vendredi 31 août 2007

Du style sur catalogue

Feuilletant divers catalogues et revues de décoration, ces derniers temps, j'ai cru remarquer que, parallèlement à l'éternel retour du style des années 1970 (fleurs aux couleurs criardes et formes psychédéliques) et des années 1980 (entre atelier industriel et station spatiale), le style dix-huitième revient lui aussi, dans des créations d'aujourd'hui. Créations ou plutôt re-créations, puisqu'il s'agit, le plus souvent de reproduire assez fidèlement des modèles Régence, Louis XV ou Louis XVI.





C'est peut-être là une manière de faire entrer des meubles de ces styles dans un intérieur sans se ruiner. Ses reproductions sont-elles plus froides, avec moins d'âme, que les originaux ? Je ne saurais le dire. Certaines, dans les prix les plus bas, sont peut-être un peu trop bien usinées, chantournées selon des gabarits précis à la fraction de millimètre, pour éviter de passer du temps à l'ajustage des pièces. Mais sont-elles pour autant moins honnêtes que des reproductions qui ne disent pas leur nom et sont artificiellement patinées pour devenir ce qu'elles ne sont pas et entourlouper le béotien ?

Pour ma part, je ne regarde pas ces meubles ou leurs acheteurs avec condescendance.

Ce serait prendre le risque de me regarder moi-même avec condescendance, s'il me venait l'idée d'en acheter un !

mercredi 29 août 2007

Souriez, vous n'êtes pas filmés

S'il y a bien une chose que je n'aime pas faire, c'est prendre les gens en traître. Aussi, je ne vais pas vous cacher qu'à compter de ce soir, j'utilise l'outil Google analytics pour recueillir des informations sur la fréquentation de ce blog. J'apprécierais, en effet, d'avoir une idée du nombre de visiteurs, des pages consultées, des temps de visite. Non pas pour le seul plaisir de compter et recompter, mais pour essayer d'en tirer des éléments pour éventuellement améliorer ce que je propose, améliorer aussi le référencement du blog, sa visibilité, etc.

Cependant, je tiens à vous assurer que je ne cherche, en aucune manière, à recueillir des informations sur les visiteurs eux-mêmes. J'ai le plaisir d'échanger des commentaires sur des blogs, des messages sur des forums et des courriers électroniques avec certains visiteurs assidus et moins assidus, et ceci me convient très bien.

Ne voyez donc pas cet outil d'analyse comme une sorte de Cabinet noir surveillant les allées et venues, les correspondances.

Mais si cela devait vous horripiler au point de vous faire fuir, alors je n'hésiterai pas : je choisirai de vous inviter à rester ici et ferai cesser le suivi.

mardi 28 août 2007

Adam prend la poudre d'escampette

Il en va des surprises comme des bouteilles : certaines sont bonnes, d’autres moins bonnes.

Lors de mes vacances dordognaises, je m’étais laissé aller à acheter un roman anglais en étant séduit principalement par sa photo de couverture, et par la lecture en diagonale de la quatrième de couverture. Je l’avais pris en me disant « voyons la surprise que cela me fera », et je l'avais mis dans ma pile de lecture.

Maintenant que j'en ai terminé la lecture, permettez-moi de vous en dire quelques mots.

Le roman Adam Runaway, de Peter Prince (Bloomsbury Publishing, 2006, ISBN 9780747582946), fait partie des très bonnes bouteilles : un arôme riche sans être lourd, une belle longueur en bouche, et juste assez d’acidité pour vous titiller les papilles sans vous faire faire la moue.

Loin des décors londoniens parcourus de long en large dans d’autres romans, c’est dans Lisbonne que nous transporte ce roman, au début des années 1720. La coterie des marchands anglais est bien implantée dans la capitale portugaise, tandis que les troupes du roi George I d’Angleterre prêtent main forte aux Portugais de João V contre les Espagnols. Mais l’explosion de la « Bulle des Mers du Sud » a ruiné plus d’un spéculateur anglais, tant à Londres qu’à Lisbonne. Adam Hanaway, jeune Anglais récemment arrivé à Lisbonne, essaie de redresser la barre de sa famille, touchée de plein fouet par ce « krach » boursier. Et il est pris dans un jeu complexe, jeu de dupes et de faux-semblants, jeu de séductions et de passions, jeu de douceurs et d’amertumes.

Le récit alterne les chapitres en vue subjective, racontés par Adam Hanaway, et des chapitres en vue objective, centrés sur d’autres personnages. Une structure particulièrement prenante, puisqu’elle met en lumière les traits de caractère de ce « héros ». Rien d’héroïque en lui, à vrai dire. Adam Hanaway, dont le savoir-faire à prendre la poudre d’escampette dès que les difficultés se font jour est si grand qu’il l’a amené à être surnommé « Adam Runaway », « Adam la Fuite ». Fuyard et en même temps condescendant, il en deviendrait presque antipathique. Et pourtant, il arrive à être attachant.

