Voilà bien des années que l'expression « Compagnie des Indes » avait attiré mon attention, sans que je sache tout à fait ce qu'il y avait derrière ces mots. Peut-être des souvenirs de cours d'histoire, mêlant sans trop de précision des images de Dupleix, des princes indiens sur des éléphants, des soieries et des épices, et des noms chantants de comptoirs, Pondichéry, Chandernagor.
Imagerie d'Epinal, me direz-vous peut-être. Oui, certainement. Et c'est ce que j'ai voulu dépasser en me documentant.
J'ai fait mes premiers pas avec un volume de la collection « Que sais-je ? », celui de Michel Morineau, Les Grandes Compagnies des Indes Orientales (Presses Universitaires de France, Collection : Que sais-je ?, 1999, ISBN : 2130460763).
A la fois intéressant, dense et un peu aride, comme à peu près tout ce que j'ai lu dans cette collection, du fait du format de ces livres. Et une porte d'entrée vers d'autres lectures.
J'ai poursuivi pendant quelques temps, sans arriver à mettre la main dessus pour l'acheter, une édition de la thèse de Philippe Haudrère, La Compagnie française des Indes au XVIIIe siècle, 1719-1795, parue à la Librairie de l'Inde (1989, ISBN : 2905455039). J'en avais emprunté un exemplaire grâce à un prêt entre bibliothèques, et je m'étais retrouvé face à une mine d'or, à un décorticage complet de cette entreprise, ou plutôt de ces entreprises successives, de leur organisation humaine à leur économie, en passant par leurs navires.
Incapable d'en trouver un exemplaire chez des bouquinistes, je m'étais même rendu à Paris, directement à la Libraire de l'Inde, au début des années 2000, mais l'ouvrage était totalement épuisé y compris sur les rayons de l'éditeur, et il ne savait pas s'il en ferait une nouvelle édition. Je m'étais donc quasiment résolu à ne jamais avoir cet ouvrage dans ma bibliothèque personnelle, et recourir à des prêts inter-bibliothèques pour en disposer quelques semaines n'était pas d'une grande praticité.
Et voilà qu'en 2005, un autre éditeur publie une édition révisée et corrigée : La compagnie française des Indes au XVIIIe siècle, Philippe Haudrère (éditions Les Indes Savantes, collection Asie, ISBN : 2846540489). Plus de 1.000 pages en deux tomes, de quoi prendre le temps de voyager !
La même année, comble de bonheur, voilà qu'est publié le livre Les compagnies des Indes, de Philippe Haudrère et Gérard Le Bouëdec, avec la participation de Louis Mézin (Editions Ouest-France, collection Histoire, 2005, ISBN : 2737338697). Une plongée moins en profondeur, bien sûr, que la thèse d'Haudrère, mais un livre avec une vocation tout autre, puisque c'est un ouvrage destiné à un plus grand public, grâce, notamment, à une très riche iconographie et en particulier à celle prêtée par le Musée de la Compagnie des Indes de Lorient, dont Louis Mézin était le conservateur au moment de la parution du livre.
Le livre conduit le lecteur tout au long d'un voyage de Lorient aux Indes et retour, de la construction du navire jusqu'à la vente des cargaisons de soie ou de porcelaine. Il suffit de se laisser embarquer pour ce voyage.
Bien évidemment, ma découverte approfondie de ce sujet n'aurait pu se faire sans une visite au musée de la Compagnie des Indes à Lorient. Le genre d'endroit où une journée de visite ne me suffit pas. Et je compte bien y retourner, même si ce n'est pas la porte à côté.
Je me dois de signaler, également, le très intéressant Guide du visiteur (Société des amis du Musée de Lorient, 1993, 3ème édition, ISBN 2-9504920-02), qui intéressera même ceux qui n'auront pas eu la chance de visiter le musée.
Ceux qui apprécient des articles plus pointus trouveront leur bonheur dans les Cahiers de la Compagnie des Indes, publication à périodicité irrégulière (annuelle ou biennale) éditée depuis 1996 par le Musée de la Compagnie des Indes et la Société des amis du Musée.
Avec tout ceci, vous devriez être parés pour votre voyage avec la Compagnie française des Indes.
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