vendredi 31 décembre 2010

Tout un archipel

 
En furetant sur le net à la recherche d’éditions de L’île au trésor de Robert Louis Stevenson, j’ai pu me rendre compte de la diversité des couvertures choisies pour ce roman, au fil de plus de 120 ans de publication de ce roman. J’ai trouvé, pour l’instant, une bonne centaine de couvertures différentes, pour des éditions en français et en anglais (je n’ai pas encore fouillé le net pour des éditions dans d’autres langues, mais ma curiosité pourrait m’y pousser !).

Voici un bouquet de quelque couvertures, parmi celles que j’ai trouvées, bouquet qui essaie de balayer la diversité des styles, du plus dépouillé ne portant que le nom de l’auteur au très classique avec son image de pirate à jambe de bois, en passant par des choix un peu plus audacieux mais qui ne sortent pas totalement des sentiers battus.












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jeudi 30 décembre 2010

Des aventures bien enlevées


Le roman Enlevé ! de Robert Louis Stevenson (1886) est largement moins connu que L’île au trésorCatriona (1883), qui fait de l’ombre à presque tout le reste de la production littéraire de Stevenson. Pourtant, ce roman, qui voit apparaître le personnage de David Balfour, que l’on retrouve dans le roman (1893) paru publié sous le titre de David Balfour, mérite largement l’intérêt des amateurs du dix-huitième siècle.
Le titre complet du roman est du genre à vous en raconter la quasi-totalité ! Jugez-en vous-même :

Kidnapped: Being Memoirs of the Adventures of David Balfour in the Year 1751: How he was Kidnapped and Cast away; his Sufferings in a Desert Isle; his Journey in the Wild Highlands; his acquaintance with Alan Breck Stewart and other notorious Highland Jacobites; with all that he Suffered at the hands of his Uncle, Ebenezer Balfour of Shaws, falsely so-called: Written by Himself and now set forth by Robert Louis Stevenson.
Enlevé : les mémoires des aventures des David Balfour en l’an 1751 : comment il a été enlevé et rejeté ; ses souffrances sur une île déserte ; son voyage dans les Hautes Terres sauvages ; sa rencontre avec Alan Breck Stewart et autres Jacobites notoires des Hautes Terres ; avec tout ce qu’il a enduré aux mains de son oncle, Ebenezer Blafour de Shaws, faussement appelé ainsi : écrit par lui-même et maintenant présenté par Robert Louis Stevenson.



Si une partie des aventures de David Balfour l’entraîne sur les mers, à bord d’un navire qui le conduit vers les Carolines américaines où il est destiné à être vendu, Enlevé ! et Catriona s’intéressent surtout aux Highlands, ces Hautes Terres d’Écosse berceau du soulèvement jacobite des années 1740, largement écrasé lors de la bataille de Culloden le 16 avril 1746. Aux travers de ces « mémoires » de David Balfour, Stevenson nous offre le portrait des Highlands et de la vie de ses habitants, un thème auquel il avait souhaité consacrer une partie de son travail d’historien. Difficile de préjuger de ce qu’aurait pu être ce livre d’histoire des Highlands, mais je gage ma chemise qu’il aurait très probablement été moins vivant que ces deux romans-là.
Les analystes des aventures de David Balfour ont pointé les textes qui semblent avoir été les inspirations majeures de Stevenson pour ses deux romans. La vie de James Annesley aurait fourni la colonne vertébrale d’Enlevé !, un Irlandais qui avait traversé bien des épreuves en étant vendu comme serviteur dans une plantation dans le Delaware, dépouillé de ses biens et de son titre de comte par un oncle avide, mais réussissant, au final à revenir en Irlande et à faire valoir ses droits sur ses biens, mais pas sur son titre. Une vie incroyable mais vraie, dont Stevenson a fait une vie fausse mais crédible pour David Balfour.
Quant au « meurtre d’Appin », un fait divers survenu dans le nord-ouest de l’Écosse en 1752, il apporte de la matière tant à Enlevé ! qu’à Catriona, puisque David Balfour, témoin de cette embuscade meurtrière, essaie d’apporter son soutien à un homme accusé de cet assassinat.
Stevenson a également puisé dans divers ouvrages d’historiens de la première moitié du XIXe siècle qui dépeignaient, avec plus ou moins de parti pris jacobite, la vie et les évènements des Highlands dans ces années 1750 troublées et celles qui suivirent.

Les Highlands et les Highlanders vous appellent. Allez-vous rester sourds à leur invitation à l’aventure ?

