Ce jeu est toutefois un vénérable ancêtre et, s'il était déjà peu pratiqué en France au moment où il a été publié, du fait de son thème assez spécifique, je doute que quiconque le pratique aujourd'hui dans notre beau pays.
Mon coup de lampe d'aujourd'hui porte sur un jeu bien plus actuel, Pavillon Noir, de Renaud Maroy, aux éditions Black Book. Ce jeu offre un univers qui se situe « à l'autre bout » du XVIIIe siècle par rapport à Privateers & Gentlemen, puisqu'il s'intéresse principalement à l'âge d'or de la piraterie européenne dans les Caraïbes et l'océan Indien, c'est-à-dire environ 1710-1730. Pavillon Noir permet de jouer dans d'autres périodes, comme celle des flibustiers (dont la « grande » période va, grossièrement, de 1640 à 1690). Mais le cœur du jeu est bien l'épopée des pirates, celle de ces écumeurs des mers, mus par des rêves de liberté et de fortune.
Certains ont marqué l'histoire de leur empreinte, comme Edward Teach dit « Barbe Noire », William Kidd et Bartholomew Roberts, et même quelques rares femmes comme Anne Bonny et Mary Reade. Pourtant, étoiles filantes sanglantes dans un ciel noir comme leur pavillon, elles n'ont eu que des « carrières » courtes et fulgurantes, un à trois ans en général.
Pavillon Noir propose de jouer des aventures de cet âge d'or de la piraterie, en incarnant l'un de ces révoltés-pillards. Présenté de telle manière, le jeu pourrait être considéré comme s'approchant de limites dont on peut se demander s'il est opportun de les tutoyer de l'esprit, même dans la cadre d'un jeu. Endosser le costume d'un grand criminel, voilà qui peut poser question. Cependant, il faut garder présent à l'esprit que, dans le cadre d'un tel jeu, l'idée est plutôt de se projeter dans une ambiance cinématographique, un grand spectacle, à la manière des films avec Errol Flynn et Basil Rathbone, ou ceux avec Johnny Depp et Orlando Bloom, selon les préférences ou les références générationnelles, ou des ambiances moins mouvementées mais tout aussi prenantes, comme celles des contrebandiers de Moonfleet.
Pour découvrir mon ressenti détaillé de ce jeu, écrit peu de temps après la sorti des premiers livres de la gamme, je me permets de vous renvoyer à la critique détaillée que j'en ai écrite dans le n°1 des Songes d'Obéron, le fanzine de la Cour d'Obéron. Vous trouverez également dans ce numéro une interview grand format que j'ai menée avec l'auteur du jeu, un des correcteurs et un des éditeurs.
Si je devais résumer mon avis d'aujourd'hui sur le jeu et sa gamme, je dirais qu'au-delà du succès éditorial qu'il représente dans un thème qui est une niche dans le monde du jeu de rôles (les grands succès du jeu de rôles s'inscrivent plutôt dans le courant médiéval-fantastique ou dans les aventures d'horreur des années 1920), Pavillon Noir offre aux maîtres de jeu une machinerie toujours fouillée, souvent complexe, et aux joueurs une grande richesse d'aventures.
Les informations données dans les divers livres de la gamme et le recours à des ouvrages d'histoire et de géographie permettent en effet à ceux qui préfèrent sortir des sentiers battus pirates-dans-les-Caraïbes d'explorer d'autres ambiances, de celle de la contrebande entre Bretagne et Cournouailles anglaise à celle de la poursuite des navires du Grand Moghol dans les eaux de l'océan Indien, en passant par les corsaires barbaresques en Méditerranée. Il est également possible de donner à des parties de Pavillon Noir une saveur de cape et d'épée façon Le Bossu de Féval ou Le chevalier d'Harmental de Dumas, C'est ainsi que j'ai publié dans le n°2 de la revue Black Box, éditée par Black Book, le scénario Quand tombent les masques qui a pour cadre Saint-Malo.
Le vent de l'aventure souffle à vos oreilles. Vous convaincra-t-il de vous embarquer ?
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Pour en savoir plus sur la gamme constituant ce jeu, reportez-vous à sa présentation sur le site du GROG, et au site de l'éditeur.
Ceux qui pratiquent déjà ce jeu peuvent échanger expériences et conseils sur le forum dédié à ce jeu par ses fans.