Sans que la comparaison porte sur les trames des récits, j’ai retrouvé là quelques éléments de ce que j’aime dans le film Barry Lyndon. Une manière de peindre les choses qui démontre que la frontière est ténue entre courage et compromission, entre promesse et trahison.

Je me suis régalé de ce roman, écrit dans un anglais fort savoureux, et avec une touche de cynisme délectable. A ce jour, il n’a pas été traduit en français ; j’espère qu’un éditeur hexagonal le proposera dans la langue de Rousseau, car ce livre devrait séduire plus d’une personne, de ce côté-ci de la Manche.


* * * * *
Pour l'anecdote, je préfère largement la couverture de l'édition de poche que j'ai achetée (1ère en partant de la gauche), à celle de l'édition originale en plus grand format (2ème en partant de la gauche), où le décolleté avantageux surmontant la perspective de Lisbonne me semble un peu trop racoleur et surtout donne une fausse idée du roman. Une autre couverture (3ème en partant de la gauche) me semble plus conforme à l'ambiance du livre (les intrigues derrière la façade).

dimanche 26 août 2007

Sommes-nous bien d'accord ?

Aimable lectrice, cher lecteur, vous êtes peut-être arrivé(e) jusqu'ici par hasard, au détour de déambulations sur la toile, de lien en lien, en musardant. Vous êtes peut-être perdu(e). Ou pas.
Je vous propose donc un petit test pour vous aider à déterminer si vous pouvez rester dans ces salons ou si vous devriez les fuir sans attendre.

De ces trois portraits, un seul représente vraiment l'élégance masculine dans le costume. Lequel est-ce, selon vous ?


[premier en partant de la gauche] Si vous avez désigné le portrait de Paul Stuer de Caussade; marquis de Saint-Megrin (école française, XVIe siècle), vous m'étonnez. Enfin, voyons, des chausses moulantes que même Errol Flynn aurait évité de porter, et cette fraise, vous avez vu cette fraise ? Allez, je suis bon joueur, vous avez droit de tenter à nouveau votre chance.
[source de l'illustration]

[deuxième en partant de la gauche] Rassurez- moi, vous ne pouvez pas avoir choisi le portrait de ce jeune gentilhomme par Louis Ferdinand Elle autrement que par goût de la facétie. Perruque débordante, veste tombant comme un tapis, profusion de rubans, et chapeau que je n'ose qualifier. Vous ne voulez vraiment pas en choisir un autre ?
[source de l'illustration]

[troisième en partant de la gauche] Si votre élan vous a tout de suite porté(e) vers ce portrait de Guillaume Coustou par François Hubert Drouais, alors vous êtes bien à votre place dans ces salons. Je n'ai pas voulu vous influencer en choisissant un portrait plus brillant de la main de Maurice Quentin de La Tour ou de Thomas Gainsborough, et j'étais à peu près assuré que votre bon goût vous ferait pencher tout de même vers celui-ci.
[source de l'illustration]


Profitez donc de votre visite, pendant que je retourne à mes lectures dix-huitièmistes. :-)

vendredi 24 août 2007

Visiteur clandestin

 
C'est le regard d'un jeune passager clandestin que Richard Platt (textes) et Stephen Biesty (illustrations) ont choisi pour nous faire entrer dans les secrets d'un grand navire de guerre de la marine anglaise, la Royal Navy, dans le livre A bord d'un vaisseau de guerre (Gallimard, 1993, ISBN 2-07-58139-X).

Compte tenu des rudes conditions pour les marins d'un tel navire, il est peu probable que quiconque ait eu envie de monter à bord comme passager clandestin. Mais c'est un parti pris tout à fait acceptable pour un livre pédagogique, car ce sera là un regard qui ira dans chaque coin et recoin du navire.
Organisé en dix chapitres de deux pages chacun (« Larguez les voiles », « La santé à la mer », « Escale en vue », etc.) et d'un glossaire, ce livre joue avec brio la carte de l'illustration. Chaque page de droite est ainsi une coupe transversale du navire, qui permet d'en comprendre non seulement l'architecture elle-même, mais aussi les répartitions de l'espace entre les diverses fonctions d'un navire (les stockages de vivre, les lieux de vie de l'équipage et ceux des officiers, etc.).
Le navire qui a servi de base à ces illustrations n'est autre que le Victory, célèbre pour avoir eu à son bord, à la bataille de Trafalgar, l'un des plus célèbres amiraux de son temps, le talentueux, manchot, et borgne, Horatio Nelson.
Le Victory ? Nelson amiral ? Vous pousserez peut-être des cris, faisant valoir que Trafalgar n'est pas vraiment XVIIIe siècle. Je n'irais pas prétendre le contraire. Mais je répondrai que le Victory a été lancé en 1765, et qu'il est donc représentatif des vaisseaux de ce gabarit à cette période-à.
Même en dehors de toute passion pour les navires de guerre, ce livre est une très intéressante fenêtre ouverte sur ces grands navires, jusque dans leurs entrailles, sans oublier les aspects humains de ce château-fort naviguant.

jeudi 23 août 2007

Ce livre vaut-il un louis, et ce Louis, un livre ?

