Le style. Une belle plume que celle de Parot. Le ton de son récit colle bien à l’époque, sans tomber dans la préciosité.
Le héros, Nicolas Le Floch. Son côté fils de gentilhomme de province monté à la capitale pour réussir est bien dans l’esprit de l’époque. Sa naissance et son caractère le mettent à mi-hauteur de l’échelle sociale, préoccupé du sort des gens de peu, et à la merci des désirs des puissants.
Les acolytes. Que serait un héros sans quelques savoureux personnages l’entourent ? Ici, vous trouverez M. de Noblecourt, qui est en quelque sorte le protecteur de Le Floch, et dont le grand âge n’a pas éteint l’esprit incisif aux accents voltairiens. Vous trouverez aussi Semacgus, qui a servi en tant que médecin sur les navires de la Royale, et qui conjugue ses talents de praticien et d’esprit avec Samson, le bourreau, ce duo formant, d’une certaine manière, l’équipe de "criminologie scientifique" sur laquelle s’appuie Nicolas Le Floch.
Le décor. Paris à la fin du règne de Louis XV. Forcément, je suis conquis. La ville prend des saveurs puissantes sous la plume de Parot. On y marche dans la fange ou sur le marbre, on y dîne d’huîtres ou d’une soupe claire, on y respire l’ambre ou la merde. Et Le Floch fouille dans les ombres.
Les détails. Si vous appréciez de vous laissez porter par un récit où l’on prend le temps de vous décrire les recettes de cuisine, vous y trouverez votre compte. Pour ma part, ce sont des choses que j’apprécie (cela me fait penser, par exemple, aux romans de Manuel Vazquez Montalban mettant en scène son détective gourmet Pepe Carvalho, ou à ces films avec Lino Ventura où il se passait toujours une scène devant les fourneaux).
Les intrigues. Les intrigues sont plutôt complexes, avec de nombreuses fausses pistes, et ça vous fera phosphorer les neurones. Un petit regret, toutefois : ces intrigues se cantonnent souvent à des affaires "privées", et je me plais à imaginer des intrigues qui iraient au-delà, vers des histoires d’espionnage (et l’époque ne manque pas de matière à cela)... Fort heureusement, le dernier titre en date (Le sang des farines) dépasse le cadre des affaires privées et apporte cette touche plus politique.
Globalement, j’aime donc beaucoup cette série. La chose que je regrette (et c’est le cas aussi, comme je l’ai écrit dans le précédent billet, pour la plupart des autres séries de "romans policiers historiques"), c’est qu’il n’y ait pas cette touche de cynisme que l’on trouve dans les polars "noirs" (à la Chandler ou Himes).
Sont parus à ce jour, par ordre chronologique, de 2000 à 2005 :
- L’énigme des Blancs-Manteaux
- L’homme au ventre de plomb
- Le fantôme de la rue Royale
- L’affaire Nicolas Le Floch
- Le crime de l’hôtel Saint-Florentin
- Le sang des farines
La série des romans de J.-F. Parot étant également publiée en poche, chez 10-18, vous n’avez aucune excuse financière pour vous passer de mettre le nez dans ces romans.
Vous pouvez découvrir une interview de l’auteur sur le site des éditions JC Lattès.
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4 commentaires:
Appétissant... J'aime vos billets!
En ce cas, un conseil que je donne et une faveur que je sollicite :
- plongez-vous dans ces romans. Ils sont publiés à la fois en grand format et format de poche, selon le goût de chacun. Et j'ai vu, pas plus tard qu'hier, qu'ils ont franchi les Pyrénées, avec une édition en espagnol ;
- faites connaître mes billets ici et là. Cela m'encouragera à poursuivre. ;-)
Bonjour
Vous lire cher monsieur de C est un réel plaisir pour moi qui ne tarie pas d'éloge sur les écrits de JF Parot.Passionnée d'histoire et de polar (mais pas noir),j'aime ses romans, on a l'impression qu'il décrit comme s'il avait vécu à cette époque .Le prochain livre est pour le mois d'octobre il me semble.En attente d'un nouveau billet de votre part sur celui-ci.Cordialement Sandrine
Merci, Sandrine, pour ce petit mot, et veuillez excuser mon retard à vous répondre.
Je ne manquerai pas de consacrer un billet au prochain roman de Parot, ou même de revenir sur certains de ses romans déjà parus.
Quand j'apprécie un livre, je sais le dire, et quand je n'apprécie pas, je sais aussi le dire, et j'essaie de ne pas trop me laisser influencer par mon ressenti général pour l'auteur.
Cependant, je reconnais que j'ai un a priori plutôt favorable pour Parot (et négatif pour Fajardie, mais lui, je lui ai réglé son compte par ailleurs ;-) ).
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