mercredi 30 décembre 2009

Serez-vous le dernier ou le premier ?



Serez-vous le dernier à ne pas avoir vu ce film, ou le premier devant votre écran de télévision, cet après-midi, à 17h05 ?
France 2 diffuse en effet, à cette heure de grande écoute en temps de vacances, Le dernier des Mohicans de Michael Mann.
Le film est présenté par une chaîne ou une autre environ une fois par an, mais c'est généralement sur une chaîne numérique. Si vous ne l'avez pas encore vu, ou si vous avez envie de le revoir et que vous avez la chance de ne pas travailler cet après-midi, rendez-vous donc sur une chaîne hertzienne du service public.






Pour ce qui est du film en lui-même, je n'ai pas changé d'avis par rapport à ce que j'avais déjà dit à son sujet : un film pas toujours fidèle aux romans de Fenimore Cooper, mais un grand film tout de même. Je me plais à espérer qu'il donnera envie à ceux qui ne les connaissent pas de se plonger dans les romans en question.





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mardi 15 décembre 2009

Juste une mise en bouche



Le livre de Jean-Claude Hauc, Aventuriers et libertins au siècle des Lumières (Les éditions de Paris Max Chaleil, 2009, ISBN 978-2-84621-124-6) propose une galerie de courtes biographies de figures plus ou moins connues d'aventuriers de XVIIIe siècle. L'ouvrage fait une place tant au comte de Saint-Germain, au chevalier d'Eon ou à Casanova qu'à Théodore de Neuhoff, à Elisabeth Chudley ou à la princesse Tarakanova, en courts chapitres de moins d'une dizaine de pages chacun.


L'intérêt de cet ouvrage est surtout de donner envie d'en savoir plus sur ces étonnantes figures : les quelques pages consacrées à chacune d'entre elles ne sont en effet que des mises en bouche. Soit le lecteur connaît déjà le personnage auquel le chapitre est consacré, et il en apprendra peu ou pas dans ce livre ; soit il n'en connaît rien, et le chapitre lui en dira juste assez pour éveiller sa curiosité.

Finalement, le chapitre le plus intéressant se révèle être le premier, celui qui prend un peu de hauteur pour essayer de brosser un portrait d'ensemble de ces aventuriers, dans leurs traits communs et dans leurs différences. Mais, du fait même de son faible volume, ce chapitre n'atteint pas, à mes yeux, la finesse d'analyse de l'ouvrage de Suzanne Roth, Les aventuriers au XVIIIe siècle (éditions Galilée, 1980, ISBN 9782718601731), auquel je consacrerai un prochain billet.

Aventuriers et libertins au siècle des Lumières est donc une fenêtre ouverte. C'est aux curieux d'aller plus loin, par d'autres lectures, pour faire plus ample connaissance avec ces messieurs et dames de plus ou moins bonne compagnie.

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lundi 14 décembre 2009

Cartouche arrive bientôt sur le petit écran



Quand la télévision publique pioche dans notre patrimoine pour monter des téléfilms, j'ai tendance à donner quelques applaudissements avant même de voir ce que cela donne. A moins, bien sûr, que la réalisation n'ait été confiée à une de mes têtes de Turc, Josée Dayan, dont les créations ont, le plus souvent, la délicatesse d'un Panzer traversant les plaines polonaises.
Pour le téléfilm en deux parties Cartouche, que France 2 diffusera les 22 et 23 décembre prochains, j'ai donc un petit fond d'enthousiasme a priori. Certes, j'avais eu quelques regrets pour l'adaptation malgré tout plaisante du Bossu de Paul Féval par ce même réalisateur, Henri Helman, sous la forme du téléfilm Lagardère (2003), mais les quelques extraits que j'ai pu voir de ce Cartouche me semblent de bon augure.





Bien évidemment, la comparaison ne manquera pas d'être faite (par moi, au moins) avec le Cartouche de Philippe de Broca (1962) dans lequel le brigand était incarné par Jean-Paul Belmondo. Mais entre film et téléfilm, la comparaison devra se faire toutes proportions gardées.

Sauf impératif de dernière minute, je chausserai donc mes bottes, ceindrai épée et pistolets, et prendrai place dans la bande de Cartouche les 22 et 23 décembre prochains.

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L'élégance du geste d'acier



Parmi les lectures qui ont accompagné mon adolescence, trois courants ont façonné mes goûts de lecteur, leur donnant une assise solide sur un trépied : les récits de voyage, les romans policiers et les romans de cape et d'épée.
Ma vie ne m'a pas amené à être enquêteur, et je me suis contenté de me continuer à me creuser la tête au travers des polars. J'ai pu, en revanche, voyager, voir d'autres horizons sous d'autres cieux, rencontrer d'autres gens. Enfin, si je n'ai que rarement ceint une cape sur mes épaules, c'est très récemment que j'ai mis la main sur la poignée d'une épée.
La pratique de l'escrime sportive me tentait depuis plusieurs années, mais ce n'est que l'année dernière que j'ai finalement franchi la porte d'une salle d'armes. Il ne m'a fallu que quelques séances pour me retrouver « accro » à ce sport. Bien évidemment, je n'ai aucune prétention à devenir un redoutable compétiteur, et ce n'est pas du tout dans cet esprit-là que j'enfile ma tenue et mets la main sur la poignée d'une épée : je pratique l'escrime de loisir, de mon mieux, en voyant nos affrontements amicaux comme des moyens de progresser.


D'un autre côté, cela fait aussi des années que j'ai été séduit par des illustrations de traités d'escrime du XVIIIe siècle et par les élégantes épées de cette époque-là.
Ce sont les planches de la partie « Escrime » de l'Encyclopédie de Diderot & d'Alembert qui m'ont marqué les premières, pour autant que je m'en souvienne. Mais j'ai été encore plus séduit lorsque j'ai découvert les versions originales de ces planches dans le traité de Domenico Angelo, L'école des armes (1763), dont le chapitre Escrime de l'Encyclopédie n'est autre qu'un « pompage » éhonté (une pratique courante à l'époque, soulignons-le). Ah, ces planches au trait rehaussées de fines couleurs. Élégance des postures, des gestes que ces illustrations nous offrent.

Quant à l'épée de gentilhomme du dix-huitième siècle, l'épée de cour selon son appellation française (smallsword en anglais, espadín en espagnol et spadino en italien), je lui trouve une incomparable élégance de lignes.