La question mériterait d'être tournée autrement, pour être un peu plus claire : quel livre me conseilleriez-vous sur Louis XVI ?

J'ai peu lu sur ce roi, auquel je dois reconnaître m'être peu intéressé jusqu'à présent. Peut-être parce que j'ai entendu ou lu des choses si caricaturales, si extrêmes dans l'exécration ou dans l'adoration, que je me suis retenu de me plonger dans une lecture sans quelque avis préliminaire.

Et, aujourd'hui, 23 août, date anniversaire de la naissance de celui qui deviendra Louis XVI, voilà que je me demande qui me fera le connaître.

Je m'en remets donc à votre bon coeur, Mesdames, Messieurs : un conseil, bonnes gens, juste un conseil pour un pauvre hère !

mardi 21 août 2007

Premiers embruns

Le premier livre qui me vient à l’esprit pour faire découvrir les aspects les plus maritimes de la marine à voile du siècle des Lumières se trouve au rayon « jeunesse ». Enfin, quand je dis « se trouve », c’est un peu utopique. Vous ne le trouverez pas au rayon « jeunesse » d’une librairie. Il vous faudra l’emprunter dans une bibliothèque ou le chercher du côté des bouquinistes et sites de vente d’occasions. Car il est malheureusement épuisé depuis des années (mais je ne perds pas espoir de le voir réédité).

C’est un des livres de la très didactique collection « La vie privée », des éditions Hachette. En l'occurrence, La Vie privée des hommes à bord des grands voiliers du XVIIIe siècle, de Pierre-Henri Sträter (textes) et Pierre Brochard (illustrations) (Hachette, 1979, ISBN 2-01-004684-6).


Je n’ai jamais eu de honte à découvrir un sujet en commençant par un livre destiné à la jeunesse. Les efforts faits par leurs auteurs pour présenter une thématique en la rendant très abordable sont à saluer, et l’on se rend compte que la simplification ne tombe pas forcément dans le simplisme.



Ce livre est organisé, comme les autres volumes de cette collection, en courts chapitres de deux pages, riches en illustrations. Bien sûr, la maquette et l’iconographie ne sont pas comparables à ce que l’on peut trouver dans des ouvrages actuels comme ceux de la Collection Les Yeux de la Découverte chez Gallimard Jeunesse, où l’infographie apporte toutes ses facilités. Mais c’est déjà une réussite.


Alors fouillez, fouinez, et vous en trouverez probablement un exemplaire. Et vous sentirez les premiers embruns !

lundi 20 août 2007

Premiers pas dans la marine

Vaisseau, frégate, corvette, lougre, cotre, chaloupe, senau… Tourbillon d’appellations de navires.

Aspirant, maître d'équipage, lieutenant de vaisseau, intendant... Autre tourbillon d'appellations, des hommes cette fois.

Sans compter le petit perroquet, le grand hunier volant et la basse bonnette.



Faire ses premiers pas dans la marine du XVIIIe siècle peut être une épreuve impressionnante pour le béotien. Aussi, je me propose de vous indiquer, dans une série de billets consacré à ce thème, quelques clés d'entrée. Notamment au travers d'ouvrages qui vous conduiront peu à peu, étape par étape, sur ce chemin de terre et de mer, et par l'intermédiaire de textes de ma plume, vous aidant à décrypter ce qui vous semble un mystère, mais qui est, en réalité, un monde passionnant qui ne demande qu'à se dévoiler à qui sait le regarder.

Préparez votre coffre, nous levons l'ancre bientôt.

dimanche 19 août 2007

Vous fais-je un dessin ?


A
l'occasion des animations autour de Fanfan la Tulipe à Laas, j'ai découvert le travail d'un illustrateur au travers de planches uniformologiques et d'un jeu de 32 cartes. J'avais probablement aperçu des réalisations de Pierre Joux dans des revues comme Vae Victis dont je suis fidèle lecteur, mais je dois reconnaître que je n'avais pas poussé la curiosité jusqu'à rechercher d'autres productions éventuelles de cet illustrateur.
Découvrir ses planches a donc été l'occasion de me pencher plus en détail sur ce travail.

