dimanche 14 mars 2010

(Re)montez à bord !

 
Je vous avais promis, voici plus de deux ans, de signaler des ouvrages permettant aux béotiens de découvrir en douceur la marine du XVIIIe siècle. Et je me rends compte que je n'avais pas vraiment tenu parole, puisque je n'avais alors pointé que deux ouvrages :
  • La Vie privée des hommes à bord des grands voiliers du XVIIIe siècle, de Pierre-Henri Sträter (textes) et Pierre Brochard (illustrations) (voir ce billet-là) ;
  • A bord d'un vaisseau de guerre, de Richard Platt (textes) et Stephen Biesty (illustrations) (voir cet autre billet)  .
Je vais donc essayer de rattraper ce retard, au fil de quelques billets.

Après ces deux premiers ouvrages, qui relèvent plutôt du rayon « jeunesse » des librairies (ce qui ne déprécie en rien leurs qualités) et qui offrent un premier regard sur cette marine, il me semble que l'ouvrage de Martine Acerra et Jean Meyer, La grande époque de la marine à voile (éditions Ouest France, collection De mémoire d'homme : l'histoire, 1987, ISBN 978-27373-00387) est relativement abordable. Certes, il manque un peu de schémas didactiques pour bien traduire en images des notions que le texte ne suffit pas toujours à matérialiser, en particulier pour ce qui est de l'architecture des navires, mais il a le mérite d'aborder ses trois grandes thématiques sans tomber dans l'hermétisme :
  • la partie « le voilier » présente les types et les évolutions des navires à voile au XVIIe et XVIIIe siècle, ainsi que leur mise en œuvre et leur entretien ;
  • la partie « les hommes » éclaire le lecteur sur la vie des hommes à terre comme à bord, sur les mondes – bien distincts l'un de l'autre – des officiers et des matelots, et sur les questions de gestion de cet ensemble (flotte, ports, arsenaux) ;
  • la partie « la mer dans tous ses états » dépend trois facettes majeures de l'utilisation de la marine à voile : la guerre sur mer, le commerce maritime et les voyages scientifiques (on remarquera que la pêche est absente de cette partie, comme des deux autres, d'ailleurs.

Ce livre est facile à trouver d'occasion, en particulier sur des sites de vente en ligne, et ce pour une poignée d'euros. Si vous êtes tenté(e), ne vous privez pas.

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lundi 8 mars 2010

Une île que je n'aborderai pas

Je reste curieux des adaptations en BD du roman de Robert Louis Stevenson L'île au trésor. Alors, en entendant sur diverses radios une publicité pour une collection « Les incontournables de la littérature en BD », qui sera diffusée avec Télé 7 jours, j'ai dressé l'oreille. Bon, autant le dire tout de suite, Télé 7 jours n'est pas mon magazine de chevet, mais je me sentais prêt à me résoudre au sacrifice d'en acheter un exemplaire pour découvrir cette adaptation de L'île au trésor.


Mais en furetant ici et là sur le net, j'ai vite appris qu'en guise d'adaptation, c'est surtout du réchauffé :

« En fait, c'est une réédition de la collection Romans de toujours des éditions Adonis. Le tout a été "remballé" avec le nom de Glénat sur la couv et Delitte comme illustrateur de ces mêmes couvertures, mais pour en avoir lu quelques uns au moment de leur sortie, c'était loin d'être une collection mémorable. En fait, Adonis visait clairement les CDI de collège avec des arguments du genre : des textes classiques en BD, ça va plaire à vos élèves et à votre chef d'établisssement ! En plus, il y a un dossier pédagogique à la fin (présentation de l'auteur et du roman, contexte historique...), c'est idéal pour les exposés ! En gros, de la BD scolaire sans aucune originalité avec un dessin réaliste ou semi-réaliste franchement pas top. » (tiré d'une discussion du forum de BDGest).

Bref, des contenus médiocres, cachés sous des couvertures confiées à un illustrateur plutôt talentueux, lui : Jean-Yves Delitte.

Hop, je viens d'économiser quelques pistoles, et n'aurai pas à commettre le sacrifice d'acheter Télé 7 jours.
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mardi 23 février 2010

Milo et Wolfgang Amadeus


Dans le cadre du projet Mozart Ways, à l'occasion du 250e anniversaire de la naissance de Mozart, la collaboration entre Milo Manara (dont j'ai déjà dit à quel point j'apprécie l'art pictural, à défaut de toujours apprécier ses talents de conteur), du professeur Rudolph Angermueller, secrétaire général de l'Internationale Stiftung Mozarteum de Salzbourg, et des éditions Leopoldo Bloom Editore, a donné naissance au livre Péntiti! (2005, ISBN 88-89350-00-8), autour de la trilogie de Mozart et de son librettiste Carlo da Ponte : Don Giovanni, Così fan tutte et Le nozze di Figaro.

En illustrations en couleurs ou simplement au trait, Manara fait revivre des scènes de théâtre ou de vie quotidienne, glissant parfois vers l'image licencieuse, mais sans en faire trop dans ce registre.


