières, des tonneaux d’eau-de-vie et des coffres de dentelles, des jeux de chats et de souris entre contrebandiers et douaniers dans des nuits de plus ou moins de lune, et des adolescents pris dans les affaires des adultes.
Pourtant Béatrice Nicodème ne tombe pas dans le plagiat. Par-delà l’intrigue un peu classique, elle apporte sa touche personnelle, creusant les portraits de ses personnages, leurs faces claires comme leurs faces sombres. L’ennemi le plus dangereux des contrebandiers n’est pas ici, le douanier, mais le mal insidieux qui s’est glissé au sein de l’un de leurs groupes.

Même si l’ombre de Moonfleet pèsera longtemps sur tout roman qui racontera des histoires de contrebandiers maritimes au XVIIIe siècle, aucune plume ne devrait s’interdire de s’aventurer dans ce thème-là. Après tout, bien des auteurs se sont permis d’écrire des romans de mousquetaires et spadassins après Alexandre Dumas père, et certains ont brillé dans ce genre. Alors, quand un roman lance un clin d'œil à Moonfleet tout en y apportant une touche personnelle, autant le saluer pour ses mérites propres, et Les gentlemen de la nuit n’en manquent pas.
J’ai lu ce roman avec mes yeux et mon esprit d’adulte, mais je pense qu’outre ces aspects historique et « policier », ce roman peut offrir à des adolescents des sujets de réflexion intéressants, comme la complexité des relations d’amour et de haine entre deux mêmes personnes, le mur de silence derrière lequel un père cache à son fils les raisons et circonstances du décès de sa mère, ou encore les privautés que s’autorisent les hommes mûrs sur les jeunes femmes qui sont en leur pouvoir pour des raisons de mariage ou d’emploi.

Après ce coup de tricorne à l’auteur, le coup de griffe (presque de gueule) à l’éditeur : quel est la personne inconséquente qui a rédigé la quatrième de couverture de ce livre ? Le vrai traître, ou la vraie traîtresse, des contrebandiers, c’est cette personne-là, qui dévoile, dans le texte de présentation du roman, les deux-tiers de l’intrigue ! J’applaudirai des deux mains si cette personne est démasquée et balancée à la mer pour que les flots et les crabes lui fassent un sort funeste. La peste soit des inconséquents qui privent les lecteurs d’une grande partie du plaisir de leur lecture.

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samedi 1 janvier 2011

Toi aussi, un jour, tu iras chercher ton île

Dans la préface à l’édition de l’adaptation en bande dessinée de L’île au trésor à laquelle j’ai récemment consacré un billet, Hugo Pratt citait les mots de son père quand ce dernier lui avait offert ce roman : « Toi aussi, un jour, tu iras chercher ton île... Ne t’en fais pas si tu ne la trouves pas tout de suite ; il y en a beaucoup, tu la rencontreras le moment venu ».
 
Nous portons tous en nous notre île, et toutes nos îles sont différentes. Si cette année 2010 qui s’est achevée ne vous a pas vus trouver votre île, qu’elle soit le Spitzberg, Tahiti ou Cythère,  l’année 2011 qui commence vous le permettra peut-être.
Pour ma part, voilà assez longtemps que j’ai compris que l’important n’est pas la destination, mais le voyage, avec ses découvertes et ses incertitudes, ses rencontres et ses apprentissages.

Je vous souhaite donc bon vent et bon voyage vers votre île !



illustration : The ships under command of Captain James Cook of the British Navy at anchor in Matavai Bay at Tahiti during the observations of the Venus Transit in 1769 (peinture de William Hodges - The Granger Collection NYC).