Si j'apprécie les planches uniformologiques, et notamment celles de Michel Pétard (rappelez-moi, s'il vous plaît, de donner un coup de lanterne sur cette plume magistrale), celles de Pierre Joux m'ont plus particulièrement attiré parce qu'elles ne se contentent pas de présenter un soldat en uniforme dans une position guindée, façon mannequin de musée. Bien au contraire, les soldats de Pierre Joux, officiers ou hommes du rang, sont mis en situation, que ce soit une scène de famille, une discussion de taverne ou une rencontre un peu leste avec une paysanne peu farouche.

Facilité offerte par l'internet, quelques minutes avec un moteur de recherche m'ont permis de trouver le site internet de Pierre Joux, et de découvrir plus largement son travail.
Je vous encourage à en faire autant, vous tomberez peut-être sur quelque chose d'insoupçonné. C'est ainsi que j'ai appris l'existence d'une bande dessinée ayant pour cadre Venise en 1796. BD qui n'est pas référencée sur le site de la Bédéthèque. Imaginez donc mon « il me la faut ! » en parcourant les quelques planches de démonstration.

Prenant ma plume (électronique, c'est vrai), j'ai écrit hier à Pierre Joux pour solliciter l'emploi d'une de ses images pour illustrer ce billet que je préparais. Moins d'une heure plus tard, je recevais une réponse, triplement agréable en ce sens qu'elle était positive, qu'elle contenait une série d'images dont je peux disposer pour illustrer le message, et qu'elle s'accompagnait d'un compliment sur ce blog.
Il n'est pas question que j'abuse d'une telle générosité, aussi je n'ai retenu que deux illustrations : une carte extraite du jeu de 32 cartes de la série Louis XV, et une planche « uniformologique mise en scène ». J'espère ainsi vous donner la curiosité d'en savoir plus sur cet illustrateur.

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samedi 18 août 2007

Folie douce

Je m'aperçois, à ma grande honte, que j'ai totalement oublié d'écrire un billet sur un forum dix-huitièmiste que je fréquente depuis quelques mois déjà. Oh, je ne lui avais pas refusé toute mention chez Monsieur de C., puisque vous le trouvez dans les liens sur la page d'accueil, parmi les gens de bonne compagnie. Mais un petit billet spécifique ne serait pas une tâche insurmontable, et ce forum-là le mérite.
Il s'agit de La folie XVIIIeme, qui rassemble des passionnés de cette période, et qui offre des salons dans lesquels les discussions sont ouvertes sur mille un aspects de ce siècle, jusque dans ce qu'il inspire de nos jours. Bref, au lieu d'être dans un espace un peu égoïste comme chez Monsieur de C., c'est un espace de plus grand partage.


Comme je me sens à l'aise dans le forum autant que dans ce blog, je ne quitterai pas l'un pour l'autre, ni l'autre pour l'un. ;-)
Et j'invite tout un chacun à venir fureter dans les salons de la Folie XVIIIeme. Je serais bien étonné qu'il ne s'y trouvât pas quelque discussion qui vous intéresserait.

vendredi 17 août 2007

Fanfan était bien en Béarn... et moi aussi

J'avais signalé, voici quelques semaines, mon intention de me rendre à Laas, en Béarn, pour assister aux animations qui s'y déroulaient, sous l'égide de Fanfan la Tulipe. Et mon intention de vous faire partager ici mon ressenti après y être allé.

M'étant rendu à Laas dimanche dernier, tenant ainsi la première moitié de cette double promesse, je prends maintenant la plume pour en tenir la deuxième moitié.

Premier élément favorable à cette journée fanfanienne, il faisait un temps très agréable. Certes, quelques nuages tentaient de voiler le ciel, mais le soleil se défendait bien.

















Deuxième raison d'être content, le site est bien beau, avec, à l'entrée, un parc laissant de beaux espaces et des arbres majestueux offrant de l'ombre pour le pique-nique du midi. Plus loin, des jardins à la française élégants sans être chargés. Et un jardin-terrasse permettant une vue plongeante sur une boucle du gave d'Oloron.

Le « château » lui-même est une belle gentilhommière fin XVIIe siècle, bâtie là où se sont tenus plusieurs châteaux victimes des guerres successives qui ont frappé le Béarn, et notamment les guerres dites « de religion », des temps où il ne faisait pas bon être catholique en terre protestante. La visite guidée, menée à un pas rapide, nous a un peu laissés sur notre faim, car elle ne permettait pas de goûter aux détails. Nous envisageons donc d'y retourner à une période plus tranquille - cet automne, par exemple – pour mieux la savourer.
A noter, dans l'entrée du château, un tableau qui m'a tout de suite sauté aux yeux. J'ai d'abord cru que c'était une simple copie, mais les guides m'ont détrompé : il ne s'agit point d'une copie, mais du tableau préparatoire à la superbe Halte de chasse de Carl van Loo.