J'apprécie tout particulièrement l'image de Mozart composant ce que l'on peut penser être sa dernière œuvre, son Requiem qu'il n'achèvera pas. Sous le regard de l'écho du Commandeur qui s'est vengé de Don Giovanni ?



L'ouvrage n'est pas impossible à trouver, en passant par des librairies étrangères en ligne, par exemple. À moins que vous ne mettiez la main sur un exemplaire chez un bouquiniste ou auprès d'un particulier qui décide de se séparer de son exemplaire. Qui sait, vous aurez peut-être autant de chance que moi !

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  • Pour quelques détails supplémentaires, en italien, consultez cette page-là.

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lundi 22 février 2010

Brabant, avant Frears et Forman

 
Le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, a connu plusieurs adaptations cinématographiques. J'ai déjà évoquées deux d'entre elles dans un billet, celle de Stephen Frears avec Les liaisons dangereuses, et celle de Milos Forman avec Valmont.
Je ne connaissais pas l'existence de l'adaptation télévisuelle par Charles Brabant, jusqu'à en découvrir très récemment le DVD dans les rayons du disquaire indépendant où je m'approvisionne souvent. J'en ai fait l'achat sans me renseigner plus avant sur cette œuvre.

J'ai donc découvert ce téléfilm sans aucun préjugé. Et cela a été une très intéressante découverte. Le film n'est pas une mise en images du roman, comme tentait de l'être la version de Stephen Frears, pas plus qu'elle n'est la mise en images d'un souvenir de lecture (souvenir bien éloigné du roman, soit dit en passant), comme l'a été la version de Milos Forman. Ici, Charles Brabant nous livre une œuvre où se mêle la vie de l'auteur et sa propre œuvre. Dans sa cellule de prison, où il a été enfermé en 1793 pour ses positions orléanistes, Choderlos de Laclos est aux prises avec son imagination. Est-ce sa façon de s'évader hors de ses murs, ou bien veut-il se justifier devant les personnages qu'il a pris dans les rets de ses Liaisons dangereuses ? Dans ce huis-clos dont les frontières ne sont que celles de l'esprit de Laclos, l'auteur discute avec ses anciennes relations réelle et ses personnages imaginaire, plus particulièrement avec Madame la marquise de Merteuil, que ronge la petite vérole.
Ces Liaisons dangereuses ne doivent pas être réduites, comme cela a été le cas dans certaines adaptations, à ce chassé-croisé de pouvoir, de désir, d'amour, mais qu'elles sont bien le portrait au vitriol d'une société au bord de l'explosion.

« Je crois que l'œuvre de Laclos est révolutionnaire en elle-même. Si l'on se reporte au XVIIIe siècle, sachant que quelques années après la publication des « Liaisons dangereuses », on va avoir le « Don Juan » de Mozart, on voit que la Révolution existe, qu'elle occupe les esprits et se répand petit à petit à travers l'époque. Le libertinage qui reflète la fin de l'aristocratie c'est aussi l'esprit de contestation. Parce qu'il s'oppose à la rigueur religieuse. Il la nie même, et derrière lui il apporte l'athéisme. À partir du moment où tout est permis et où la règle est transgressée, Dieu est mort. Par conséquent, cette œuvre est révolutionnaire dans son essence. Elle a un autre aspect révolutionnaire. C'est une œuvre qui met la femme en valeur considérablement. Au fond, l'auteur, c'est la marquise de Merteuil. » (Charles Brabant).

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dimanche 21 février 2010

Cinéma et XVIIIe siècle : une base de données



Dans les notes de leur chapitre « Les représentations du dix-huitième siècle à l'écran : une filmographie impossible » de l'ouvrage collectif Filmer le 18ème siècle que j'ai évoqué précédemment, Xavier Bittar et Martial Poirson signalent l'existence d'une base de données filmographique, le Kinématoscope, hébergée et alimentée par l'Institut des sciences de l'homme (CNRS / ENS-LSH / Université Lumière Lyon 2).




Un peu aride dans sa présentation - comme beaucoup de bases de données, je le concède – ce site offre aux chercheurs, aux enseignants et aux curieux une une base de données sur les adaptations cinématographiques d'œuvres littéraires (XVIIIe et XIXe siècles) et sur les formes de représentation du XVIIIe siècle à l'écran.

Une porte d'entrée discrète mais à ne pas négliger, en complément de la base de données cinématographique plus généraliste et plus connue IMDB.

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Malheur des uns, bonheur des autres



Je ne suis pas vraiment du genre vautour, à me repaître des dépouilles des autres. Mais c'est pourtant parce qu'il est arrivé malheur à quelqu'un que j'ai pu acheter un grand nombre d'ouvrages des éditions Osprey sur le XVIIIe siècle, complétant la collection de ceux que je possédais déjà. Je connaissais bien la personne qui les possédait, avec qui je partageais cette passion dix-huitiémiste, et c'est en quelque sorte dans un esprit de transmission que j'ai acquis sa collection auprès de ses proches.