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mercredi 29 décembre 2010

Une île de plus dans l’archipel

 
Encore une. Eh oui, encore une édition de l’adaptation en BD par Hugo Pratt du roman L’île mystérieuse de Robert Louis Stevenson. Depuis la première édition originale argentine en 1966, une dizaine d’autre ont suivi, à en croire la page de recensement publiée sur le site, généralement très bien informé, des « archivespratt ».
 

Une de plus chez les libraires, et une de plus dans ma bibliothèque personnelle. Je n’ai même pas cherché à résister, acheteur compulsif que je peux être quand il s’agit d’ouvrages signés Pratt. Cette édition-ci a trois caractéristiques qui m’ont vite fait flancher vers l’achat :
- elle contient, en fait, deux récits de Stevension, L’île au trésor (Treasure Island)  et Enlevé ! (Kidnapped) ;
- elle comprend une préface par Hugo Pratt, illustrée de quelques aquarelles (superbes, bien entendu), et une postface de Marco Steiner ;
- et, contrairement à ce que peut laisser penser son emballage, elle est présenté en format à l’italienne et non à la française.
 

Bien que j’en connaisse la trame à peu près par cœur, je prends toujours plaisir à relire le roman L’île au trésor, et son adaptation par Pratt. Je ne vais pas vous faire l’affront de vous parler ici en détail de ce roman qui concentre toutes les images populaires de la piraterie, du coffre au trésor au perroquet sur l’épaule, du bandeau sur l’œil à la jambe de bois, du drapeau noir au tonneau de rhum, du pirate revanchard au survivant devenu presque fou.
 
Un extrait de L'île au trésor
Enlevé !, en revanche, est un peu moins connu, même si le nom de David Balfour fera peut-être tilt dans un coin de la mémoire de ceux qui ont, en leur jeunesse, dévoré des « romans d’aventure pour adolescents ». Ce roman-là méritant mieux que cette appellation un peu étriquée, je lui consacrerai un très prochain billet.
Cette adaptation en BD présente, dans cette édition-ci, une mise en couleurs dans des tons très doux.
 
Un extrait d'Enlevé !

Ces deux récits graphiques portent bien évidemment le style de Pratt à ses débuts, un crayonné avec des hachures parfois trop présentes à mon goût, encore du trait économe, voire dépouillé, qu’il acquerra au fil du temps. Mais cette édition n’en constitue pas moins un très beau livre, qui pourra plaire aux amateurs dix-huitièmistes, aux amateurs de BD, et aux amateurs d’aventures, tout simplement.
 
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Bien plus que du chiffon

 
Amateurs de poupées en plastique de piètre qualité habillées de polyester étincelant et mal coupé, passez votre chemin. A la Historical Figure Foundation (Fondation des figurines historiques), l’objectif est l’éducation à l’art et à l’histoire en passant par des figurines et des monologues créés par George S. Stuart. N’allez pas croire que je fais le malin en vous disant cela, je me contente de traduire à la volée un petit bout de la présentation publiée au bas de la page d’accueil du site.
 
Yolande de Polastron, duchesse de Polignac

La collection comprend plus de 400 figurines – je devrais peut-être écrire « mannequins » – évoquant diverses époques et divers pays. Il aurait été bien improbable qu’il n’y eût pas (petit clin d'œil à un président qui se pique d’imparfait du subjonctif pour qu’on évite de penser qu’il est inculte) de mannequins correspondant à notre dix-huitième siècle.
 
Samuel Adams, un des pères de
l’indépendance des États-Unis

Plusieurs groupes de ces mannequins comportent des figurines qui peuvent retenir notre attention. Par exemple :
- celui sur les personnalités de notre « Ancien Régime » français, sous les Bourbons ;
- celui sur les personnalités de la « Révolution américaine » ;
- celui sur la Russie des Romanov.

Cela dit, ne vous sentez surtout pas interdits de visiter l’ensemble des pages de la collection !

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Illustrations :
Yolande de Polastron, duchesse de Polignac
Samuel Adams, un des pères de l’indépendance des États-Unis

mardi 28 décembre 2010

Simplement essentiel


Amateurs de XVIIIe siècle et de style français, promenez-vous donc dans le blog Essence of Frenchness, l’essence du style français pour la décoration intérieure. Reconnaissons à l’auteur du blog son bon goût personnel et le bon goût des autres intérieurs ou extérieurs sur lesquels il guide notre regard, pour arpenter aussi bien l’île Saint-Louis à Paris que l’île de Ré, les collections privées ou celles des musées. Reconnaissons-lui aussi qu’il sait sortir des sentiers de la Frenchness pour des excursions de l’autre côté de l’Atlantique ou dans les calle de la Sérénissime. Un homme de goût, vous disais-je.