J'avais déjà dit quelques mots de mes envies de mieux connaître et de pratiquer l'escrime du XVIIIe siècle, voici un peu plus d'un an.
A défaut d'avoir vraiment pu commencer à goûter à cette escrime-là pour l'instant, je continue à rassembler des informations sur l'escrime de cette époque-là, sur la pratique actuelle de cette forme d'escrime, sur les épées de cour de l'époque et sur les répliques actuelles, etc.
Je viendrai partager ici, avec les curieux, mes découvertes, mes projets et mes éventuelles mises en pratiques.

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Bis repetita non placent pas vraiment



Les mystères de Channel Row ne m'avaient pas paru spécialement mystérieux, et ce roman policier dix-huitièmiste dans le milieu de la franc-maçonnerie londonienne naissante m'avait laissé plutôt tiède.
Les auteurs Alain Bauer et Roger Dachez ayant récidivé avec Le convent du sang (éditions JC Lattès, 2009, EAN : 978-2709630078), j'ai récidivé en tant que lecteur.
Pour la critique de ce deuxième roman, je vais être généreux et vous en proposer deux : la version rapide et la version détaillée.

Version rapide : bof.

Si vous êtes encore là à me lire et que vous souhaitez découvrir la version détaillée, suivez-moi.


Ce Convent du sang a pour cadre la ville de Lyon en 1778, à un moment où des représentants de loges maçonniques de France et d'Europe occidentale se réunissent (c'est le convent) pour abandonner définitivement le prétendu lien d'héritage entre la franc-maçonnerie et l'ordre du Temple. Héritage auquel certains maçons trouvent un parfum trop soufré, surtout dans cette France dont le roi Philippe IV avait dissout ledit ordre et réduit ses membres en cendres, sans oublier de mettre la main sur leur magot.
D'un côté, donc, les maçons voulant tirer un trait sur la filiation templière. De l'autre, ceux qui veulent, au contraire, garder ce lien-là. Ah, vous aviez deviné ? Vous avez sûrement deviné aussi que les templophiles vont tenter de faire capoter le convent. Ce que vous n'avez peut-être pas deviné c'est qu'une troisième force va entrer dans ce jeu-là. Comment ? Vous me reprochez de dévoiler les dessous de l'intrigue du roman ? Ah, vous avez raison. Mais, que voulez-vous, l'intrigue est si peu passionnante, si peu capable de passionner le lecteur si celui-ci est un peu féru de polars, que je m'accorde le droit de dévoiler cette trame ni originale ni prenante.
J'ajouterais une demande, une sollicitation à tous les auteurs de romans policiers « historiques » : arrêtez, je vous prie, de mettre dans la bouche des personnages de vos livres des tartines d'explications du contexte de l'époque ; c'est un procédé totalement artificiel, qui fait passer les personnages pour des professeurs pérorant un cours d'histoire devant un amphithéâtre regardant sa montre pour savoir quand la litanie prendra fin.

Quand le rideau est tombé sur le convent, je n'ai pu réprimer un bâillement.

Je reviens donc à l'essentiel : bof.

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dimanche 22 novembre 2009

Les tournants d'un continent

 

Je suis peu consommateur de jeux vidéos, mais j'ai récemment acheté, à tout petit prix, le jeu Birth of America (version 1 point quelque chose, bradée du fait que la version "actuelle" est la version 2).

Ce jeu propose de jouer, à un niveau stratégique, deux des guerres qui ont façonné l'histoire de l'Amérique du Nord :
- la guerre "franco-anglo-indienne", volet nord-américain de la guerre de Sept Ans ;
- la guerre d'indépendance des États-Unis contre la couronne britannique.

Ce jeu avait reçu une critique très élogieuse dans le magazine Vae Victis (n°68, mai-juin 2006 ; sommaire), mais ce n'est que très récemment, en relisant d'anciens numéros de ce magazine, que j'ai prêté une attention soutenue à cet article et à ce jeu.

Birth of America permettant de jouer seul face à l'« intelligence artificielle » de ce logiciel, je vais me lancer là-dedans dans les prochains jours. Affaire à suivre.

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De retour dans les salons

 

Plus de deux mois sans publier ici le moindre billet. Et pourtant, je n'ai pas perdu ma passion pour le XVIIIe siècle. Je vais donc reprendre la plume pour pour partager à nouveau mes découvertes, mes coups de cœur et mes coups de griffe. Beaux livres, romans, BD, jeux, escrime, voici quelques rubriques qui vont retrouver de la vitalité avec mes prochains billets.





Lecteurs fidèles, aimables lectrices, Monsieur de C. rouvre les portes de ses salons. Prenez place !

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dimanche 13 septembre 2009

Intrigues vénitiennes


Tant qu'à prendre un pseudonyme pour écrire un roman policier vénitien, pourquoi ne pas prendre le nom d'une grande famille de la Sérénissime ? Les Loredan ont donné trois doges à la ville, dont un au Settecento : Francesco Loredan fut le cent seizième doge, de mars 1752 à mai 1762 (il était donc doge quand Casanova fut enfermé dans la prison des Plombs et s'en évada).

Le Loredan qui nous préoccupe aujourd'hui n'est pas doge, mais auteur. Et s'il n'est pas vénitien de naissance (enfin, je ne le pense pas), il semble l'être de cœur. Et amateur du dix-huitième siècle. Il s'agit du Loredan dont j'avais signalé, voici déjà quelques semaines, qu'il m'avait fait le plaisir de m'offrir un exemplaire d'un de ses romans.



Voici venu le temps que je lui rendre la politesse, non en lui offrant l'un de mes romans (il me reste encore à écrire le premier !), mais en vous disant ce que j'ai pensé de sa Nuit de San Marco (Fayard, 2009, ISBN 978-2213643441).
Je n'avais pas fait connaissance avec son héroïne, Leonora, dans le roman Leonora, agent du doge, premier volume de cette série des Mystères de Venise. Fort heureusement, la lecture du premier roman n'est pas un passage obligé avant de lire le deuxième, même si lire l'un puis l'autre apporte certainement de la profondeur aux personnages.