C'est donc en pensant à lui que je présenterai ces ouvrages dans des billets à venir.

jeudi 18 février 2010

Casanova (enfin !) à la BnF


L
a Bibliothèque nationale de France a fait l'acquisition du manuscrit d'Histoire de ma vie, les mémoires de Giacomo Casanova, grâce à l'apport d'un mécène souhaitant rester anonyme (je précise, à toutes fins utiles, que ce n'est pas moi !).
Le manuscrit sera dévoilé à l'occasion d'une exposition à l'automne 2011. Vous comprendrez facilement que l'impatience monte déjà en moi à ce sujet.




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Communiqué de presse du Ministère de la culture

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, a signé jeudi 18 février 2010 avec le représentant de la famille propriétaire le contrat d’acquisition d’un ensemble exceptionnel de manuscrits de Giacomo Casanova (1725-1798) pour la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Histoire de ma vie, le manuscrit des mémoires de l’auteur, constitue le cœur de cet ensemble de manuscrits. Ce monument de la langue française est un témoignage émouvant, une fresque vivante et haute en couleurs des aventures du génial mémorialiste. Si Casanova a publié dès 1780 des récits autobiographiques, le début de la rédaction d’Histoire de ma vie se situe vraisemblablement en 1789. La première version a été rédigée en quatre ans et s’étend de sa naissance à 1774. Pour répondre à la demande du Prince de Ligne, qui souhaitait lire ces mémoires, Casanova s’est livré à partir de 1794 à un minutieux travail de révision du premier manuscrit. En mai 1798, se sentant proche de la mort, il légua le document à son neveu, Carlo Angiolini. C’est par les enfants de ce dernier que le manuscrit  d’Histoire de ma vie a été cédé en 1821 à l’éditeur Brockhaus de Leipzig.

Le texte des mémoires connut alors bien des avatars, et les adaptations expurgées ou révisées se succédèrent pendant 140 ans. Sous le titre de Mémoires de Casanova, quelque 500 éditions ont vu le jour à partir de 1822 sans qu’aucune ne puisse se référer au manuscrit original, lequel faillit disparaître dans les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale. Il faut attendre 1960 pour que les éditeurs Brockhaus et Plon publient une édition intégrale en français. Tous les « casanovistes » s’accordent pour penser que ce manuscrit est bien la version originale. Au fil de ses 3 700 pages, le manuscrit porte des ratures, des surcharges, des mots et des pages entières biffés. L’étude de ce document exceptionnel permettra de reconstituer la génèse de l’oeuvre dont l’édition critique reste à établir. De nombreux projets de valorisation sont d’ores et déjà envisagés. Une exposition, prévue à l’automne 2011 à la Bibliothèque nationale de France sera ainsi l’occasion de dévoiler pour la première fois au public ce manuscrit mythique.
L’acquisition a été réalisée, auprès des propriétaires actuels, grâce à la mise en œuvre de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, qui a permis la reconnaissance de l'intérêt patrimonial majeur de cet ensemble de manuscrits par la Commission consultative des trésors nationaux. Le financement a été assuré complètement par un mécène qui a souhaité demeurer anonyme.
Frédéric Mitterrand, se félicite de l’entrée dans les collections nationales de cet extraordinaire témoignage de l’Europe des Lumières, qui représente par ailleurs la plus importante acquisition patrimoniale réalisée jusqu’à présent pour la Bibliothèque nationale de France, et remercie le généreux mécène qui l’a rendue possible.
Paris, le 18 février 2010

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dimanche 31 janvier 2010

Giacomo plus choquant que Donatien ?

 
J'ai été étonné par la lecture d'un article publié par « Camille » sur le site Rue89, article sur lequel je suis tombé en fouillant le net à la recherche de traces de Casanova, comme j'aime à le faire de temps en temps.
Aux dires de l'auteur de l'article, les participants au Festival de la correspondance de Grignan (14e édition, du 1er 5 juillet 2009), auraient été plus bousculés par la lecture de mémoires de Casanova que par la lecture de textes de Donatien Alphonse François de Sade. Ayant lu beaucoup de textes du premier et moins de texte du second, je serais bien en peine de prétendre que Casanova m'a moins choqué que Sade. Ils n'ont eu ni la même vie ni les mêmes motivations à écrire. Là où Casanova tissait un récit un peu picaresque, où il ne manquait pas de se donner le beau rôle même quand ce rôle ne l'était pas, Sade écrivait pour choquer, pour secouer la société.

Photo publiée sur le site du Festival de la correspondance de Grignan



Casanova en est-il plus choquant parce que sa plume écrit le bonheur dans un libertinage dont le « libertinage » d'aujourd'hui, souvent réduit à la seule dimension physique de l'échangisme, n'est qu'un triste ersatz ?

