J'avais gardé, de ma première lecture des premiers tomes de la saga des Pionniers du Nouveau Monde, de Jean-François et Maryse Charles (éditions Glénat) un souvenir pas tout à fait impérissable.
A l'époque, je n'avais pas encore ce penchant fort pour le XVIIIe siècle, et ma connaissance sur l'histoire de la Nouvelle France se résumait à peu près à quelques souvenirs sur Montcalm et aux lectures des romans de Fenimore Cooper. Mieux que rien, direz-vous peut-être, mais pas grand-chose tout de même.
Et je me rappelle que je n'avais pas eu d'atomes crochus avec cette série de BD. J'étais pourtant encore très attaché au style de BD dit « franco-belge », même si ma découverte de La ballade de la mer salée d'Hugo Pratt et de Ranxerox de Tanino Liberatore m'avait ouvert les yeux sur d'autres horizons. Mais j'avais patiné en lisant les premiers albums :
- j'avais trouvé que le style de dessin à l'intérieur des livres était bien moins bon que les couvertures qui, elles, retenaient au contraire mon attention ;
- j'avais trouvé que trop de place était consacré aux textes de narration et pas assez aux images.
Peu séduit, j'avais donc tourné le dos à cette série.
Un commentaire à l'un de mes billets dans les salons de Monsieur de C. a réveillé ma curiosité. Il me fallait retourner vers cette série, la regarder avec de nouveaux yeux, maintenant que la passion dix-huitièmiste est bien ancrée en moi.
Malheureusement pour moi, la bibliothèque municipale ne disposait plus de cette saga, et j'hésitais à en acheter plusieurs albums d'un seul coup, au risque de regretter mon achat. La chance m'a souri dans le bac d'un bouquiniste itinérant, auquel j'ai pu acheter quatre des six premiers tomes (qui forment un cycle complet) pour quatre bouchées de pain.
Naviguant alors par la pensée vers la Nouvelle France, je me suis replongé dans cette série. Les années passées n'ont pas réussi à effacer toutes mes réticences, et mon ressenti a de nouveau été très partagé.
Je salue le travail de documentation qui donne beaucoup de corps à la série, le talent de Jean-François Charles comme illustrateur (on sent vite qu'il aime ces paysages du Canada), la vaste galerie de personnages savoureux, la place importante faite aux femmes dans le récit, l'utilisation des passions humaines, positives et négatives, comme moteur de la saga, et cette capacité à mêler les petites gens à la grande Histoire.
Pourtant, certains points continuent à me gêner aux entournures : le dessin et la mise en couleur médiocres du premier tome ; les visages parfois caricaturaux, surtout dans les premiers tomes, qui tranchent avec le caractère par ailleurs « réaliste » de la série ; les textes quelques fois trop envahissants, comme par souci d'en dire beaucoup tout en restant dans le format classique d'une BD de 48 pages.
Au final, ce cycle est une lecture plaisante dans l'ensemble, mais peut, par moments révéler des aspects pesants.
Les avis que j'ai recueillis auprès de lecteurs de la suite de la saga, et les critiques que j'en ai lues ici et là sur le net (dont celle-ci, fort détaillée) m'ont sérieusement refroidi. Je vais donc en rester à ce premier cycle, sans me perdre dans la suite.
Si j'avais un conseil à vous donner, ce serait d'emprunter la série à une de vos connaissances ou dans une bibliothèque, et de voir ensuite si vous voulez l'acquérir ou pas.
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Les amateurs du style de J.-F. Charles pourront trouver sur ce site-là par exemple, des fonds d'écran tirés de cette série.
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