J'ai donc chaussé mes souliers à boucle d'argent et coiffé mon tricorne, pour parcourir Venise en suivant les mots de Loredan et les aventures de Leonora. Esprit libre et fonceuse, la demoiselle joue autant de son indépendance que de la situation sociale de son père pour jouer des coudes dans ce monde à la fois compassé et libertin qu'est Venise. Et elle va avoir besoin de toutes ses ressources personnelles et familiales, et de l'aide de quelques autres personnes à la moralité plus ou moins bien établie pour comprendre les tenants et les aboutissants de l'affaire qu'on lui a demandé de résoudre.
Un membre du Grand Conseil poignardé en pleine séance de cette illustre assemblée sans qu'aucun de ses collègues présents n'ait rien vu, voilà qui n'est pas commun.
D'ailleurs, rien n'est commun dans cette affaire. Ni les personnages impliqués, illustres ou inconnus, que croise Leonora, ni les lieux, lumineux ou sombres, dans lesquels Leonora fouine. Et Loredan sait faire vivre ces personnages, ces lieux, dans leur variété, dans leur richesse, dans leurs contrastes. Sous sa plume, Venise elle-même devient un personnage de l'aventure.

Je n'ai pas lâché de livre, de sa première à sa dernière page, porté par le style et le rythme, et si le dénouement m'a amené à me demander « n'est-ce pas un peu trop, là ? », j'ai pris grand plaisir à la lecture de ce roman. Il me reste désormais à lire le précédent... et à attendre les suivants !

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dimanche 6 septembre 2009

Mais combien de fois s'évadera-t-il ?


Des éditions d'Histoire de ma fuite des prisons de la république de Venise qu'on appelle les Plombs, de Casanova, ça ne manque pas sur le marché. Et j'en ai déjà quelques-unes.
 
Avais-je donc besoin d'une édition supplémentaire de ce livre que j'ai déjà lu et relu ? Besoin, non. Mais quand j'ai trouvé, chez le bouquiniste des étalages duquel je suis devenu un habitué, une version publiée aux éditions Jean de Bonnot (1986), je n'ai pas résisté.
 
Je n'avais jamais rien acheté chez cet éditeur-là, dont je vois pourtant souvent les encarts publicitaires dans des magazines. Mais en feuilletant ce volume-ici, je me suis vite trouvé conquis. Le format, le toucher du papier vergé et surtout les illustrations de Pieter Van der Aa à chaque page, impossible de résister. Et comme le prix était tout à fait conforme à la cote de cette édition, je ne me suis pas privé.
 


Elle rejoindra donc mes autres exemplaires dans d'autres éditions, dont un petit format publié aux éditions Allia (2007, 9-782-911-188985), que j'ai récemment acheté aussi et qui est plus pratique à bouquiner dans le train.
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Casanova, au fond !


Je m'aperçois que je ne vous ai pas encore dit ce que je pense du film Casanova de Lasse Hallström (2005).
Pour vous faire patienter jusqu'à la publication de ce billet, qui ne saurait tarder, je me permets de vous aiguiller vers un site qui propose des fonds d'écran d'ordinateur réalisés à partir de ce film. Les esprit les plus acides - dont je ne suis pas, vous le savez bien - iraient jusqu'à dire que ces fonds d'écran sont quasiment ce qu'il y a de mieux à retenir de ce film.
 
 

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vendredi 4 septembre 2009

De vous à moi

  

A en juger par les statistiques de consultation du blog, il y a (fort heureusement) plus de lecteurs que de personnes qui laissent des commentaires. Certains lecteurs voudraient peut-être donner un avis rapide sur un billet sans pour autant prendre le temps d'écrire un commentaire. Aussi, j'ai intégré au blog une fonction que j'ai repérée sur d'autres blogs et que je trouve plutôt pratique : elle offre la possibilité de donner un avis en un clic.
Vous trouverez donc au pied de chaque billet une question « Billet intéressant ? », à laquelle je vous propose de répondre par « oui », « bof » ou « non ».
Si vous souhaitez envoyer un commentaire plus développé pour un billet donné, la fonction « commentaire » reste, bien sûr, totalement opérationnel.

Désormais, vous n'avez plus aucune raison de ne pas donner votre avis !
 
 
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mercredi 2 septembre 2009

Des mots bons et moins bons



Je suis client de livres et parfois de futilités. Quand un livre joue sur la futilité, il peut m'arracher quelques sous pour l'acquérir.
Cela a été le cas avec Bons mots et phrases assassines (éditions Le chêne, collection Esprit XVIIIe, 2009, EAN 9782842779733), florilège de saillies dues à des plumes et des voix dix-huitièmistes, célèbres ou non, qui ont fait des mots quelque chose de plus redoutable que l'épée. Les amateurs du film Ridicule de Patrice Leconte, auquel j'ai déjà consacré un billet, en savent quelque chose.

Ce genre d'opuscule n'est pas à lire d'une seule traite. Il faut plutôt y piocher de temps en temps, presque en l'ouvrant au hasard, pour en savourer l'humour, l'acidité, voire la méchanceté.
La présentation de cet ouvrage est fort plaisante, par sa typographie, ses gravures, ses culs-de-lampe.
Mais, contrairement à ce qu'en dit le titre, je n'ai pas trouvé tous les mots ainsi présentés aussi percutants les uns que les autres. Certains m'ont même laissé plutôt froid. Et, pour ce qui est de la présentation, pour un livre de ce prix-là (un prix neuf affiché à 15 euros), j'aurais tout de même préféré qu'il ne fût pas imprimé en Chine et recouvert d'un plastique imitation cuir. Je veux bien qu'il y ait eu un travail de sélection des textes, et qu'il faille en rémunérer les personnes qui y ont procédé. Mais la matière première était gratuite, libre de tous droits, pour autant que je sache, et il doit bien se trouver un imprimeur capable de travailler ce format de livre sans être ruineux, en France, en Espagne ou en Italie. En tout cas sans aller le chercher chez l'empereur de Chine.




En résumé, un ouvrage sympathique mais qui me laisse mi-figue mi-raisin.
  