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Extraits du programme de l'édition 2009 du Festival :

  • UNE NUIT AVEC CASANOVA. Adaptation libre de Pierre TRE-HARDY, Mise en lecture de Didier LONG, Avec Sarah BIASINI, Fanny VALETTE et Michel VUILLERMOZ. Impossible d’inventer débauche plus débridée, plus érotique et plus amoureuse que celle qui attendait Casanova à Venise, dans les bras des deux plus belles nonnes du couvent de Murano, Caterina et Marina. Il est des vies, des amours et des hommes que la réalité sublime. Casanova est de ceux-là. Il fut l’homme des extrêmes : ami des plus grands, exerçant tous les métiers, prisonnier évadé de la redoutable « prison des plombs », infiniment aimé de toutes les femmes... Cet homme est l’un des rares à avoir osé vivre sa vie. Cependant, l’histoire a oublié un infime détail, minuscule grain de sable dans les délicieux rouages du libertinage : Giacomo Casanova a aimé. « Une nuit avec Casanova » de Pierre Tre-Hardy est édité dans la Collection Scènes Intempestives à Grignan, TriArtis, 2009. Source :« Histoire de ma vie » de Giacomo Casanova, Editions Robert Laffont, 1993.

  • SADE, FUITE EN ITALIE. Adaptation libre de Gérald STEHR. Mise en lecture Ladislas CHOLLAT. Avec Chloé LAMBERT, Daniel SAN PEDRO et Nicolas VAUDE. En 1772, Sade, après une affaire de débauche, fuit en Italie en compagnie de sa « très jolie » belle-soeur. Durant sa fuite, il est condamné à mort par contumace. Cette « relation incestueuse» provoque la colère de sa belle-mère très influente qui le fera arrêter à son retour, il s’évade l’année suivante, puis est réincarcéré. Il s'évade et fuit de nouveau en Italie pour un séjour de près d’un an. Sa belle-mère, Madame de Montreuil finit par obtenir contre son gendre une lettre de cachet. Dès lors, Sade ne connaîtra plus guère jusqu’à sa mort, la liberté, sinon dans l’écriture. « Il offre sur l’Italie un témoignage de grand seigneur, libertin et philosophe, d’une mauvaise foi piquante ». « Sade, fuite en Italie» de Gérald Stehr est édité dans la collection Scènes Intempestives à Grignan TriArtis, 2009. Sources : « Je jure au marquis de Sade, mon amant, de n’être jamais qu’à lui » de Maurice Lever, Editions Fayard, 2005, « Anne-Prospère de Launay » de Sade, Editions Gallimard 2003, « Sade - oeuvres complètes », Editions Tête des Feuilles 1973.


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Filmer le XVIIIe siècle


Dans le forum La Folie XVIIIe où je traîne souvent mes guêtres, un message avait attiré mon attention sur le livre Filmer le 18e siècle, sous la direction de Laurence Schifano et Martial Poirson (éditions Desjonquères, 2009, 9782843211188).


La présentation de l'ouvrage par l'éditeur, en quatrième de couverture, m'avait donné envie d'en savoir plus :
Véhicule privilégié des voyages dans le temps, le cinéma semble avoir vocation à réveiller les fantômes du passé, à leur redonner présence et vie.
L'histoire du XVIIIème siècle, les puissantes ou séduisantes mythologies des Lumières, ont exercé sur les cinéastes une fascination assez forte pour les inspirer sous toutes les latitudes et à toutes les époques. En renouant avec la sensualité, la théâtralité, la liberté de ton et de pensée du XVIIIème siècle, le cinéma se réapproprie cet héritage. Dans les films évoqués - ceux d'Eric Rohmer, d'Abdellatif Kechiche, de Milos Forman, de Sofia Coppola parmi bien d'autres - le spectateur voit, entend, respire un "air" XVIIIème siècle. Un dialogue créatif s'instaure ainsi entre le siècle des Lumières et le nôtre.

Sont ici réunis des chercheurs spécialisés dans les domaines des arts du spectacle et de l'image comme de la littérature et des créateurs qui ont fait du XVIIIème siècle un pôle majeur de leur travail : Chantal Thomas, Jérôme Prieur, Karol Beffa, Marie-Dominique Montel, Jess Franco.

A la lecture de cette présentation, je m'étais laissé aller à croire que l'ouvrage était une sorte de filmographie thématique, et je m'étais donc demandé quels étaient les films des réalisateurs cités dans la présentation que l'on retrouvait dans le livre :
Pour Éric Rohmer, j'avais pensé aux Cabinets de physique au XVIIIème siècle (mais une forumiste de la Folie m'a corrigé, en m'indiquant que le livre abordait L'Anglaise et le duc, son film sur la Révolution française). Pour Milos Forman, Amadeus et Valmont me semblaient être à peu près incontournables, et peut-être Les fantômes de Goya. Sofia Coppola ne pouvait y être que pour sa Marie-Antoinette. Quant à Abdellatif Kechiche, je pensais à L'esquive, qui tourne autour de répétitions, par des « jeunes de banlieue » (veuillez excuser ce raccourci peu délicat), d'une pièce de Marivaux.
Mais, comme je l'écrivais dans le forum de la Folie, à part Milos Forman, ce n'était pas les premiers noms qui me viennent à l'esprit en pensant à « filmer le 18e siècle ».