[Ce tableau est visible en plus grand format sur le site de l'Agence photographique de la Réunion des musées nationaux : suivez ce lien.]

Heureuse surprise que de se trouver nez à nez avec un tel travail !


Mais ma principale motivation pour venir à Laas était de découvrir ces animations autour de Fanfan la Tulipe. Force est de constater que, si Fanfan était bien là, cela dépassait largement ce seul personnage. Les animations étaient en effet assurées par une association, Les Sentiers de l'histoire, qui vise, entre autres, à faire revivre des aspects de notre histoire au XVIIIe siècle. La perspective retenue pour cela est celle du régiment du Béarn (de quel autre pouvait-il s'agir ?!), dont il se trouve qu'il a été envoyé de l'autre côté de l'Atlantique au moment de la guerre de Sept ans, dans ce que l'on appelle parfois la guerre franco-anglo-indienne.

A ces hommes du régiment de Béarn s'ajoutent leurs adversaires du 60th Foot en habits rouges, et des alliés ou adversaires indiens, Abenakis et Iroquois. L'association voulant dépasser la seule représentation d'aspects militaires, la porte est grand ouverte à la reconstitution de personnages civils.





Que dire sinon que j'ai été séduit non seulement par le travail représenté (les costumes, les attitudes, les simulations d'embuscades, etc.) mais aussi, voire surtout, par l'évident plaisir que les membres de l'association prenaient à leurs propres activités et à la transmission de ce plaisir aux visiteurs, aux spectateurs ?

Séduit au point de vouloir rejoindre l'association Les Sentiers de l'histoire ?

Vous croyez ? ;-)

Je vous en dirai peut-être plus dans quelques semaines. Mais il se murmurait, sur une rive du gave d'Oloron, à défaut d'une rive du Saint-Laurent, que le régiment du Béarn compterait peut-être une nouvelle recrue. Un Basque dans les rangs du Béarn, le clin d'oeil ne manquerait pas de saveur.


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J'ai sollicité l'autorisation des membres de l'association Sentiers de l'histoire pour illustrer cet article de quelques photos supplémentaires que j'ai prises ce jour-là, mais sur lesquelles les personnes sont très reconnaissables. Ne voulant pas empiéter sur le droit à l'image de ces personnes, je ne les publierai pas sans leur autorisation.

mercredi 15 août 2007

Sir Walter, je présume ?

En ce 15 août, je ne me livre pas à des célébrations mariales (je suis plutôt du genre à aller tirer un coup de tricorne au chevalier de La Barre...), et j'ai plutôt une pensée pour Walter Scott, Sir Walter, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire. Le 236ème, pour être précis.

La quasi-totalité de son oeuvre a été créée au XIXe siècle, cependant je lui garde ici une place particulière, non pour l'ensemble de son oeuvre (je n'ai pas la prétention de la connaître toute), mais pour son roman Rob Roy (1818), qui a pour cadre la rébellion jacobite au début du XVIIIe siècle.

La lecture de ce roman n'est pas toujours aisée, et le récit peut même en paraître décousu, voire inachevé, à certains. Aussi, au risque de paraître inconvenant, je conseille à ceux qui seraient tentés de s'y plonger mais sans l'oser, de commencer par regarder le film qu'en a tiré Michael Caton-Jones (1995) avec dans les rôles principaux Liam Neeson, Jessica Lange, John Hurt.
Je reviendrai sur ce roman et ce film dans de prochains billets mais, pour l'instant, je vais en rester à porter un toast à l'auteur, ce qui était l'objet premier de mon message.

Happy birthday, Sir Walter!

mardi 14 août 2007

En visite chez Denis

S'il y a bien une oeuvre qui ne cesse de m'étonner, dans toute la production du XVIIIe siècle, c'est celle de l'Encyclopédie. Et bien des regards se sont portés et continuent à se porter sur ce monument. J'ai récemment découvert le site internet de la Société Diderot, qui encourage et publie les études et recherches sur Diderot et l'Encyclopédie.

Si les numéros récents de la revue ne sont accessibles qu'aux abonnés, en dehors de résumés publiés sur le site, les anciens numéros sont disponibles pour tout un chacun, en texte intégral au format PDF. De quoi nourrir plus d'un curieux. Dont moi.

Je retourne de ce pas feuilleter leurs archives !

dimanche 12 août 2007

Promenade patchwork

Pour écrire ses livres historiques sur le XVIIIe siècle (par exemple, L'Encyclopédie de Diderot et de Jaucourt : Essai biographique sur le chevalier Louis de Jaucourt, en 2000 ; Le chevalier de Vivens. Un philosophe des Lumières en Guyenne, en 2000 également ; Le règne des femmes, 1715-1793, en 2001), Jean Haechler s'est assurément plongé dans une masse considérable de textes de l'époque. C'est d'ailleurs ce qu'il dit clairement dans la dédicace de sa Promenade dans le XVIIIe siècle (Nil Editions, 2003, ISBN 2841112837).