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mardi 1 septembre 2009

Un vieux pirate


E
ncore chez un bouquiniste, c'est Le pirate de Walter Scott qui a retenu mon attention, dans une édition de 1835. Le couverture est un peu fatiguée, en particulier son dos. Et l'intérieur est un peu piqué. Mais le prix en était très intéressant, compte tenu de ces défauts.
Le pirate est paru en 1821, et a pour cadre les austères îles Shetland et Orcades (Orkney, en anglais), au nord de l'Écosse, dont les habitants sont soumis aux méfaits du pirate John Gow et de l'équipage de son navire Revenge « armé de trente gros canons et de six d'un moindre calibre ».
Dans son roman, Walter Scott reprend des éléments de l'histoire du « vrai » John Gow, dont il se sert à une période différente : les méfaits de John Gow ont eu lieu dans les années 1720, et Scott a pris l'été 1689 comme toile de fond.
Comme dans d'autres romans historiques de Walter Scott, la toile des relations entre les différents personnages est complexe, entre le pirate repenti venu trouver dans ces îles le repos de son esprit fatigué par ses crimes anciens, les pirates nouvellement arrivés dont l'un est cruel tandis que l'autre a plutôt bon cœur, la femme qui prétend avoir des pouvoirs surnaturels et prophétiques, se trahissant ou se portant secours, sur le chemin de la damnation ou de la rédemption.
J'ai offert une petite place à ce roman dans ces salons dix-huitièmiste, même s'il est paru au XIXe siècle et que son récit porte sur le XVIIe siècle : ce Pirate est en efet fortement influencé, pour ce qui est de la description de la vie en mer et dans ces îles par The Adventures of Peregrine Pickle (1750), de Tobias George Smollett, un romancier écossais pleinement dix-huitièmiste pour sa part (1721-1771).
 
 
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lundi 31 août 2009

Héros au parfum chrétien



C'est sur l'éventaire d'un bouquiniste que j'ai trouvé, à tout petit prix, un exemplaire du livre Les héros de Québec de l'abbé Casgrain. Je l'ai feuilleté par curiosité, n'ayant aucune connaissance, au moment de mon achat, ni sur l'auteur ni sur l'éditeur.

Le bouquiniste m'a alors instruit du fait que les éditions MAME (Maison Alfred Mame et Fils), qui existent encore de nos jours après avoir changé plusieurs fois de propriétaire en un siècle et demi d'existence, étaient connues comme des éditions religieuses, catholiques, en France.
Pas vraiment de quoi m'étonner, donc, que l'auteur de cet ouvrage-ci soit un abbé. Henri-Raymond Casgrain, en l'occurrence, homme de lettres et d'Église canadien (1831-1904). Pas de quoi m'étonner non plus, à la lecture du livre, sur les nombreuses références à la noblesse de l'esprit chrétien de Louis-Joseph marquis de Montcalm et François Gaston chevalier de Lévis, les deux « héros » mis en lumière par ce livre.

Quoi qu'il en soit, ce livre, paru en 1891 sous le titre Montcalm et Lévis et que j'ai acheté dans une édition de 1931, vaut au moins pour le regard particulier porté sur ce temps et sur ces hommes. Une curiosité qui ne m'a pas ruiné, et que j'ai lue en cette période de 250ème anniversaire du siège de Québec et de la bataille des plaines d'Abraham, qui vit la mort de Montcalm et de son adversaire le général anglais James Wolfe.
 
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dimanche 30 août 2009

Casanova tire le rideau


C'est par l'intermédiaire de très belles photographies de Marlène Gélineau Payette d'une représentation de cette pièce que j'ai découvert La fin de Casanova, de Marina Tsvetaïeva.

Photographie de Marlène Gélineau Payette

Poétesse russe du début du XXe siècle, contemporaine d'Osip Mandelstam et de Boris Pasternak qui lui vouaient une grande admiration, et attachée aux œuvres d'Edmond Rostand, de Rainer Maria Rilke ou Sergueï Aksakov, Marina Tsvetaïeva a contribué au renouveau de la poésie russe dans ces années-là. Frappée par un destin tragique, dans le tourbillon de la révolution russe et dans ses malheurs personnels (son mari parti combattre dans l'armée russe blanche, sa fille morte de faim), elle quitte notre monde par le suicide en 1941, à 49 ans.

Une pièce très touchante. En cette symbolique dernière heure de 1799, frontière entre le XVIIIe siècle finissant et le XIXe siècle naissant, Giacomo Casanova, aventurier finissant, lui aussi, s'apprête à franchir la frontière entre le monde des vivants et celui des morts. C'est par licence poétique que Marina Tsvetaïeva a gardé Casanova vivant jusqu'en 1799, puisque le « vrai » est décédé en juin 1798.
En cette soirée du 31 décembre 1799, un monde s'achève, et Casanova tire le rideau sur sa vie, et en particulier sur son amour pour les femmes, sur ses amours, en jetant au feu toutes ces lettres d'amour qui le raccrochent encore symboliquement à ce qu'il a été, à la vie, tout simplement. Lui qui a voyagé dans toute l'Europe, lui dont la vitalité, le charme et l'ingéniosité lui ont ouvert les portes des palais et des cœurs, n'est plus qu'un vieux bibliothécaire dans un château presque quelconque de Bohême. Mais la flamboyance de ce feu mêle intimement la fin et la vie.
Alors que Casanova tisse ainsi, dans sa solitude, une paradoxale toile de souvenir et d'oubli, une jeune fille vient jouer les intruses, en lui déclarant son amour. Est-ce une intruse bien réelle ou une dernière divagation de l'esprit de Casanova ? Qui sait ? Et, d'ailleurs, qu'importe ? Voilà l'occasion d'un dernier amour, avant la dernière séparation. Un dernier pas vers un absolu impossible à atteindre. Un dernier pas, en fait, vers une réalité limitée par les règles du possible.

Mes souvenirs de russe scolaire sont trop loin pour me permettre de lire Marina Tsvetaïeva, mais je pense que sa langue doit donner une dimension supplémentaire à cette pièce. Le texte de la pièce peut être trouvé en langue française sous le titre Le Phénix ou La fin de Casanova (éditions Clémence Hiver, 2002, ISBN 9782905471376 ; traduction du russe par Nicolas Struve, Zéno Bianu et Tonia Galievsky).

Œuvre à la fois poétique et dramatique, de dit et de non-dit, de réel et de songe, de refus et d'acceptation, cette Fin de Casanova est particulièrement touchante. A recommander aux amateurs de Casanova et aux amateurs de théâtre et de poésie.


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  • Pour une analyse plus profonde de cette pièce, vous pouvez vous reporter au très intéressant dossier publié sur le site du Centre national des arts du Canada (document au format PDF).

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samedi 22 août 2009

Casanova sur grand et petit écran


En recoupant ma curiosité casanovienne et ma curiosité cinéphile, je me suis intéressé aux films et téléfilms qui ont mis en scène Giacomo Casanova, pour me faire une idée de l'étendue de la production à ce sujet et de la proportion de ces films que j'ai déjà vus et de ceux qui me restent à découvrir.