Il me restait donc à acheter ce livre pour en savoir plus.

Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Et pas tout à fait aussitôt lu, car d'autres livres attendaient déjà que je m'y plonge.
Je suis finalement entré dans la lecture de ce livre. Autant le dire tout de suite, ce n'est pas une filmographie, pas une collection de critiques de tel ou tel film, mais le regroupement de travaux universitaires tournant autour de la façon dont le cinéma a représenté le XVIIIe siècle. C'est donc largement moins facile à aborder qu'un livre thématique-filmographique du genre "Le film noir" ou "Le western". Comme je n'ai pas une culture cinéphile aussi développée que les auteurs, et que je n'ai pas non plus une formation dans les métiers de l'image, je dois reconnaître qu'il y a des moments où je me sens un peu largué (je me dis aussi qu'il y a des effets de langage des auteurs qui confinent au verbiage, mais c'est mon côté acide qui parle, là).

Bref, un livre intéressant mais qui demande à se creuser la cervelle, et à disposer d'autres ouvrages pour comprendre soit des références, soit les notions mêmes employées dans certains chapitres. Il me faudra donc aller fouiller ailleurs, apprendre d'autres choses, et revenir vers ce livre-ci pour en profiter plus amplement que dans cette première lecture.

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mardi 5 janvier 2010

Federico, Milo et Giacomo



Milo Manara est un des dessinateurs dont le trait me ravit. Je le trouve précis, vivant. Mais j'ai deux reproches à lui faire : je n'arrive que très rarement à accrocher aux histoires qu'il raconte (une exception notable est Quatre doigts, l'homme de papier), et je trouve qu'il tombe trop souvent et facilement dans la pornographie. Non que je sois prude au point de fuir en courant quand il dessine une femme nue (ce qu'il fait remarquablement bien), mais parce que ce n'est pas le genre de récit que je préfère.

J'invite donc Milo Manara dans mes salons non pour qu'il les peuple de femmes léger et court vêtues, mais parce qu'il a invité, dans son univers artistique, ce personnage sous l'égide duquel j'ai placé mes salons : Giacomo Casanova.

Un de ses dessins au moins a été réalisé en clin d'œil à Federico Fellini et à son Il Casanova, dont j'ai déjà parlé par ici (tirage de 599 exemplaires numérotés).




Et une série de 14 dessins ont été rassemblés dans un port-folio publié en 2000 par les éditions BFB, en tirage limité à 480 exemplaires dont 30 exemplaires hors commerce.
Et si certains de ces dessins sont « galants », la majorité d'entre eux peut être mise sous tous les yeux, et font écho à divers épisodes de la vie de Casanova, comme son évasion de la prison des Plombs, son passé de « confident » du Conseil des Dix déposant ses lettres de dénonciation dans  les « bouches de lion », ou encore sa mort à Dux, loin de sa chère Venise.




J'ai pu feuilleter un exemplaire de ce port-folio, et il n'est pas impossible que j'essaie de m'en porter acquéreur.

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lundi 4 janvier 2010

Cartouche : poudre mouillée



Au lieu de faire « boum ! », la poudre du Cartouche de Henri Helman, diffusé les 22 et 23 décembre dernier sur France 2, a fait « pssssshhhht... » à mes oreilles.

La filmographie du réalisateur de ce téléfilm, Henri Helman, m'avait incité à ne pas trop bondir de joie par avance. Certes, il a réalisé le téléfilm à peu près honorable Lagardère avec Bruno Wolkowitch (j'en ai dit quelques mots dans ce billet-là), mais en voyant qu'il avait à son actif des épisodes de Joséphine, ange gardien ou des Cordier, juge et flic, je m'accordais le droit à quelques doutes, comme je le disais précédemment. Sans compter que je n'avais pas le souvenir d'un film ou téléfilm où Frédéric Diefenthal m'eût marqué comme grand acteur...





Cependant, voulant juger sur pièce, j'étais devant ma télévision le 22 décembre au soir, devant le premier épisode de ce nouveau Cartouche. Pour le dire vite, je n'ai pas été convaincu par le premier épisode : dialogues manquant parfois de naturel, action parfois traînante, quelques détails peu crédibles. C'est donc à reculons que j'ai regardé le deuxième épisode. Ou, plutôt, que j'ai commencé à le regarder, car je n'ai pas réussi à tenir jusqu'au bout.

Soit je suis devenu trop exigeant, soit la fiction historique française a encore pas mal de progrès à faire.


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Pour que vous n'alliez pas croire que je me prosterne aveuglément devant la fiction historique anglo-saxonne alors que je vilipende la fiction historique française, je m'échappe du dix-huitième siècle pour gagner le Moyen Âge et dire que j'ai été atterré devant l'indigence de l'épisode dont j'ai vu quelques bouts aujourd'hui, sur France 4, de la série britannique Robin Hood / Robin des Bois, de Dominic Minghella et Foz Allan. Manifestement, les Britanniques ont eu aussi leur(s) Josée Dayan. Absence de rythme, dialogues à bâiller, costumes probablement empruntés pour partie au tournage d'un nanard « heroic fantasy » diffusé sur NRJ12 et pour partie à un reportage sur « les jeunes en capuche dans une banlieue près de chez vous » (sans blague, on voit même les coutures faites à la machine !), armes et armures en plastique de foire, sans parler de l'architecture Tudor pour des aventures censées se passer fin XIIe siècle. Pa-thé-ti-que.