Peut-être déçu de ne pas avoir pu valoriser toute cette richesse dans ses ouvrages plutôt académiques, il a choisi la voie du roman, écrivant le journal apocryphe d'un homme tenant la plume de la mort de Louis XIV en 1715 à un fatal coup de guillotine en 1793, au long d'un siècle de lumières et de ténèbres.
Je n'ai pas la mémoire exacte de ce que j'ai lu, moi aussi, comme mémoires et journaux personnels de cette époque ou d'anthologies de ce types de texte (dont certains que j'ai cités dans des billets de la série « mémoires »). Mais j'en ai lu un certain nombre déjà, et je n'étais probablement le « bon » lecteur pour ce livre de Jean Haechler. Je n'étais peut-être pas assez neuf sur le sujet, et cette promenade m'a laissé un net goût de déjà-vu, du fait de sa construction même, mosaïque d'emprunts aux mémorialistes de l'époque, dont la liste est portée dans la bibliographie de l'ouvrage.
En revanche, pour qui serait béotien en la matière, voilà un roman qui brosse le portrait de ce Siècle en regard subjectif. Et qui peut donner envie de lire les textes originaux dont sont extraits les éléments qui ont servi à construire cette mosaïque.

samedi 11 août 2007

Retrouver L&M

Lagarde & Michard, le genre de duo dont le seul énoncé du nom est capable d'arracher des soupirs à des classes entières de collégiens ou lycéens. Et je dois dire que j'avais gardé des souvenirs mitigés de ces duettistes, ou de leurs manuels. Ou, plutôt, devrais-je dire, de la façon dont leurs manuels avaient été employés par certains de mes enseignants de français.

Mais, récemment, il m'est venu l'envie de les redécouvrir et, plus précisément, de redécouvrir le tome consacré au XVIIIe siècle, en l'achetant chez un bouquiniste relativement spécialisé dans les manuels scolaires.

Ma première curiosité, anecdotique s'il en est, fut de découvrir leurs prénoms. Derrière Lagarde et Michard, il y a André et Laurent. Fichtre ! Savoir que ces deux noms ont des prénoms, voilà qui leur donne une humanité que je ne ressentais pas en entendant « Lagarde & Michard » sur les bancs du lycée. « Lagarde & Michard », ça faisait plus froid, comme un écho de « Smith & Wesson ».

Sorti de l'anecdote, je me suis pris à feuilleter le manuel. A revoir non seulement ces textes choisis (de Fontenelle à Rousseau, en passant par Marivaux), mais les notes, les mises en contexte, et les illustrations (Watteau, Lancret, et autres Moreau). Puis je suis passé du feuilletage à la lecture. Et c'est avec un regard bien différent de celui du lycéen que j'ai lu ce livre, un regard nourri de curiosité « volontaire » et non d'obligation et, croyez-moi, cela fait une grande différence.

Je pense que je n'avais pas, à l'époque, les clés pour comprendre ces textes, ces auteurs, mais surtout la façon dont ils étaient révélateurs d'un monde. La sectorialisation des enseignements, les cloisons quasiment hermétiques entre les différentes disciplines d'un programme scolaire empêchent d'appréhender les liens entre une situation politique, un courant de pensée philosophique, une mode picturale. Il manque une mise en perspective, une façon de découvrir ce grand ensemble.
C'est un peu comme pour un jardin à la française : si vous le regardez en étant au niveau du sol, vous ne percevez que des détails. Mais montez à l'étage du château et observez le jardin de plus haut, et vous en percevrez les motifs d'ensemble.

Lagarde & Michard, André & Laurent, vous ne lirez probablement pas ce billet, mais il fallait que je le dise : en vous lisant aujourd'hui, je vous vois bien différemment. Pour vous apprécier, il fallait que je vous voie de plus haut.


Lagarde et Michard, Littérature du XVIIIe siècle - Les Grands Auteurs français du programme - Anthologie et Histoire littéraire (Bordas, 1993, ISBN-13: 978-2040162139)

vendredi 10 août 2007

Quand la noblesse me monte au nez

Au cours de mon escapade en Dordogne, j'ai mis la main sur un petit livre publié aux éditions Ouest France (2002, ISBN 2-7373-2629-X), sous la double signature de Pierre-Gabriel de la Guette et Marc Déceneux : La Noblesse en France. Son histoire, ses règles, son actualité.
Le sommaire m'avait semblé intéressant, et un feuilletage rapide avant achat m'avait permis de voir que plusieurs points pouvaient m'apporter un éclairage sur les différents anoblissements (par lettres, par charges, etc.) ou sur les droits et devoirs de la noblesse, dans le cadre de mes réflexions sur le XVIIIe siècle surtout.
La lecture dudit ouvrage s'est révélée instructive sur ces aspects là. Mais certains passages m'ont fait bondir, me donnant une envie subite et viscérale d'aller trouver les auteurs pour leur donner la bastonnade, histoire de leur faire ravaler leur condescendance et leur reposer les pieds sur la terre républicaine. Je ne sais lequel des deux, le médiéviste (Déceneux) ou le vieux noble (La Guette) a le plus tenu la plume pour écrire ce qui suit, mais je suis prêt à les rosser tous deux à égalité, dans ma grande générosité.