Est-il besoin que je précise que ce billet n’est pas un billet de « copinage » ? Certes, c’est un « membre » des salons de Monsieur de C., et la moindre des choses est que je me balade dans les blog des visiteurs assidus de ces salons. Mais mon conseil de visite est totalement sincère, et je ne touche aucune commission sur les visiteurs qui arriveront dans le blog Essence of Frenchness en arrivant d’ici !

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lundi 27 décembre 2010

Un crépuscule interrompu

 
Avec un rythme de parution qui est généralement d’un volume par an, une série de bande dessinée peut tenir son lecteur en haleine sur longue période. Et lorsque certains tomes se font attendre plus que de raison, l’impatience qui meuble habituellement l’attente se transforme en lassitude, en grogne, ou en dédain.
Que dire, alors, si la suite ne vient jamais ? Faut-il pester contre l’auteur fainéant ? Contre l’éditeur qui craint de prendre des risques ? Contre ceux qui n’ont pas acheté les premiers tomes au point que publier la suite n’était pas rentable pour l’éditeur ? Harceler le dessinateur ou le scénariste pour qu’il nous raconte au moins la fin de l’histoire, même sous forme d’un texte télégraphique, d’un scénario griffonné ? La suite, merde, LA SUITE !

Hum...
Respirons lentement, buvons frais.
Voilà, c’est déjà mieux.

Mais, quand même… Merde !

Après tout, rien ne m’oblige à faire semblant d’apprécier la frustration. Les papes vantent les mérites du coitus interruptus, mais, n’étant pas papiste, je m’accorde le droit de n’y trouver aucun plaisir, même pas quand l’affaire s’était engagée entre gens de talent et de bonne compagnie. En l’occurrence, c’est Stephen Desberg (scénario) et Henri Reculé (dessin) qui m’ont frustré aux deux tiers de la trilogie du Crépuscule des anges (éditions Casterman, 2 tomes, 1998 et 1999). Vous conviendrez qu’une trilogie dont on ne publie que deux tomes, ça tient de la promesse mensongère, de l’interruption fâcheuse. On peut même en venir à se dire qu’il aurait mieux valu ne pas lire du tout les deux premiers tomes, plutôt que d’être ainsi abandonné en plein plaisir. Desberg et Reculé, un duo d’« allumeurs papistes » ? Ah, la frustration m’égare, j’en tombe dans les attaques personnelles.
 
 

Il faut dire que j’ai apprécié les deux premier tomes, Poppéa (1998, ISBN 2-203-38917-6) et Le Maestro (1999, ISBN 2-203-38923-0). J’aime la finesse du trait de Reculé, ses mises en couleurs sombres dans les ombres et chaudes dans les lumières, la variété des plans et des angles de vue. Quant à l’histoire tissée par Desberg, elle contient ce qu’il faut de sentiments humains forts, l’espoir et le désespoir, la jalousie, l’envie, la force et la faiblesse pour que l’on s’attache au récit comme aux personnages.
 
 

Je me suis donc attaché à l’histoire de Poppéa, jeune cantatrice qui rêve qu’on lui accorde un premier rôle dans un des opéras du Mozart, comme ce Don Giovanni qui triomphe dans les théâtres. Est-elle trop rêveuse, pas assez armée pour affronter la cruauté du monde du théâtre, les appétits charnels et violents des hommes ? Pourra-t-elle trouver, de retour dans sa Toscane natale, auprès de son père, les conseils et les ressources intérieures qui feront d’elle une cantatrice capable d’habiter ses rôles ? Et quel est donc ce noir secret de famille qui… ?
Qui quoi ?
Eh bien, vous ne le saurez pas.
Non que je veuille garder ce secret pour moi. Mais parce qu’en l’entrevoyant, il vous tardera de savoir la suite. Et la suite, il n’y en a pas. Fichu troisième tome jamais publié !
 


Le duo Desberg et Reculé n’a pas abandonné ce Crépuscule des anges pour cause de séparation ; en effet, ces deux complices ont publié, par la suite, d’autres séries, comme Le cercle des sentinelles (1998-2000) ou Cassio (en cours depuis 2007). Mais je crains que cette trilogie dix-huitièmiste ne reste un concerto à jamais inachevé.