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dimanche 3 janvier 2010

Encore une île



Ce ne sont pas les éditions qui manquent pour L'île au trésor de Robert Louis Stevenson. J'en ai déjà plusieurs, mais cela ne m'empêche pas de me tourner vers d'autres éditions que je trouve intéressantes.





Ma découverte la plus récente dans ce domaine est une édition de ce roman parue pour la Librairie Delagrave (Paris) en 1939, un grand in-4°, en reliure de toile bleue, avec un premier plat illustré d'un en noir, blanc et doré.




Son originalité ? Être illustrée de 50 photographies tirées du film L'île au trésor de Victor Fleming (1934, Metro Goldwin Meyer).



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mercredi 30 décembre 2009

Serez-vous le dernier ou le premier ?



Serez-vous le dernier à ne pas avoir vu ce film, ou le premier devant votre écran de télévision, cet après-midi, à 17h05 ?
France 2 diffuse en effet, à cette heure de grande écoute en temps de vacances, Le dernier des Mohicans de Michael Mann.
Le film est présenté par une chaîne ou une autre environ une fois par an, mais c'est généralement sur une chaîne numérique. Si vous ne l'avez pas encore vu, ou si vous avez envie de le revoir et que vous avez la chance de ne pas travailler cet après-midi, rendez-vous donc sur une chaîne hertzienne du service public.






Pour ce qui est du film en lui-même, je n'ai pas changé d'avis par rapport à ce que j'avais déjà dit à son sujet : un film pas toujours fidèle aux romans de Fenimore Cooper, mais un grand film tout de même. Je me plais à espérer qu'il donnera envie à ceux qui ne les connaissent pas de se plonger dans les romans en question.





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mardi 15 décembre 2009

Juste une mise en bouche



Le livre de Jean-Claude Hauc, Aventuriers et libertins au siècle des Lumières (Les éditions de Paris Max Chaleil, 2009, ISBN 978-2-84621-124-6) propose une galerie de courtes biographies de figures plus ou moins connues d'aventuriers de XVIIIe siècle. L'ouvrage fait une place tant au comte de Saint-Germain, au chevalier d'Eon ou à Casanova qu'à Théodore de Neuhoff, à Elisabeth Chudley ou à la princesse Tarakanova, en courts chapitres de moins d'une dizaine de pages chacun.


L'intérêt de cet ouvrage est surtout de donner envie d'en savoir plus sur ces étonnantes figures : les quelques pages consacrées à chacune d'entre elles ne sont en effet que des mises en bouche. Soit le lecteur connaît déjà le personnage auquel le chapitre est consacré, et il en apprendra peu ou pas dans ce livre ; soit il n'en connaît rien, et le chapitre lui en dira juste assez pour éveiller sa curiosité.

Finalement, le chapitre le plus intéressant se révèle être le premier, celui qui prend un peu de hauteur pour essayer de brosser un portrait d'ensemble de ces aventuriers, dans leurs traits communs et dans leurs différences. Mais, du fait même de son faible volume, ce chapitre n'atteint pas, à mes yeux, la finesse d'analyse de l'ouvrage de Suzanne Roth, Les aventuriers au XVIIIe siècle (éditions Galilée, 1980, ISBN 9782718601731), auquel je consacrerai un prochain billet.

Aventuriers et libertins au siècle des Lumières est donc une fenêtre ouverte. C'est aux curieux d'aller plus loin, par d'autres lectures, pour faire plus ample connaissance avec ces messieurs et dames de plus ou moins bonne compagnie.

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lundi 14 décembre 2009

Cartouche arrive bientôt sur le petit écran



Quand la télévision publique pioche dans notre patrimoine pour monter des téléfilms, j'ai tendance à donner quelques applaudissements avant même de voir ce que cela donne. A moins, bien sûr, que la réalisation n'ait été confiée à une de mes têtes de Turc, Josée Dayan, dont les créations ont, le plus souvent, la délicatesse d'un Panzer traversant les plaines polonaises.
Pour le téléfilm en deux parties Cartouche, que France 2 diffusera les 22 et 23 décembre prochains, j'ai donc un petit fond d'enthousiasme a priori. Certes, j'avais eu quelques regrets pour l'adaptation malgré tout plaisante du Bossu de Paul Féval par ce même réalisateur, Henri Helman, sous la forme du téléfilm Lagardère (2003), mais les quelques extraits que j'ai pu voir de ce Cartouche me semblent de bon augure.





Bien évidemment, la comparaison ne manquera pas d'être faite (par moi, au moins) avec le Cartouche de Philippe de Broca (1962) dans lequel le brigand était incarné par Jean-Paul Belmondo. Mais entre film et téléfilm, la comparaison devra se faire toutes proportions gardées.