Pour cela, j'ai utilisé la base de données internet sur les films (Internet Movie Database), la plus complète que je connaisse. Et j'ai lancé un recherche sur les films mettant en scène un personnage appelé Casanova. J'ai complété cela par quelques pages comme celle de Mastepiece Theater sur Casanova.
Résultat : en première approche 38 films, téléfilms et reportages, entre 1918 et 2005. Il me restait alors à faire le tri pour découvrir ceux qui traitaient bien de « mon » Casanova.

Voici la liste de ceux que j'ai vus (et les liens vers les billets de ceux que j'ai déjà commentés) :
  • Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano (Casanova, une adolescence à Venise), de Luigi Comencini (1969, film italien)
  • Il Casanova di Federico Fellini, de Federico Fellini (1976, film italien)
  • La nuit de Varennes / Il mondo nuovo, d'Ettore Scola (1982, film franco-italien)
  • Le retour de Casanova, d'Edouard Niermans (1992, film français)
  • Il giovane Casanova / Le jeune Casanova, de Giacomo Battiato (2002, téléfilm franco-germano-italien)
  • Casanova, de Sheree Folkson (2005, mini-série télévisée britannique en 3 épisodes)
  • Casanova, Lasse Hallström (2005, film états-unien)


Il me reste à découvrir :
  • Casanova, d'Alfréd Deésy (1918, film hongrois, muet)
  • Casanova, d'Alexandre Volkoff (1927, film français, muet)
  • Casanova, d'un réalisateur inconnu (1928, film états-unien)
  • Loves of Casanova, d'un réalisateur inconnu (1929)
  • Casanova, de René Barberis (1934, film français)
  • Münchhausen (Les aventures du Baron de Muenchhausen / Les aventures fantastiques du Baron Munchhausen), de Josef von Báky (1943, film allemand)
  • Les aventures de Casanova (première partie : Le chevalier de l'aventure ; deuxième partie : Les mirages de l'enfer), de Jean Boyer (1947, film français)
  • Adventures of Casanova / Casanova aventurero (Le règne de la terreur), de Roberto Gavaldón (1948, film états-unien / mexicain)
  • Il cavaliere misterioso, de Riccardo Freda (1948, film italien)
  • Casanova's Big Night (La grande nuit de Casanova), de Norman Z. McLeod (1954, film états-unien)
  • Le avventure di Giacomo Casanova (Les aventures et les amours de Casanova ), de Steno (1955, film italien)
  • Casanova, de Mark Cullingham et John Glenister (1971, mini-série anglaise de 6 épisodes)
  • Cagliostro, de Daniele Pettinari (1974, film italien)
  • Le siècle des lumières, de Claude Brulé (1976, téléfilm français)
  • Casanova & Co. (13 femmes pour Casanova), de Franz Antel (1977, film franco-italo-autrichien)
  • Casanova, de Kurt Pscherer (1981, téléfilm allemand)
  • Casanova auf Schloß Dux, Martin Eckermann (1983, téléfilm allemand)
  • Die schöne Wilhelmine, de Rolf von Sydow (1984, mini-série télé allemande) [Casanova est présent dans l'épisode 1, Ewige Treue]
  • Casanova, de Simon Langton (1987, téléfilm anglo-italo-germano-états-unien)
  • Divoka srdce, de Jaroslav Soukup (1989, film tchèque)
  • Casanova, de Neil Rawles (2002, documentaire télévisé britannique pour Channel 4)
  • Fellini : Je suis un grand menteur, de Damian Pettigrew (2002, reportage franco-italo-britannique) [certaines parties touchent, bien sûr, au Casanova de Fellini]
  • Giacomo Casanova, de Richard Blank (2004, téléfilm allemand)
  • Casanova's Love Letters, de Mark Murphy (2005, série télévisée britannique)
  • Casanova's Last Stand, de Mark Murphy (2005, bonus sur le DVD des Casanova's Love Letters)

Pour l'anecdote, Casanova apparaît également dans la série télévisée Relic Hunter (Sydney Fox l'aventurière), plus spécifiquement dans l'épisode The Book of Love (Les Secrets de Casanova), de Paolo Barzman (1999, série états-unienne).

J'ai quelques doutes sur Goodbye, Casanova, de Mauro Brelli (2000, film états-unien), qui lorgne du côté du mélange des genres.

Ne pratiquant pas la langue de Goethe, j'ai du mal à savoir, en faisant des recherches sur le net, si Frag nach bei Casanova, de Peter Eschberg (1975, téléfilm allemand) tourne bien autour de Giacomo Casanova.


Il me reste donc beaucoup de films ou téléfilms à découvrir. Des difficultés se poseront à moi pour trouver des enregistrements accessibles des œuvres les plus anciennes (les films muets, par exemple) ou des œuvres plus « exotiques » (le film tchèque, par exemple), ou de compréhension de certaines autres (les œuvres allemandes non sous-titrées, notamment).


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Vous vous en doutez certainement en regardant ces listes, je n'ai pas cherché à me tenir particulièrement au fait des créations cinématographiques relevant du rayon pornographie. Je doute que ces créations-là soient d'un grand intérêt et, de toute manière, réduire Casanova à ce seul aspect racoleur est une démarche qui m'est totalement étrangère.

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mardi 11 août 2009

Musique, Monsieur de C. !


C'est l'été, les esprits se font farceurs. Un(e) inconnu(e) m'a envoyé un courrier électronique pour me signaler un disque qui devrait retenir mon attention de casanovaphile.

Ne pouvant garder pour moi une perle d'une telle eau, je viens la partager avec vous.




Si quelque fidèle lecteur ou aimable lectrice dispose de ce disque et voulait bien partager avec nous un extrait musical, j'en serais preneur, en toute curiosité. Je suis également preneur d'informations sur ledit Godefroy Liberi. Autant que je ne meure pas idiot !

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  • Des informations supplémentaires sur ce disque sont disponibles sur cette page-là.

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mercredi 22 juillet 2009

Saluons la générosité


Même quand le monde autour de vous semble se replier dans l'individualisme, la course au profit personnel, ou la mesquinerie, il y a toujours de bonne surprises qui vous consolident dans votre confiance en la générosité qui peut surgir sans crier gare.