"L'annexion, par un petit groupe d'hommes, des richesses et des pouvoirs est un phénomène biologique naturel, propre à tous les animaux sociaux qui viennent selon des hiérarchies pyramidales : lorsqu'une meute de loups a capturé une grosse proie, ses membres ne viennent au festin que dans l'ordre de préséance déterminé par la gradation de leur qualité de dominants ; le chef mange le premier et les meilleurs morceaux, les plus faibles et les plus timorés se contentent des restes. Cependant, nous ne poursuivrons pas de telles comparaisons phylogénétiques, car elles nous entraîneraient dans des simplifications abusives et de stériles (et dangereuses !) caricatures. Plus modestement, nous nous cantonnerons aux données historiques connues pour nos sociétés occidentales."

Il ne faut pas manquer d'air pour ouvrir la partie « Historique » du livre avec une telle prose.
En premier lieu, parce que, pour autant que je sache, le pouvoir de certains hommes sur les autres n'est plus établi, depuis bien longtemps (bien longtemps avant les débuts de la féodalité, même) sur des hiérarchies biologiques comme chez les animaux. Chez l'homme, le plus riche n'est pas forcément le plus costaud, même sous Clovis, même sous Louis II.

En deuxième lieu, parce que ces deux plumitifs semblent oublier que, chez les animaux, et en particulier au sein d'une meute de loups puisque c'est l'exemple qu'ils ont retenu, la hiérarchie est fréquemment remise en question, au moins à chaque saison de reproduction. Je ne veux pas dire qu'elle change à chaque saison de reproduction, mais que des individus placés plus bas dans la hiérarchie tentent de prendre la place du mâle dominant. A défaut de l'avoir appris dans leurs pratiques respectives d'histoire de l'art et de généalogie, les deux compères peuvent le découvrir dans presque n'importe quel documentaire animalier diffusé par les chaînes télévisées.
Or, que je sache, dans la société humaine (post Cro-Magnon, dirais-je, pour caricaturer), le renversement de hiérarchie ne se fait pas majoritairement à coups d'affrontements physiques directs du dominant et du prétendant. Et certainement uniquement à la saison du rut (en tout cas depuis que l'homme, en évoluant, n'est plus limité à une seule période de rut dans l'année...). Si cela avait été le cas, je doute que nous ayons gardé, en France, une société féodale jusqu'à la fin du XVIIIe siècle (Charles IX ou Louis XIII – pour ne citer qu'eux – en costaud chef de meute, j'ai des doutes).

Enfin, et pour m'en tenir à quelques éléments sans tout démonter pièce par pièce, je me gausse de cette rhétorique, à peine digne d'un avocaillon de mauvaise série télé. Asséner des énormités, puis se retrancher derrière l'argument spécieux de ne pas les développer pour ne pas être abusivement simplificateur, cela relève, au mieux, de la farce. Le courrier que je leur prépare sera, soyez-en assurés, d'une tout autre solidité argumentaire, y compris sur les questions de biologie, qui sont un de mes domaines professionnels.

jeudi 9 août 2007

Un pirate au creux de la main


La firme Pilipili produit des miniatures aux poses pleines de vie et d'une grande finesse de gravure. Plusieurs d'entre elles m'ont fortement impressionné, et parmi celles-là, en voici une particulièrement évocatrice de mes souvenirs de lecture de l'Ile au trésor et des illustrations de Wyeth.

Mon talent de peintre ne me permet pas de transformer une figurine de métal de 120mm de haut (échelle 1/15e) en une telle œuvre. Aussi, je préfère vous montrer, là encore, sa mise en valeur par un peintre de grand talent.




Pour les explications sur les échelles des miniatures, vous pouvez vous reporter à mon précédent billet sur ce sujet.

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Note : La photo reproduite ici est propriété de Pilipili. L'utilisation que j'en fais est destinée à présenter cette création, et non à enfreindre les droits de propriété qui y affèrent.