Sauf impératif de dernière minute, je chausserai donc mes bottes, ceindrai épée et pistolets, et prendrai place dans la bande de Cartouche les 22 et 23 décembre prochains.

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L'élégance du geste d'acier



Parmi les lectures qui ont accompagné mon adolescence, trois courants ont façonné mes goûts de lecteur, leur donnant une assise solide sur un trépied : les récits de voyage, les romans policiers et les romans de cape et d'épée.
Ma vie ne m'a pas amené à être enquêteur, et je me suis contenté de me continuer à me creuser la tête au travers des polars. J'ai pu, en revanche, voyager, voir d'autres horizons sous d'autres cieux, rencontrer d'autres gens. Enfin, si je n'ai que rarement ceint une cape sur mes épaules, c'est très récemment que j'ai mis la main sur la poignée d'une épée.
La pratique de l'escrime sportive me tentait depuis plusieurs années, mais ce n'est que l'année dernière que j'ai finalement franchi la porte d'une salle d'armes. Il ne m'a fallu que quelques séances pour me retrouver « accro » à ce sport. Bien évidemment, je n'ai aucune prétention à devenir un redoutable compétiteur, et ce n'est pas du tout dans cet esprit-là que j'enfile ma tenue et mets la main sur la poignée d'une épée : je pratique l'escrime de loisir, de mon mieux, en voyant nos affrontements amicaux comme des moyens de progresser.


D'un autre côté, cela fait aussi des années que j'ai été séduit par des illustrations de traités d'escrime du XVIIIe siècle et par les élégantes épées de cette époque-là.
Ce sont les planches de la partie « Escrime » de l'Encyclopédie de Diderot & d'Alembert qui m'ont marqué les premières, pour autant que je m'en souvienne. Mais j'ai été encore plus séduit lorsque j'ai découvert les versions originales de ces planches dans le traité de Domenico Angelo, L'école des armes (1763), dont le chapitre Escrime de l'Encyclopédie n'est autre qu'un « pompage » éhonté (une pratique courante à l'époque, soulignons-le). Ah, ces planches au trait rehaussées de fines couleurs. Élégance des postures, des gestes que ces illustrations nous offrent.

Quant à l'épée de gentilhomme du dix-huitième siècle, l'épée de cour selon son appellation française (smallsword en anglais, espadín en espagnol et spadino en italien), je lui trouve une incomparable élégance de lignes.




J'avais déjà dit quelques mots de mes envies de mieux connaître et de pratiquer l'escrime du XVIIIe siècle, voici un peu plus d'un an.
A défaut d'avoir vraiment pu commencer à goûter à cette escrime-là pour l'instant, je continue à rassembler des informations sur l'escrime de cette époque-là, sur la pratique actuelle de cette forme d'escrime, sur les épées de cour de l'époque et sur les répliques actuelles, etc.
Je viendrai partager ici, avec les curieux, mes découvertes, mes projets et mes éventuelles mises en pratiques.

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Bis repetita non placent pas vraiment



Les mystères de Channel Row ne m'avaient pas paru spécialement mystérieux, et ce roman policier dix-huitièmiste dans le milieu de la franc-maçonnerie londonienne naissante m'avait laissé plutôt tiède.
Les auteurs Alain Bauer et Roger Dachez ayant récidivé avec Le convent du sang (éditions JC Lattès, 2009, EAN : 978-2709630078), j'ai récidivé en tant que lecteur.
Pour la critique de ce deuxième roman, je vais être généreux et vous en proposer deux : la version rapide et la version détaillée.

Version rapide : bof.

Si vous êtes encore là à me lire et que vous souhaitez découvrir la version détaillée, suivez-moi.


Ce Convent du sang a pour cadre la ville de Lyon en 1778, à un moment où des représentants de loges maçonniques de France et d'Europe occidentale se réunissent (c'est le convent) pour abandonner définitivement le prétendu lien d'héritage entre la franc-maçonnerie et l'ordre du Temple. Héritage auquel certains maçons trouvent un parfum trop soufré, surtout dans cette France dont le roi Philippe IV avait dissout ledit ordre et réduit ses membres en cendres, sans oublier de mettre la main sur leur magot.
D'un côté, donc, les maçons voulant tirer un trait sur la filiation templière. De l'autre, ceux qui veulent, au contraire, garder ce lien-là. Ah, vous aviez deviné ? Vous avez sûrement deviné aussi que les templophiles vont tenter de faire capoter le convent. Ce que vous n'avez peut-être pas deviné c'est qu'une troisième force va entrer dans ce jeu-là. Comment ? Vous me reprochez de dévoiler les dessous de l'intrigue du roman ? Ah, vous avez raison. Mais, que voulez-vous, l'intrigue est si peu passionnante, si peu capable de passionner le lecteur si celui-ci est un peu féru de polars, que je m'accorde le droit de dévoiler cette trame ni originale ni prenante.
J'ajouterais une demande, une sollicitation à tous les auteurs de romans policiers « historiques » : arrêtez, je vous prie, de mettre dans la bouche des personnages de vos livres des tartines d'explications du contexte de l'époque ; c'est un procédé totalement artificiel, qui fait passer les personnages pour des professeurs pérorant un cours d'histoire devant un amphithéâtre regardant sa montre pour savoir quand la litanie prendra fin.