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5 commentaires:
Plus je lis vos billets, plus je suis curieuse de ces fameux jeux de rôles... dont je n'ai pourtant aucune idée du fonctionnement XD
Je crois que je vais essayer de surmonter mon asociabilité et d'aller voir ce à quoi peut bien ressembler une partie chez mes camarades de prépa ^^;;;
Le jeu de rôles est un jeu de société, en ce sens qu'il rassemble plusieurs personnes pour jouer. Il est un peu différent des autres jeux en ce sens qu'il propose aux joueurs d'endosser des rôles (d'où son nom) et de faire vivre à ces rôles (on dit généralement "ces personnages") des aventures qui sont créées au fur et à mesure de la partie.
Un des joueurs, généralement appelé "maître de jeu", est chargé de faire vivre l'univers qui entoure les personnages incarnés par les joueurs. C'est donc lui qui procède aux descriptions des lieux (puisque le jeu se déroule dans l'esprit des joueurs, et non sur un écran comme pour des jeux vidéos), qui incarne les personnages rencontrés par les personnages des joueurs, qui donne des indices, etc.
Une partie de JDR repose généralement sur un "scénario", qui est la trame de l'aventure, inconnue des joueurs avant le démarrage de la partie. Les joueurs découvrent la trame au fur et à mesure qu'ils font agir leurs personnages.
Un peu comme si les joueurs incarnaient des enquêteurs qui doivent découvrir le mystère qui se cache derrière un faisceau d'indices, mystère dont le maître de jeu connaît les tenants et les aboutissants et dont il distille les indices en fonction des actions des personnages des joueurs.
Un bon moyen de découvrir le JDR est d'assister à un bout de partie, pour en comprendre les mécanismes généraux, et de demander à participer, "pour goûter".
Il existe des jeux de rôles très divers, exploitant des univers variés (du médiéval-fantastique à la science-fiction, en passant par les ambiances de cape et d'épée ou l'espionnage contemporain, et bien d'autres genres encore).
Merci beaucoup pour ces explications ! :) Je crois que je cerne mieux le machin... et ça ne me donne que plus envie d'aller voir ça de plus près ^o^
Si vous me permettez de me joindre à la conversation, je vous avouerai que moi non plus, je n'entends rien aux jeux de rôles. Quoique. (Kôôake, comme disait le regretté M. de Vos). Je dois reconnaître que le goût du déguisement, du travestissement, voire du maquillage, ne m'est pas étranger.
Mais là n'est décidément pas la question. La question ? Où est-elle ? Ah oui. Merci de me la rappeler. En ce moment, j'oublie tout. La question, donc, est celle-ci : Ah mais que voilà un blog (euh... un "journal" ? un "carnet" ?) passionnant ! Dire que j'ignorais tout de votre existence sur la toile, cher Monsieur de C. ! Mais à présent, je ne pourrai plus le dire. Je me réjouis de lire vos billets, d'autant qu'il est des rubriques, pour moi, fort alléchantes : "arts", "art de vivre", "beaux livres"...
Bon. Vous avez raison, ce n'est pas vraiment une question. On est plutôt dans l'ordre de l'exclamation. Exclamation enhousiaste, vous l'aurez peut-être noté. Mes félicitations, donc, pour ce blog de goût et d'esprit.
Cher Monsieur l'Amateur, mes flâneries sur la toile m'avaient déjà conduit jusque dans votre antre, où divers meubles exquis m'avaient fait de l'oeil. Sans compter vos détournements de portraits, que je n'ai pas manqué de trouver à la fois très bien faits et pleins d'humour.
Monsieur, je vous tire mon tricorne !
Surtout, sentez-vous libre d'entrer dans la conversation. Il serait tout à fait contraire à l'esprit dans lequel j'ai créé ces salons que d'en faire un club fermé. Certes, il y a des fidèles lecteurs qui viennent faire la conversation, et d'autres non moins fidèles lecteurs qui restent silencieux (si j'en crois le suivi de ce blog fait par Google Analytics, environ la moitié des 30 visiteurs journaliers en moyenne sont des "habitués").
Je reçois vos compliments avec grand plaisir. Je tiens ces carnets avec la seule ambition du partage de coups de coeur (le plus souvent) et de coups de gueule (le moins souvent possible, car je préfère garder mon énergie pour des choses plus positives). Mais j'apprécie également d'y mettre quelque style.
Si cela concourt à en faire un endroit où l'on se plaît à venir et revenir, alors mon but est atteint.
:-)
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