mercredi 19 décembre 2007

Moonfleet by Lang

Quand Fritz Lang réalise Moonfleet (1955, sorti en France en 1960 sous le titre Les contrebandiers de Moonfleet), il ne se contente pas de traduire en images animées le roman éponyme de Falkner. Il s'inspire du roman, mais crée une oeuvre nouvelle. Et quelle oeuvre ! Bien sûr, un metteur en scène peut, dans sa carrière, réaliser du bon et du moins bon, mais le Fritz Lang de Moonfleet est bien celui du Docteur Mabuse et de M le Maudit : un grand metteur en scène.

Film du changement pour Fritz Lang (il revient à la MGM, il tourne pour la première fois en Cinémascope), Moonfleet aussi un film que Lang ne savait pas aimer, argüant notamment du fait qu'il n'était pas responsable du montage définitif et que le dénouement n'était pas celui qu'il aurait voulu tourner. Et pourtant, ce Moonfleet est un grand film.

Mais il ne faut pas se laisser tromper. Même s'il offre son comptant de duels et de chevauchées, Moonfleet n'est pas un film d'aventures trépidantes, un film de cape et d'épée bondissant. Je le vois plutôt comme un film stylisé (une impression renforcée par le tournage en studio), comme un théâtre d'ombres. Il est assez étonnant, par ailleurs, de voir que ce film repose sur des styles photographiques assez différents, entre les visions inquiétantes de l'église et du cimetière, par exemple, et des scènes plus « barrylyndoniennes » comme des clins d'oeil aux tableaux de Hogarth.


Lang n'a pas choisi d'en rester à l'opposition facile entre l'innocence de la jeunesse et la culpabilité de l'âge adulte, et il nous montre, tout au contraire, des facettes tout aussi négatives chez les différents personnages, quels que soient leurs âges. Le film me paraît empreint d'un pessimisme sur l'âme humaine, y compris dans son regard sur la jeunesse, dont l'« innocence » prend un sens second, celle d'une jeunesse plutôt ignorante et bercée d'illusions.



Alors, qu'en dire, au final ? Pessimiste ? Crépusculaire ? Beau ? Glacé ? Je ne peux pas y répondre à votre place. Il ne vous reste donc qu'à en faire vous-même l'expérience. Je suis sûr que, de toutes manières, ce Moonfleet ne vous laissera pas indifférents.


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