Voici quelques semaines, j'ai reçu un courrier électronique plutôt surprenant : un auteur de romans ancrés dans la Venise du Settecento, tombé dans les salons de Monsieur de C. en cherchant des informations sur Casanova, avait été si content de cette découverte qu'il voulait m'envoyer un exemplaire de son dernier opus.

Me départissant de la paranoïa qui m'étreint généralement quant un inconnu croisé sur le net me demande directement qui je suis et où j'habite, j'ai accepté de me dévoiler. Et, plus tard qu'avant hier, j'ai reçu par courrier postal un exemplaire (dédicacé, qui plus est !) de La nuit de San Marco, roman policier signé du pseudonyme de Loredan (éditions Fayard, 2009, 978-2213643441).

Je viens d'en entamer la lecture, et les premiers chapitres sont fort plaisants. D'ici peu de temps, je reviendrai donc ici prendre la plume pour vous en dire plus sur ce roman. Comme j'en avais prévenu le généreux auteur en acceptant son offre, une telle générosité ne saurait transformer un éventuel coup de gueule en coup de cœur ; c'est donc en toute sincérité que je rédigerai mon billet.

Mais, en attendant, je tire mon tricorne au généreux Loredan !

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Le retour de la marquise pas exquise


Il y a un peu plus de deux ans, j'écrivais un billet pas très tendre sur le teléfilm de Robin Davis, Jeannine Poisson, Marquise de Pompadour.



Je ne compte pas en regarder la rediffusion ce soir, mais si certains d'entre vous veulent se faire leur propre opinion (et même venir contredire mon avis par la suite), il leur reste à se brancher sur France 2, ce soir à 20h35.

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Le salon ouvre à nouveau ses portes


Voilà plusieurs semaines que mes pas m'avaient éloigné du salon de Monsieur de C. (et de salons voisins). Non par lassitude, mais du fait d'autres occupations chronophages.

Me voici désormais de retour, avec dans ma musette de colporteur des nouveautés et des vieilleries, dont je ferai étalage sans vergogne, à mon habitude.

Je vous remercie de la patience dont vous avez fait preuve.

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dimanche 31 mai 2009

Cap sur Saint-Martin !


Le musée Ernest Cognacq, à Saint-Martin-de-Ré , présente du 4 avril 2009 au 15 mars 2010 sa nouvelle exposition temporaire, « Larguez les amarres ! », une évocation de la vie à bord des vaisseaux du XVIIIe siècle.

Ma curiosité me poussera certainement à mettre le cap sur Ré, pour découvrir cette exposition.

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  • Pour plus de détails sur l'exposition, dont le dossier de presse de 18 pages, dirigez-vous vers cette page-là.

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Lumières océaniques


Le Conseil des musées de Poitou-Charentes avait publié, en 1998, une CD-ROM sur le thème L'Océanie des Lumières, c'est-à-dire l'exploration, par les marins du XVIIIe siècle (Bougainville, Cook, La Pérouse et autres d'Entrecasteaux) de ces mers et terres lointaines.

A défaut de pouvoir mettre la main sur un exemplaire de ce CD-ROM, il reste la possibilité de visiter cette très intéressante exposition virtuelle.




Un petit regret, toutefois : l'ergonomie du site, qui ne rend pas tout à fait évidente la navigation du visiteur (un comble pour un site sur le sujet de la navigation !).

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Grain à l'huile


N'allez pas me croire plus anglophile que francophile quand il s'agit de m'intéresser aux explorateurs maritimes du XVIIIe siècle. Le chauvinisme n'est pas vraiment un corde qui vibre en moi ; j'ai plutôt la prétention d'être universaliste.
C'est donc en universaliste que j'invite à nouveau le capitaine James Cook dans mes salons. mais si je l'invite, c'est indirectement, au travers du pinceau de l'Anglais Robin Brooks. Fort talentueux illustrateur, il exerce notamment dans le domaine de la peinture de marine, marine d'aujourd'hui comme celle d'hier ou d'avant-hier.
Parmi ses séries de peintures, il en est une, consacrée au deuxième voyage de Cook (commandant le Resolution) et Furneaux (commandant l'Adventure) autour du monde de 1772 à 1775.

J'apprécie tout particulièrement sa création à l'huile représentant l'Adventure se préparant à recevoir le « grain » qui approche.

illustration de Robin Cook (voir son site)


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samedi 16 mai 2009

Soleil de printemps


Je n'ai pas vraiment l'âme d'un chasseur, et n'ai jamais pointé fronde, arc ou fusil vers un animal vivant. Mais les repas campagnards entre gens de bonne compagnie, voilà des occasions qui peuvent être très plaisantes.
Est-ce l'arrivée tardive, et peut-être temporaire seulement, du soleil dans notre ciel printanier qui me rend primesautier ? Il pourrait m'être bien agréable d'inviter fidèles lecteurs et aimables lectrices à quelque Halte de chasse façon Carle Van Loo.




A défaut de pouvoir concrétiser une halte champêtre, je me laisse aller à espérer que la fréquentation de ces salons-ci continue d'être à votre goût.

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samedi 9 mai 2009

Voilà mon oncle


Au risque de me faire siffler par mon docte lectorat, je dois reconnaître que je n'avais ni lu le roman de Claude Tillier Mon oncle Benjamin, ni vu le film qu'Edouard Molinaro en a tiré sur un scénario d'André Couteaux avec Jacques Brel dans le rôle dudit Benjamin.

Or il se trouve que j'ai mis la main sur un exemplaire de ce roman aux éditions Nilsson, avec des illustrations de Marillac qui ont tout de suite retenu mon attention. Une édition des années 1930, probablement, acheté à petit prix dans une récente foire aux livres anciens à Bayonne.

C'est donc par hasard que j'ai découvert ce roman publié en 1842 sous la forme d'un feuilleton dans le journal L’Association, à Nevers (oui, la ville de la botte... Je crois que cette ville ne se débarrassera jamais de ce cliché !). L'Association était un journal « engagé », dirions-nous aujourd'hui, qui ne ménageait pas ses attaques contre les notables et le clergé. Et cet engagement se ressent dans Mon oncle Benjamin, même si le ton général du roman est tout de même celui de la comédie virant à la tragédie plus que celui du brûlot, même s'il emprunte parfois les chemins du conte philosophique.