Pour la petite histoire : Desberg a mis ses talents de scénaristes au service d’une autre série d’inspiration très dix-huitièmiste, même si ce n’est pas directement « notre » dix-huitième siècle : la série best-seller Le scorpion, avec le très talentueux Marini. C’est d’ailleurs à Marini que Desberg avait tout d’abord proposé son scénario du Crépuscule des anges (source : une interview de Desberg pour ActuaBD).
 
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Chevalyé de Saint-George, mizisyen des Lumières

 
Tout attaché que je sois à notre République indivisible, et tout respectueux que je sois de notre Constitution de 1958 qui, dans son article 2, stipule que « la langue de la République est le français », je suis tout aussi attaché à la richesse qu’apporte la diversité. L’égalité de notre devise républicaine n’est pas, pour moi, l’antonyme de la diversité, ni le synonyme d’uniformité. Ainsi, n’en déplaise aux tenants d’une République jacobine qui craignent que les richesses locales ne sapent les fondements de leur colosse un et indivisible, je suis un fervent partisan de la défense, de la protection, de l’enseignement et du développement des langues régionales : plus elles seront considérées comme faisant partie de notre patrimoine collectif d’hier, d’aujourd’hui et de demain, moins elles pourront être des raisons de clivages, car elles ne seront alors l’instrument ni des centralistes ni des communautaristes.

J’ose une telle entrée en matière pour tirer mon coup de chapeau à un ouvrage bilingue français-créole, et pourtant, il me serait bien difficile de prétendre que j’ai été bercé par le créole. En matière de langues régionales, mon oreille a plutôt été habituée au basque ou au gascon. En caricaturant à peine, je dirais que le créole, à part au travers de disques de Malavoi, de reportages télévisés sur Aimé Césaire ou de l’émission Studio M sur France Ô, je n’en ai pas entendu ni écouté souvent.

C’est grâce au chevalier de Saint-George, qui est devenu un familier de mes salons à force que je l’y invite (avec ou sans son contentement, allez savoir !), que je me suis plongé dans un texte créole : l’ouvrage Chevalier de Saint-George, musicien des Lumières / Chevalyé de Saint-George, mizisyen des Lumières, avec un texte français de Françoise Kerisel adapté en créole par Henri Cadoré (éditions L’Harmattan, collection Jeunesse, 2007, ISBN 978-2-296-02397-0).

Un livre de petit format, 26 pages de textes écrits « gros » et aérés, créole et français en vis-à-vis, j’avais là de quoi faire mes premier pas sans risquer la surchauffe. Premier constat, dès la lecture du titre et de la quatrième de couverture : pour essayer de comprendre ce que j’ai sous les yeux, il me faudra lire à voix haute. Parce que je ne sais pas si le créole s’écrit comme il se prononce, mais quand je le lis « dans ma tête », je n’entends rien !

Nwèl 1745
Lagwadeloup an timanmay sòti nèt. Manman’y an jenn
famm yo ka kriyé Nanon, ka mimiré an ti chanté ba tibébé’y la. Déwò a an jenn gason ka jwé flit. Yo ka dansé alantou’y.
An menm moman a an sakré bèl twama ka rantré dans larad-la, sé Saint-Heorges. Yo ka tann sé maren-a bay lavwa pandan yo ka paré sé losiyé a pou maré batiman-a.

Noël 1745
A la Guadeloupe, un enfant vient de naître.
La jeune Nanon, sa maman, chantonne doucement pour son nouveau-né. Dehors, un garçon joue de la flûte. On danse autour de lui.
Sur la mer, au même moment, un superbe trois-mâts, le Saint-Georges, entre dans la rade. On entend les cris des marins qui vont amarrer.

Loin des oreilles indiscrètes (et peut-être moqueuses), j’ai donc commencé à ânonner quelque chose qui n’avait qu’un lointain rapport avec le son des mots créoles, m’appuyant sur le texte originel français, cherchant la structure des phrases, puis me laissant porter par la phonétique et un certain plaisir à avancer, cahin-caha, vers quelque chose qui s’est mis à sonner moins faux.
Quand j’ai refermé le livre, j’étais bien loin de prononcer le créole aussi bien que Saint-George jouait du violon ou de l’épée, mais ce court voyage bilingue en sa compagnie a été une bien agréable façon de découvrir ce personnage sous un autre angle. Pour que le voyage soit complet, il faudrait maintenant qu’un ou une Créole m’en fasse la lecture, pour que mes oreilles soient bercées de la « vraie » musique de ce texte.