Quand le rideau est tombé sur le convent, je n'ai pu réprimer un bâillement.

Je reviens donc à l'essentiel : bof.

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dimanche 22 novembre 2009

Les tournants d'un continent

 

Je suis peu consommateur de jeux vidéos, mais j'ai récemment acheté, à tout petit prix, le jeu Birth of America (version 1 point quelque chose, bradée du fait que la version "actuelle" est la version 2).

Ce jeu propose de jouer, à un niveau stratégique, deux des guerres qui ont façonné l'histoire de l'Amérique du Nord :
- la guerre "franco-anglo-indienne", volet nord-américain de la guerre de Sept Ans ;
- la guerre d'indépendance des États-Unis contre la couronne britannique.

Ce jeu avait reçu une critique très élogieuse dans le magazine Vae Victis (n°68, mai-juin 2006 ; sommaire), mais ce n'est que très récemment, en relisant d'anciens numéros de ce magazine, que j'ai prêté une attention soutenue à cet article et à ce jeu.

Birth of America permettant de jouer seul face à l'« intelligence artificielle » de ce logiciel, je vais me lancer là-dedans dans les prochains jours. Affaire à suivre.

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De retour dans les salons

 

Plus de deux mois sans publier ici le moindre billet. Et pourtant, je n'ai pas perdu ma passion pour le XVIIIe siècle. Je vais donc reprendre la plume pour pour partager à nouveau mes découvertes, mes coups de cœur et mes coups de griffe. Beaux livres, romans, BD, jeux, escrime, voici quelques rubriques qui vont retrouver de la vitalité avec mes prochains billets.





Lecteurs fidèles, aimables lectrices, Monsieur de C. rouvre les portes de ses salons. Prenez place !

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dimanche 13 septembre 2009

Intrigues vénitiennes


Tant qu'à prendre un pseudonyme pour écrire un roman policier vénitien, pourquoi ne pas prendre le nom d'une grande famille de la Sérénissime ? Les Loredan ont donné trois doges à la ville, dont un au Settecento : Francesco Loredan fut le cent seizième doge, de mars 1752 à mai 1762 (il était donc doge quand Casanova fut enfermé dans la prison des Plombs et s'en évada).

Le Loredan qui nous préoccupe aujourd'hui n'est pas doge, mais auteur. Et s'il n'est pas vénitien de naissance (enfin, je ne le pense pas), il semble l'être de cœur. Et amateur du dix-huitième siècle. Il s'agit du Loredan dont j'avais signalé, voici déjà quelques semaines, qu'il m'avait fait le plaisir de m'offrir un exemplaire d'un de ses romans.



Voici venu le temps que je lui rendre la politesse, non en lui offrant l'un de mes romans (il me reste encore à écrire le premier !), mais en vous disant ce que j'ai pensé de sa Nuit de San Marco (Fayard, 2009, ISBN 978-2213643441).
Je n'avais pas fait connaissance avec son héroïne, Leonora, dans le roman Leonora, agent du doge, premier volume de cette série des Mystères de Venise. Fort heureusement, la lecture du premier roman n'est pas un passage obligé avant de lire le deuxième, même si lire l'un puis l'autre apporte certainement de la profondeur aux personnages.

J'ai donc chaussé mes souliers à boucle d'argent et coiffé mon tricorne, pour parcourir Venise en suivant les mots de Loredan et les aventures de Leonora. Esprit libre et fonceuse, la demoiselle joue autant de son indépendance que de la situation sociale de son père pour jouer des coudes dans ce monde à la fois compassé et libertin qu'est Venise. Et elle va avoir besoin de toutes ses ressources personnelles et familiales, et de l'aide de quelques autres personnes à la moralité plus ou moins bien établie pour comprendre les tenants et les aboutissants de l'affaire qu'on lui a demandé de résoudre.
Un membre du Grand Conseil poignardé en pleine séance de cette illustre assemblée sans qu'aucun de ses collègues présents n'ait rien vu, voilà qui n'est pas commun.
D'ailleurs, rien n'est commun dans cette affaire. Ni les personnages impliqués, illustres ou inconnus, que croise Leonora, ni les lieux, lumineux ou sombres, dans lesquels Leonora fouine. Et Loredan sait faire vivre ces personnages, ces lieux, dans leur variété, dans leur richesse, dans leurs contrastes. Sous sa plume, Venise elle-même devient un personnage de l'aventure.

Je n'ai pas lâché de livre, de sa première à sa dernière page, porté par le style et le rythme, et si le dénouement m'a amené à me demander « n'est-ce pas un peu trop, là ? », j'ai pris grand plaisir à la lecture de ce roman. Il me reste désormais à lire le précédent... et à attendre les suivants !

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