Étonnant médecin dix-huitièmiste que ce Benjamin Rathery, révolutionnaire avant l'heure. Bon vivant, philosophe, insolent, Benjamin vitupère les privilégiés jusqu'aux têtes couronnées les plus hautes (oui, celle d'un certain roi Louis), les pratiques sociales comme les mariages de raison ou d'affaires préférés aux mariages d'amour, les charlatans, la boucherie de la guerre. Coureur de jupons, il brûle pourtant d'amour pour une seule jeune fille, qui sait résister de mille manières à ce médecin à la réputation un tantinet paillarde.

Je n'en dévoilerai pas plus l'intrigue, mais je recommande aux esprits curieux ce roman qui mériterait d'être mieux connu. Ces esprits curieux pourrton profiter de la récente réédition du roman aux éditions Pollagoras (2007, ISBN 978-2-916818-05-4).

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lundi 4 mai 2009

Guettons les bulles à venir


Parmi les prochaines sorties dans le domaine de la bande dessinée, je vais guetter des albums au parfum dix-huitièmiste très marqué, aux éditions Delcourt.

Le tome 1 La Pierre, de la série Le siècle des ombres, de Corbeyran (scénario), Michel Suro (dessin) et Luca Malisan (couleur) doit paraître en mai. Après avoir exploré le Moyen Âge avec les 6 tomes de la série Le clan des chimères, le duo Corbeyran-Suro se lance dans Paris au XVIIIe siècle. Le site officiel de la série donne quelques indications.
1751. Sous la coupe du pape Benoît XIV, Abeau et Cylinia mûrissent leur projet : éliminer Weltman… Ce dernier, dissimulé sous le nom de baron d’Holbach, un esprit brillant résolument athée, a réuni sous son toit les plus grands penseurs de Paris pour célébrer son engagement au sein de l’Encyclopédie de d’Alembert. Ce même soir, il se voit dérober un bien très précieux : un éclat de météorite.



Avec L'île de solitude, tome 1 de la série Blanche, Thierry Chavant (scénario et dessin) et Delf (couleur), prévu en mai également, abordent la difficulté des relations entre gens de couleurs différentes dans ce siècle que l'on dit pourtant éclairé. Entre Blanche la blanche et Tournaï l'esclave noir, le fossé infranchissable du statut social, de la couleur de peau, des préjugés encore bien vivaces.






Enfin, Frédéric Brrémaud (scénario) [oui, « Brrémaud », avec deux « r » !], Lamatou (dessin) et Marie Galopin (couleur) arriveront sur les rayonnages en juin prochain avec le premier tome, Capitaine Kidd, de l'adaptation en BD de L'histoire des plus fameux pirates, récits biographico-légendaires dûs, en 1726, à la plume brillante de Daniel Defoe, caché sous le pseudonyme de Capitaine Johnson.






Voilà une jolie fin de printemps qui s'annonce.

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Les fiches de ces série naissantes sont lisibles sur le site de la Bédéthèque :
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dimanche 3 mai 2009

Portrait en négatif


Aborder Il Casanova de Federico Fellini, voilà un exercice plus difficile que celui de plonger dans les mémoires du Vénitien (et j'ai mis un certain temps à le faire, depuis que j'avais signalé mon envie). Car si Fellini s'en est inspiré, son inspiration en a été plus que libre.

En voyant, en lisant ce que Federico Fellini dit lui-même de Casanova, on comprend immédiatement que son film est un procès à charge. Il veut démasquer, dénoncer, derrière le mythe lumineux du séducteur, le personnage immature, irresponsable, ridicule, même. Au point que l'on peut se demander ce qui motive Fellini à faire ce film sur un être qu'il semble détester quasi viscéralement. Peut-on faire un bon film sur un sujet que l'on déteste ?
Il Casanova contraste vraiment avec les films précédents de Fellini. Car, si les penchants de Fellini pour la sensualité, la sexualité, sont bien présents dans ce film-ci, ils sont teintés d'une aigreur, d'une tristesse qu'ils n'ont pas dans ses autres œuvres. Presque une morbidité, et pas uniquement dans le fait que Casanova s'éteint au fur et à mesure qu'il vieillit. Dans ce Casanova, même les chairs et les esprits semblent morts.
Venise est presque absente du film, n'intervenant qu'en écho dans les souvenirs de Casanova, comme le regret d'un temps passé, plus heureux. Tandis que son cheminement vers l'Allemagne est empreint de pessimisme, de désespoir.

Fellini a-t-il projeté dans ce film ses propres angoisses ? Je ne voudrais pas me risquer dans de la psychologie de comptoir (fût-ce le comptoir du café Florian !), aussi je ne fais que soulever la question qui m'est venue en regardant ce film.

Vanité et vacuité de l'être, voilà ce qui m'a le plus marqué dans ce film fort et dérangeant.

Mais ceci ne doit pas faire oublier les qualités formelles de ce film, le grand jeu d'acteur de Donald Sutherland, la photographie de Giuseppe Rotunno.

Il Casanova est donc un grand moment de cinéma, qui ne laisse probablement personne indifférent.


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  • Un article très intéressant sur ce film, Le Casanova de Fellini, du mythe littéraire au type cinématographique, par Emmanuelle Meunier, est à lire sur cette page-là.

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vendredi 1 mai 2009

Le nouveau vol de l'Épervier


Les éditions Quadrant avaient eu la bonne idée de lancer le septième album de la série de BD L'Épervier, de Patrice Pellerin, sous forme de cahiers appelés Les rendez-vous de l'Épervier, formule dont j'ai déjà parlé ici.

Une formule comprenant 16 pages de BD (l'album complet, en 48 pages, étant donc publié en 3 cahiers) et 16 pages de « bonus », permettant aux lecteurs de découvrir les coulisses de la création d'une telle série de bande dessinée : l'auteur y dévoile ses inspirations, ses recherches techniques ou documentaires, etc.
Format peut-être un peu frustrant, puisqu'un tiers d'album de BD, ça représente finalement peu de matière à se mettre sous la dent mais, à mes yeux, ces compléments donnent beaucoup de valeur à ces cahiers.
Pour une raison que je ne connais pas, il se trouve que l'album complet, La mission, est arrivé sur les rayons des libraires avant que le troisième cahier ne soit sorti... Voilà qui revient un peu à mettre la charrue avant les bœufs, si je peux oser cette expression pleinement terrestre pour cette saga largement parfumée de mer.