En attendant, recevez les salutations de Misyé de C. !
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dimanche 26 décembre 2010

Casanova & Brunelleschi

Ma bibliothèque personnelle ne manque pas d’éditions des Mémoires de Casanova, éditions entières ou extraits, à partir des textes originaux ou de textes tronqués voire réécrits, sans pour autant que je sois un acheteur compulsif de tout ce qui sort ou est sorti en la matière. Pour le « sérieux », je m’en tiens à l’édition publiée dans la collection Bouquins chez Laffont. Mais, pour le plaisir bibliophile et casanoviste, j’achète aussi des éditions pour lesquelles j’ai un coup de cœur. 



C’est ainsi que j’ai acquis une édition d’extraits de ces Mémoires (éditions Gibert Jeune, 1950). La justification de ce tirage numéroté est ainsi rédigée (l'ai repris les mises en italiques et en capitales telles que dans le livre) :


JUSTIFICATION DU TIRAGE
_________

La présente édition
MEMOIRES DE JACQUES CASANOVA
DE SEINGALT
- Deux Volumes -
(Extraits de 1734 à 1755. - 1755 à 1772, colligés par René Groos)
est illustrée de 32 hors-texte, de nombreux in-texte, fleurons et culs
de lampe en couleurs, de BRUNELLESCHIentièrement tirée sur
velin de Condat, son tirage a été limité à trois mille exemplaires
tous numérotés.
Aux cent premiers exemplaires sont ajoutées une suite en noir des
hors-texte et les épreuves de deux planches refusées.

EXEMPLAIRE N° 2205




On peut regretter que les illustrations aient, dans leur très grande majorité, un penchant vers la grivoiserie (sans pour autant que cela tombe dans la vulgarité ou la pornographie). Mais force est de reconnaître que le trait et les mises en couleurs de Brunelleschi sont empreintes de finesse et de délicatesse. C’est donc, là, une édition très plaisante.


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samedi 25 décembre 2010

Weaver, oui, non ?

 
David Liss, dans un billet de son blog, explique que, dans l'immédiat, il n’envisage pas d’écrire un quatrième roman mettant en scène Benjamin Weaver, après A conspiracy of Paper (dont j’ai parlé dans ce billet-là), A Spectacle of Corruption (que je n’ai pas encore lu) et The Devil’s Company (dont j’ai récemment publié ma critique).


D’une part, parce qu’il n’a pas envie de s’enfermer dans l’écriture d’une série ; et d’autre part parce que les deux livres de cette série qui ont suivi A conspiracy of Paper ne se sont pas vendus aussi bien que le premier, au point que son éditeur l’a « activement dissuadé de publier une autre suite ».


Pourtant, David Liss n’écarte pas totalement la perspective de poursuivre cette série, si tel était son plaisir. Les lecteurs désireux que David Liss continue à faire vivre Benjamin Weaver dans de nouvelles aventures n’ont plus qu’à manifester leur impatience directement auprès de l’auteur.


Notons que, dans le même billet, David Lisse signale qu’il a signé, avec la société de production cinématographique Scott Free, des frères Ridley et Tony Scott, des contrats d’option sur son roman A Conspiracy of Paper. Mais il est réaliste, et il sait qu’une option sur les droits ne se concrétise pas toujours en film, et que, même dans le cas où cela se concrétise, le délai entre la signature de l’option et la réalisation d’un film peut être très long.

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La Compagnie du Diable

 
Grand amateur d’histoire d’une part et de romans policiers d’autre part, j’ai lu une quantité non négligeables de « polars historiques ». Au point d’en arriver à une sorte de lassitude. Parce que dans beaucoup de ces polars, l’auteur se croit obligé d’asséner, soit par la bouche d’une personnage, soit dans le récit lui-même, un cours d’histoire de l’époque. Et parce que beaucoup de ces polars reposent sur des intrigues faiblardes, quelquefois totalement transparentes au point qu’on en devine tous les dessous dès le premier tiers du livre, et quelquefois si artificiellement complexes (pour faire « intelligent » ?) que ça en devient immangeable.
Il est donc bien rare qu’un « polar historique » me rive à ma lecture, me passionne par son intrigue et par l’univers dans lequel il se déroule. A Conspiracy of Paper / Une conspiration de papier, le premier roman de David Liss, m’avait fait cet effet-là, et j’en avais dit du bien dans un de mes billets. En trouvant The Devil’s Company, du même David Liss (Ballantine Books, 2010, ISBN 978-0-8129-7452-2 ; première édition : Randmon House, 2009), chez un libraire dont je hante l’échoppe, j’ai hésité quelques secondes à l’acheter : je craignais un peu d’être déçu par comparaison avec l’autre. Mais, pouvais-je vraiment laisser échapper une chance de me laisser emporter dans une intrigue touchant à l’Honourable East India Company (HEIC), cette Compagnie anglaise des Indes orientales dont le seul nom me fait voyager ?
 