Crayon artiste

J'apprécie grandement les peintres qui manient la couleur, la lumière et les ombres, et les toiles abouties. Mais il m'arrive souvent de préférer les croquis, les esquisses, les dessins préparatoires aux tableaux eux-mêmes. Peut-être parce que j'y perçois plus de spontanéité, la capacité à faire naître un mouvement, une expression, en quelques coups de crayon, de plume ou de fusain.

Comment résister, dans ce cas, au livre de Pierre Rosenberg, Du dessin au tableau. Poussin, Watteau, Fragonard, David & Ingres (Flammarion, 2001, ISBN 2080106562) ?

Evidemment, un ancien directeur de Louvre qui vous invite à comprendre un tel sujet, en convoquant sous vos yeux les réalisations de tels artistes, voilà qui compose de belles fondations. Ajoutons-y des textes à la fois riches et abordables, une maquette agréable pour les yeux et une iconographie abondante, et nous tenons en main un beau et bon livre.
Pierre Rosenberg ouvre des fenêtres sur ces oeuvres, pour nous aider à les comprendre, à les apprécier. Mais il sait aussi soulever un coin du voile sur les artistes eux-mêmes, leur vie personnelle, ou encore leur façon de conserver ou au contraire d'oublier leurs propres dessins.

Avant de lire ce livre, je savais simplement que j'étais grand amateur de ces dessins. Après avoir lu et relu le livre, je crois que je commence à comprendre pourquoi.

mercredi 8 août 2007

Affaires audacieuses

Ouvrir un roman sur un chancre de syphilis, il faut oser. Diana Gabaldon a osé, avec Une affaire privée (Presses de la Cité, 2003, ISBN 2-258-06335-3 ; titre original : Lord John and the Private Matter).

Des billets antérieurs ont déjà fait état de romans policiers ayant pour cadre l'Angleterre du XVIIIe siècle, sous la plume de Deryn Lake ou de Bruce Alexander. Celui d'aujourd'hui est un peu différent, puisqu'il ne fait pas partie d'une longue série (à ce jour tout au moins).
Sa lecture me laisse une impression inégale.
L'intrigue en elle-même est assez plaisante. Je n'en dévoilerai rien ou presque, pour ne pas rompre le suspense, mais j'en dirai simplement que secrets d'état et passions amoureuses s'y mêlent et s'emmêlent, sur fond de rivalité en l'Angleterre et la France en pleine guerre de Sept Ans. Et le récit m'a permis de découvrir des aspects de la société londonienne que je méconnaissais jusque là, sans pour autant les ignorer totalement.
Mais le ton du récit n'arrivait pas toujours à me tenir en haleine. Je n'arrive pas à analyser clairement ce qui m'a produit cette sensation, mais c'est un ressenti global. Peut-être est-ce dû au fait que ce roman est en partie lié, par certains de ses personnages, à une série écrite par Diana Gabaldon, Le chardon et le tartan, où l'histoire se mêle au voyage dans le temps. N'ayant pas lu cette série, j'ai été incapable de bien comprendre certains passages du roman qui y font très probablement référence. Un peu comme si je me sentais étranger à une communauté de lecteurs liés par une complicité établie par ailleurs.

A vous de vous faire votre propre idée.

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Le site internet de Diana Gabaldon.

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mardi 7 août 2007

Mme de Pompadour, vue d'Italie

Au hasard de pérégrinations sur la toile, je suis tombé aujourd'hui sur un site internet italien, administré par Lorenzo Crivellin, de Turin, et consacré à la Marquise de Pompadour et à son époque. Pour l'instant, je n'ai fait que le "feuilleter", mais il me semble très riche à première vue, et je compte bien l'explorer en plus grand détail prochainement.


Soulignons l'effort fait par le créateur de ce site pour le mettre à disposition des visiteurs en italien, bien sûr, mais aussi en français et en anglais.

Choisissez votre langue, et en avant pour la visite !

Dans la pile de lecture

Comme il me restait un peu de place dans ma pile de romans à lire, en voici deux, d'ambiance dix-huitièmiste, qui viennent de rejoindre ma bibliothèque personnelle :

- L'Ombre des voyageuses, de Pierre Pelot (Editions Héloïse d'Ormesson, 2006, ISBN 2-35087-026-X), acheté parce que j'aime l'écriture puissante de Pelot ;






- Adam Runaway, de Peter Prince (Bloomsbury Publishing, 2006, ISBN 9780747582946), acheté lors de mon escapade dordognaise (en pays reconquis par les Anglais ;-) ), en m'étant laissé attirer par la couverture et par cette promesse d'histoire se déroulant au Portugal.






Ajoutons à cela une infidélité au XVIIIe siècle, avec mon achat des Carnets retrouvés de Don Juan, de Doug Carlton Abrams (Editions du Rocher, 2007, ISBN 978 2 268 06260 0), qui avait été pointé dans un commentaire anonyme d'un précédent billet.