Mais cette expression terrestre n'est pas vraiment déplacée pour ce septième tome de la série, puisque l'aventure est, justement, plutôt terrestre. Notre héros, Yann de Kermeur, est en effet pris dans des intrigues qui se nouent plutôt dans les couloirs de Versailles que sur la houle de l'Atlantique. Certains fans de la série pourront donc trouver que ce nouveau cycle débute sur un ton et un rythme bien différents de celui qui sous-tendait les six tomes du premier cycle. Avec cette Mission, Pellerin prend le temps de mettre en place le décor et les acteurs, avant de donner les trois coups qui vont lancer la pièce.
Après un premier cycle qui nous conduisait de Bretagne en Guyane, voici que s'ouvre un deuxième cycle qui nous conduira de Versailles à Québec. Mon impatience est donc déjà bien installée. Cependant, au rythme où paraissent les albums, compte tenu du travail très soigné de Pellerin dans ses recherches, ses dessins et ses mises en couleurs, je crains d'être prisonnier d'une impatience de longue durée.

Bah, qu'importe d'attendre, si le résultat final est à la hauteur de l'impatience ?

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Une moisson à trier


Mon mois d'avril a été peu fertile en billets dans ces salons, mais ça ne veut pas dire, pour autant, que j'ai délaissé le XVIIIe siècle ou mes lecteurs. Pendant ce silence, j'ai fait une moisson dix-huitièmiste assez variée, en BD, films, romans et ouvrages non-fictionnels, récents et moins récents.
Je vais m'atteler à trier mes impressions de ces divers voyages, et les coucher très bientôt sur le papier virtuel de ces salons.

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dimanche 19 avril 2009

Saint-George, encore


Après m'être retiré de chez le cardinal de Bernis sans oublier de lui promettre de revenir la voir, j'ai retrouvé le chevalier de Saint-George.

Cette fois-ci, c'est Alain Guédé qui m'a accompagné au long de la vie du chevalier, avec son livre Monsieur de Saint-George, le nègre des Lumières (éditions Actes Sud, collection Babel n°509, 2001, ISBN 274273449X).

A mi-chemin entre la biographie et le roman, cet ouvrage rend très vivant le chevalier de Saint-George et son parcours, mettant en exergue à la fois la multiplicité de ses talents, son charme qui emporte tout, et ses difficultés à être un Noir dans une société française qui reste très blanche malgré la percée des Lumières.

A lire pour (re)découvrir ce personnage hors du commun, et aussi pour jeter un regard sur notre propre société, aujourd'hui.

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Petit regret : je n'étais pas encore familier de ce personnage lorsque l'édition en plus grand format était parue chez Actes Sud, et j'ai donc du me rabattre, récemment, sur cette édition de poche, alors que je préfère largement les autres formats, hauts et étroits chez Actes Sud. Point de détail, mais les amoureux des livres comprendront certainement qu'on puisse ainsi préférer certains formats à d'autres.

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lundi 30 mars 2009

Un point cardinal


J
e fréquente peu les gens d'église, c'est un fait. Et, à de rares exceptions près, ils ne me donnent pas envie de les fréquenter plus. Malheureusement, parmi ces exceptions, il en est que je ne pourrai pas fréquenter du tout, à moins de croire à la possibilité de communiquer avec les morts.
Je me fais du cardinal Guillaume Dubois, personnalité éminente de la Régence, une image probablement fausse, car il ressemble plus, pour moi, à Jean Rochefort qui l'incarne dans Que la fête commence !, de Bertrand Tavernier, qu'à son portrait (pourtant certainement plus fidèle mais probablement moins savoureux) par Guy Chaussinand Nogaret.

Un autre cardinal que j'apprends à mieux connaître ces temps-ci est François-Joachim de Pierre, abbé puis cardinal de Bernis (1715-1794). C'est bien entendu Giacomo Casanova qui m'a présenté à Bernis, alors ambassadeur de France à Venise. Connaissant la facilité avec laquelle mon cher Vénitien prend quelques libertés avec les portraits qu'il fait de ses contemporains et des relations – spirituelles ou charnelles – qu'il a eues avec eux, j'ai voulu en savoir un peu plus sur Bernis au travers d'autres textes.

Je ne pouvais pas manquer les Mémoires que François de Bernis a lui-même rédigés (Mercure de France, Le Temps retrouvé, ISBN 2-7152-2192-4). Je ne suis pas naïf au point de croire que Bernis a dit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dans ses Mémoires. D'ailleurs, si cela avait été le cas, j'en aurais été franchement déçu. Surtout pour un homme d'église !
Alors j'ai dévoré ces Mémoires pour ce qu'ils sont. Le regard de cet homme pas ordinaire du tout sur lui-même, sa vie, ses contemporains. Je l'y devine fidèle en amitiés comme en inimitiés, attentif à se parer de vertus en oubliant ses vices. En fin diplomate qu'il a été, il négocie avec ses lecteurs, leur offrant ce qu'il a de mieux sans s'appesantir sur les zones d'ombres.

Mais je souhaitais avoir un autre regard sur Bernis. Pas uniquement celui de ses adversaires à la plume trempée dans le vitriol, comme le duc de Richelieu qui décrivait Bernis comme « une comète qui avait une queue très longue, mais à laquelle il manquait une tête ».
C'est Jean-Marie Rouart que j'ai donc choisi comme guide. Contrairement à ce que le titre et l'illustration de couverture, inspirée de Fragonard, peuvent laisser penser, ce Bernis, le cardinal des plaisirs (éditions Gallimard, 1998, ISBN 2-07-075264-X) est tout sauf un ouvrage centré sur le libertinage. Oui, Bernis a aimé et savouré les plaisirs de la vie, mais l'ouvrage de Rouart va bien au-delà de cet aspect-là, au point que celui-ci en devient presque anecdotique.

C'est Rouart l'homme d'esprit, l'homme d'Etat, qui est à l'honneur, capable de fines manœuvres comme de coups d'éclat. Du « renversement des alliances » (la France, ancienne adversaire de l'Autriche, en devient l'alliée, contre la Prusse, ancienne alliée devenue ennemie) à la dissolution de l'ordre des Jésuites, Bernis a été le maître d'œuvre de grands changements, heureux ou moins heureux.

Quelques autres ouvrages sur Bernis chatouillent ma curiosité, de l'Éloge du cardinal de Bernis, de Roger Vaillant au Cardinal de Bernis, la belle ambition, de Jean-Claude Desprat.

Je ne vais pas quitter de si tôt une si bonne compagnie.

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