Bien m’en a pris, car cette « Compagnie du Diable » s’est révélée plutôt prenante. En particulier parce que, même si on peut le considérer comme « historique » parce qu’il se déroule à une époque éloignée de près de trois siècles de notre quotidien de lecteur, ce roman n’en offre pas moins des aspects très contemporains.
L’intrigue n’est pas limitée, comme on le voit souvent dans les romans historiques, à quelques rivalités de couloirs de palais, ou à quelques différents familiaux. Ici, le décor et les enjeux sont plus  grands. The Devil’s Company nous fait découvrir, par l’intermédiaire des tribulations de son personnage central, Benjamin Weaver, et de ses démêlés avec la Compagnie des Indes orientales et les différents clans qu’y s’y entredéchirent, la voracité de ce capitalisme « moderne » naissant.
L’HEIC dépeinte par David Liss, c’est un peu la « World Company » caricaturée par les Guignols de l’info : une entreprise mondialisée, cynique, cherchant le soutien du gouvernement quand ça l’arrange mais refusant les contraintes et les contrôles le reste du temps. Sous la plume de Mills se dessinent les rivalités et les collusions entre investisseurs et législateurs, entre grands bourgeois et aristocrates, les manœuvres de la Compagnie pour briser les reins des syndicats ouvriers, les luttes d’influence entre les promoteurs du libre échange à tout crin et les défenseurs des produits autochtones, coton des Indes contre laine anglaise. En toile de fond, la lancinante question de savoir si le libre échange est vraiment bénéfique à toutes les nations, comme le prônaient ses théoriciens mercantilistes, tel Josiah Childs, qui avait été gouverneur de cette East India Company ?

Pour tisser l’intrigue de The Devil’s Company, David Liss croise cette chaîne que constitue cette trame des intrigues cyniques des marchands et des politiciens, avec la chaîne de ce qui donne une saveur particulière à cette Londres du début du XVIIIe siècle, des préjugés antisémites dont Weaver est victime à la fourmilière étourdissante des entrepôts de la Compagnie, en passant par les maisons de rencontre entre « hommes qui préfèrent les hommes » ou la façon dont les modes vestimentaires se font et se défont.
Ce tissu est complété par des personnages dont le portrait est le plus souvent fin et complexe ; de là à dire si ces personnages sont tous réalistes, je ne franchirais pas le pas, mais je m’avancerai au moins à dire que ce sont des personnages qui me semblent plausibles, et qui sont bien vivants.

Pourtant, je n’ai pas trouvé The Devil’s Company aussi emballant qu’A conspiracy of paper. Ce qui m’a gêné était la surenchère, qui me faisait me dire, par moment, « non, là, c’est trop ». Trop de tours et détours dans les intrigues, trop de rebondissements qui finissent par sembler artificiels, un trop-plein qui nuisait à ma capacité à rester immergé dans l’histoire, me faisant passer de lecteur crédule à lecteur incrédule, perdant ma « suspension volontaire d’incrédulité » si chère aux auteurs de fiction quand ils pensent aux réactions de leurs futurs lecteurs ou spectateurs.
En outre, j’en suis venu, à plusieurs reprises, à me demander si Benjamin Weaver était vraiment  bas de plafond. Est-il vraiment si dépourvu de sens critique qu’il tombe dans les pièges les plus grossiers, lui, le « chasseur de voleurs » (thief taker) autoproclamé ?

Au total, Weaver est bien une marionnette dans cette intrigue, mais est-il trop facilement manipulé, et par trop de marionnettistes ? C’est à chaque lecteur de se faire sa propre idée. Je me suis fait la mienne, ne vous privez pas de vous faire la vôtre. The Devil’s Company n’est peut-être pas une pierre précieuse de la plus belle eau, mais ce n’est pas pour autant de la pacotille de traite !

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Casanova(s)

Battaglia, Mattotti, Crepax, ces noms sonnent de manière familière aux oreilles des amateurs de bande dessinée italienne. Ils peuvent aussi être une musique familière à l’oreille des casanovistes. En effet, une bande dessinée collective Casanova a été réalisée par des dessinateurs italiens, brésilien et argentin de grand talent, chacun d’entre eux mettant en images un chapitre de la vie du célèbre vénitien.

