mardi 29 mai 2007

Fajardie morne plume

J'ai lu, à mon grand dépit, plusieurs romans "historiques" de Frédéric H. Fajardie, et je me suis retrouvé, chaque fois, enlisé dans des récits que j'ai trouvés franchement médiocres. N'allez pas me croire obnubilé par les Dumas, Zévaco et autres Féval ; des auteurs bien plus proches de nous arrivent à me ravir, avec des romans de cape et d'épée que ce soit dans le ton des continuateurs comme Monteilhet avec De plume et d'épée, des pastiches comme celui de Jean-Luc Déjean avec Le cousin de Porthos, ou des rénovateurs sombres comme Pérez Reverte avec son Capitan Alatriste.

Mais Fajardie, Fajardie... Morne plume...

J'avais déjà été échaudé, notamment, par Les foulards rouges. Mais, allez savoir pourquoi, je m'étais bêtement laissé convaincre par la lecture de la quatrième de couverture de La tour des demoiselles. Et voilà que je l'ai trouvé encore moins bon !
Là où j'espérais un roman un peu enlevé, je n'ai trouvé qu'une histoire cousue de (gros) fil blanc, confinant à la mièvrerie. Personnages si caricaturaux qu'ils en deviennent pathétiquement risibles, intrigues transparentes, ...
Sans compter que j'ai trouvé absolument irréaliste toute la partie "maritime" du roman. Bon, je vous le concède, c'est en grande partie dû au fait que j'ai un faible pour la marine à voile du XVIIIe siècle, et que les défauts grossiers de ce roman en la matière (par exemple une escadre comprenant uniquement trois vaisseaux de premier rang, lancée à la poursuite d'une frégate) me font le même effet que le sable dans un fricassée de chipirons (le nom local des calmars, en pays basque) : tout bonnement insupportable !


Ajoutons à cela que cet auteur est, à ce jour, la seule personne que je connaisse qui, sur son site personnel, ait à la fois une rubrique "biographie" et une rubrique "autobiographie" (vous voulez vérifier ?), et c'est l'étincelle qui met le feu à la soute aux poudres de la frégate rouge Terpsichore.


Si mon commentaire vous offusque, jetez-moi le gant et retrouvons-nous, avec ou sans témoins. Je vous attendrai dans le pré. ;-)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hmmm, le message n'est pas forcément récent, mais ma conscience m'aurait travaillé si je n'avais pas relevé le gant ;)

Je me présente, Andromède, petite étudiante mêle-tout et arrogante, mais néanmoins fan de Fajardie, qui ne pouvait pas passer sur une critique constructive sans y répondre de même. Je ne suis pas dix-huitiémiste, loin de là ( mon coeur va davantage à la période des guerres de religion et au règne de Louis XIV ), donc je ne pourrais pas forcément renchérir sur le côté historique, mais du point de vue littéraire je vous trouve quand même assez incohérent. C'est quand même dur d'aimer les "Féval, Dumas, Zévaco" et autres, et de bouder sur les intrigues "cousues de fil blanc" et les personnages archi stéréotypés de Fajar' ;) Je laisse de côté Maître Dumas, mais vous m'avouerez que dans le genre manichéen et archétypée, Féval et Zévaco se posent aussi là ;) N'est-ce pas ça, le roman populaire ? C'est un genre que j'aime aussi pour ça : sa facilité à créer des héros positifs qui ne s'embarassent pas de détours pour dire oui et faire rêver.
( c'est drôle, à chaque fois que je défend Fajardie on lui reproche la même chose... Est-ce que ça veut dire qu'il n'a pas de défaut autre que celui de rester simple ? ;-) ) Et encore ! S'il y a autant de force derrière ce genre de personnage ( tant les pardaillan que les valencey d'adana :p ), c'est peut être parce que derrière la simplicité se cache la profondeur, le mal-être humain qui se traduit en idéaux un peu risibles, un peu désuets, mais magnifiques ? ( ça reste mon point de vue ;) )
Pour ce qui est du côté mièvre... Ah, ça, ça reste une histoire d'amour et d'amitié ! OK, la fille zozote, le meilleur ami se révèle être le grand méchant, et le héros se prend la tête tout seul entre devoir, conscience et amour, mais sur le fond, on dira ce qu'on voudra, l'amour romanesque, c'est toujours ça. Un homme et une femme qui s'aiment simplement à travers la plume d'un écrivain, sans tortures ni rivaux, sans écarts ni perversion, c'est suffisament rare ( même de manière fictive ) pour qu'on ne crache pas dessus, non ? Après je suppose que c'est aussi une question de goût, de perception et d'état d'esprit...

Voilà, j'ai été un peu longue, j'espère que vous ne m'en voulez pas...
Cordialement,
Andromède

Monsieur de C a dit…

Merci, Andromède, pour ce long commentaire. :-)

En premier lieu, je vais préciser que tout un chacun peut déposer un commentaire ici, et qu'il n'est en rien obligatoire d'être dix-huitièmiste (confirmé ou pas) pour cela.
Et puis, une personne qui, comme vous, met Le weblog du Songe dans les liens de son blog ne peut pas être fondamentalement mauvaise. ;o)

Votre développement en défense de Fajardie et, plus précisément, de son roman que j'ai étrillé dans mes colonnes, présente des arguments que j'aurais mauvaise grâce à réfuter d'un revers de main.

Les héros et aventures dues à Dumas ou Féval tendent, eux aussi, vers la caricature, mais pas autant, à mes yeux, que ceux de Fajardie. Et si j'ai cité des auteurs actuels qui m'ont largement plus intéressé que Fajardie (Monteilhet, Déjean), c'était pour signaler que certains, aujourd'hui, arrivent tout de même à me séduire.
Mais pas Fajardie. Pas d'atomes crochus du tout entre lui auteur et moi lecteur. En toute injustice, je me permets donc de lui jeter la pierre. ;-)

Ceci dit, je ne crache pas sur un adversaire à terre. Je peux le découper en rondelles, le percer comme passoire avec la pointe de la rapière, ou lui faire donner le bâton par des laquais. Mais cracher dessus, non. Ce serait vraiment manquer de savoir vivre. ;o)

Permettez-moi de vous tirer mon tricorne, en saluant la manière ferme et élégante avec laquelle vous avez relevé le gant.

Salutations cordiales. :-)