Les frères Broschi, ça vous dit quelque chose ? Mais oui, voyons, Riccardo, l'aîné, et Carlo, le cadet. Le compositeur et le chanteur. Besoin d'un indice supplémentaire ? Le cadet est en vedette dans mon précédent billet. Oui, Carlo, dit Farinelli.
Le film Farinelli, de Gérard Corbiau (1994), avec notamment Stefano Dionisi, Enrico Lo Verso et Elsa Zylberstein, porte à l'écran une partie de la vie de ces deux frères, et du monde dans lequel ils ont évolué.
Complicité des deux frères jusque dans le partage de leurs amantes. Jalousie, aussi, entre celui qui n'est que très talentueux et celui qui est génial.
Et, au-delà, les rivalités entre les théâtres, la musique de la rue et celles des salons dorées, la puissance des mécènes.
J'ai apprécié le côté flamboyant de certains costumes, et le contraste avec des scènes où la crasse et la misère règnent en maîtresses.
Et, sans pouvoir dire si la voix reconstituée pour le film s'approche vraiment de ce qu'était la voix d'un castrat, je salue ce travail, fruit d'un savant mélange entre une voix de femme et une voix d'homme (celle d'un contre-ténor). Des informations précises sont données sur le site de l'IRCAM, qui a procédé à ce travail (sur cette page-ci ou celle-là, notamment).
Certes, Farinelli n'atteint pas la profondeur ou la puissance d'un Amadeus, mais l'histoire de ces deux frères est très touchante. En particulier le fait que l'un vive dans l'ombre de la gloire de l'autre, et qu'il "mange les miettes" qui tombe de l'assiette de son frère (que ce soit les applaudissements dans un théâtre ou le corps d'une femme dans un lit). Il y a là quelque chose de dramatique.
Mais c'est un film à découvrir ou à redécouvrir. D'autant plus facilement qu'il existe en format DVD à des tarifs tout à fait abordables.
3 commentaires:
Chose étonnante, je n'ai pas aimé ce film... Ni les costumes, ni la doublure des voix. C'est peut être dû au fait que je ne regarde plus que des films en VO...
Pour écouter un vrai castrat, il faut chercher Alessandro Moreschi, qui a chanté au Vatican fin XIXe et dont il existe des enregistrements, facilement trouvables sur Internet. C'est assez impressionant...et on entend la différence!
http://www.amazon.fr/Moreschi-Last-Castrato-Giovanni-Aldega/dp/B000000WYS
N'ayant pas l'oeil du professionnel, je suis peut-être moins exigeant sur l'aspect costumes, tant que je ne suis pas bousculé par des erreurs flagrantes.
Au-delà des éventuelles erreurs, il peut aussi y avoir des ressentis bien plus subjectifs. Et ce film-là ne m'a pas horripilé là non plus.
Pour ce qui est de Moreschi, j'ai écouté certains de ses enregistrements, et je les ai perçus plus comme un témoignage anthropologique que comme un grand moment de musique.
Voici ce qu'en dit de ces enregistrements le n°527 de la revue Diapason qui m'a inspiré le précédent billet :
"L'aphonie passagère de Caruso nous permet donc d'entendre la voix d'un castrat, certes pas du meilleur, il s'en faut de beaucoup, certes pas non plus dans des oeuvres marquantes [...], mais grandeur nature si l'on peu dire. Par-delà ses innombrables défauts, ce témoignage confirme au moins une intuition : la voix des castrats ne ressemblait ni aux voix féminines, ni aux voix enfantines, ni moins encore à celles de ce que nous appelons aujourd'hui "contre-ténor"".
J'ai beaucoup aimé ce film (cependant, pas autant qu'Amadeus... Quel régal!). Costume, mise en scène, voix... Non, vraiment, un beau film! Et qui laisse rêveur... L'on est tenté d'extrpoler un peu sur la vie de ses hommes passionnants...
Que ne sommes-nous nés plus tôt!
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