Cet ouvrage a été publié voici 30 ans en version française (éditions Glénat, 1981, ISBN 2-7234-0246-0 ; l’édition originale italienne est parue en 1977) et, bien que j’ai pu en lire quelques extraits ici ou là, ce n’est qu’il y a quelques mois que j’ai pu en acquérir un exemplaire, dans une librairie de Bécherel, la très sympathique Cité du livre d’Ille-et-Vilaine.


Dans cet ouvrage, Hugo Pratt n’a illustré que la couverture.



Dino Battaglia signe le prologue, « Un vieux bibliothécaire », qui ouvre ce livre sur un Casanova à l’hiver de sa vie.



Cinzia Ghigliano nous fait découvrir un Casanova enfant souffreteux dans « L’enfant stupide ».
 


Lorenzo Mattotti introduit, dans « L’étudiant », un Casanova qui commence à entrevoir, dans ses premières années d’école, la duplicité de certains hommes et femmes.
 


Avec « Humiliations et rebellions » de Maurizio Bovarini, c’est l’abbé Casanova qui aiguise ses armes.


Ro Marcenaro nous invite, dans « Le voyage », à suivre Casanova de Venise à Ancône et à Naples à la suite de son évêque, un voyage au cours duquel il multiplie le mercure et séduit aussi bien une jeune fille grecque que l’épouse d’un avocat.


 
Dans « Le castrat » de Miguel Païva (le Brésilien de cette brochette de dessinateurs), cède aux charmes troublants et indécits d’un vrai-faux castrat.
 

Sous le crayon d’Altan, Casanova passe « Du bandit au gentilhomme », de la protection du sénateur Bragadin à la menace des Inquisiteurs.


 
Pour l’Argentin Oski, notre Vénitien est « Un jeune homme brillant et sans souci », jouant de son bagout pour embobiner les crédules qui se piquent d’ésotérisme.

 
 
« Henriette », de Renato Calligaro, dans un style totalement différent des styles des autres auteurs de cet album collectif, peint (et le mot n’est pas trop fort), les amours de Casanova pour cette Henriette française qu’il a connue en Italie et pour laquelle on peut dire qu’il a vibré d’amour.



Enfin, Guido Crepax, qui avait déjà dessiné une Histoire d’O (1975) inspirée de Pauline Réage et dessinera une Justine (1979) inspirée du marquis de Sade, clôt cet album avec le chapitre le plus directement érotique, « La religieuse », un épisode de la vie de Casanova où celui-ci plonge dans un tourbillon de plaisir avec des nonnes de bonne famille, en compagnie de l’ambassadeur de France à Venise, François de Bernis, futur cardinal.
 



Cet album m’a enchanté. J’ai apprécié la diversité des appropriations de Casanova par ces artistes, dont je connaissais, pour la plupart, le style par d’autres œuvres antérieures ou postérieures à ce Casanova. Cet album n’est pas très facile à trouver d’occasion en bon état, mais les bédéphiles et les casanovistes y trouveront certainement, les uns comme les autres, leur bonheur.


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Edmund Halley and the Comet

 
Près de 250 ans avant qu’un groupe de rock initialement appelé The Saddlemen prenne le nom de Bill Haley with Haley’s Comets, Edmund Halley, avec deux « L » celui-là, publiait en 1705 la somme de son travail d’astronomie, en latin Astronomiae Cometicae Synopsis, puis en traduction anglaise A Synopsis of the Astronomy of Comets (Synopsis de l’astronomie des comètes).



Dans ce document, Edmund Halley démontrait que la comète observée en 1682 était très probablement celle déjà observée en 1456, 1531 et 1607, et qu’elle serait donc à nouveau observée en 1758.
Né en 1656, Halley se doutait bien qu’il y avait peu de chances qu’il soit vivant lors du retour de cette comète, car il aurait fallu qu’il vive jusqu’à 102 ans. Il n’a donc pas eu le plaisir de voir que sa théorie et sa démonstration étaient valides.

Mais, la comète qui finira par prendre le nom de Halley était bien au rendez-vous, apparaissant le 25 décembre 1758, 15 ans après la mort de l’astronome.

Si vous êtes hermétique au caractère religieux du 25 décembre ou à son mercantilisme effréné, joignez-vous donc à moi pour y voir un bel exemple du génie de l’esprit humain, en saluant cet homme de sciences du Siècle des Lumières, ami d’un autre grand savant, Isaac Newton.



