vendredi 22 juin 2007

Ne coupez pas !

Il y a deux ans, dans son numéro 527 (juillet-août 2005), la revue Diapason consacrait un dossier de seize pages aux castrats, sous la plume d'Ivan Alexandre. Le dossier qui aborde divers aspects du sujet, tant sur le plan de l'histoire que sur le plan du répertoire qu'ils chantaient.
La période des castrats court du milieu du XVIe siècle au début du XXe siècle, mais leur apogée couvre le XVIIe et le XVIIIe siècle, que ce soit dans les théâtres ou dans les églises. Et cela, avec la complicité de l'Eglise catholique : si la castration est interdite, Clément VIII (pape de 1592 à 1605), jouant le funambule sur un texte de l'évangéliste Jean, établit qu'il est acceptable de faire des castrats en l'honneur de Dieu. Jusqu'où les arguties théologiques ne vont-elles pas se loger...
Paradoxe de la nature humaine, les castrats, privés des attributs du mâle, gardaient une voix d'enfants mais développaient un corps d'homme adulte, et parfois même un gabarit de colosse [voir note 1]. La combinaison de cette voix cristalline et d'une capacité pulmonaire plutôt hors du commun en faisait des chanteurs aux talents extraordinaires. Autre paradoxe, malgré l'amputation d'une partie de leur virilité, n'en exerçaient pas moins une étrange attraction sur les femmes.

Le dossier nous offre également le portrait de plusieurs de ces castrats, de Ferri (« le pionnier », 1610-1680) à Moreschi (« le dernier », 1858-1922), en passant par Gizzielo (« le galant », 1714-1761). Farinelli, « le dieu vivant », de son vrai nom Carlo Broschi, se voit consacrer un double page du dossier.

Ce numéro de Diapason est encore facilement trouvable. Soit directement auprès de la revue, soit sur des sites de vente de livres d'occasion sur internet. Il me semble constituer une bonne porte d'entrée vers ces artistes si particuliers.



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[Note 1] Les restes de Farinelli ont même été exhumés en 2006 pour permettre une étude des transformations de son corps après la castration. Voir cet article-là, tiré de la revue La tribune.

[Note 2] Quelques portraits et caricatures de Farinelli, sur cette page-là.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ah, les castrats... Prodigieux! Je ne m'étalerai pas de trop, un autre de vos géniaux billets à propos du film FArinelli m'appelle!