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Illustration hébergée sur le site de Science Photo Library avec la description suivante :
Credit:  ROYAL ASTRONOMICAL SOCIETY / SCIENCE PHOTO LIBRARY
Caption:  Halley's paper on comets. Title page of an English translation and reprint of the paper A Synopsis of the Astronomy of Comets (1705), by the English astronomer Edmond Halley (1656-1742). It was in this paper that Halley announced his theory that the comets seen in 1456, 1531, 1607 and 1682 were the same object. In the same paper, he made his successful prediction of its return in 1758. The comet was subsequently named Halley's Comet in his honour. The original paper was written in Latin as Astronomiae Cometicae Synopsis, and was first published in 1705 in Philosophical Transactions, the journal of the Royal Society of London. At the time, Halley was Savilian Professor of Geometry at Oxford University, a position he had held since 1703. He was made Astronomer Royal in 1720.

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vendredi 24 décembre 2010

Ne fuyez pas cette couverture racoleuse

 
J’étais plus que sceptique en découvrant la couverte du n°2 (août-septembre 2010) du magazine Biographia, la revue des grands destins. Devant les accroches comme « Sur les traces du plus grand séducteur » ou « Sa vie secrète », et devant l’illustration de couverture, je me disais que ce magazine serait à peu près du même acabit que ceux qui prétendent nous dévoiler « les secrets de l’Histoire » ou « l’Histoire mystérieuse » et qui ne sont, le plus souvent, que des salmigondis de racontars, d’hypothèses fumeuses, de textes qui au mieux prêtent à rire et au pire dégagent des fumets peu délicats. Magazines pots-de-chambre dans lesquels nagent aussi bien ceux qui pensent que la disparition de l’Atlantide nous a privés des connaissances les plus absolues et ceux qui pensent que des tas de gens tapis dans l’ombre veulent mettre la main sur le monde.
Oui, j’étais très réservé. Sachant que le groupe Lafont Presse publie aussi des titres comme Célébrité magazine et Astro Revue, je craignais le pire de ce Biographia.



Feuilleter ce numéro a donc été une bonne surprise. Car, à l’exception d’un entretien avec Philippe Sollers, « Casanova, la quintessence du XVIIIe siècle européen et français », les autres textes sont des extraits d’ouvrages du XIXe siècle et du XXe siècle sur Casanova, qui sont autant de regards, influencés par leurs époques respectives, sur ce personnage. Parmi ces textes :
- l’article sur les frères Casanova (Jean-Jacques et François) dans Le grand dictionnaire universel du XIXe siècle (1867), de Pierre Larousse ;
- l’article sur Casanova dans La bibliographie ancienne et moderne (1836). Un article qui commence par « Casanova (Jean-Jacques), célèbre aventurier et écrivain politique » ne peut être que salué, parce que la dimension « écrivain », et même « écrivain politique » passe généralement après sa réputation de trousseur de jupons dans de nombreux textes à son sujet ;
- ou encore l’article de Renée Dunan, « Sur Casanova », dans La revue des lettres, n°12 (1926).

Bref, un numéro de magazine qui offre à ses lecteurs une collection de sept textes que je trouve assez éloignés de la couverture plutôt racoleuse du magazine. Je suis finalement content de ne pas avoir cédé à ma répulsion initiale.
Un regret, toutefois : le prix de ce numéro (presque 7 euros pour une quatre-vingtaine de pages de couverture à couverture) me semble trop élevé pour un contenu composé en très grande partie de textes et d’illustrations dont je suppose qu’ils sont libres de droits.

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jeudi 23 décembre 2010

Fin d’année dix-huitièmiste à la télévision

J’ignore si vous surveillez les programmes du petit écran et, par conséquent, j’ignore si vous avez repéré que cette fin d’année 2010 n’a pas été avare en dix-huitièmeries du côté des diffusions télévisées. Sans prétendre avoir déniché tout ce qui avait de près ou de loin rapport avec le Siècle des Lumières, j’ai au moins pointé (et parfois vu) ceci :
- le reportage La véritable histoire de Barbe Noire, d’Herlé Jouon, diffusé dans le cadre de l’émission Thalassa le 19 novembre 2010 ;
- les deux nouveaux épisodes de la série Nicolas Le Floch, réalisés par Nicolas Picard, La Larme de Varsovie (épisode diffusé le 3 décembre) et Le Grand Veneur (10 décembre) ;
- Que la fête commence, de Bertrand Tavernier, et Ridicule, de Patrice Leconte, deux bijoux que je ne me lasse pas de voir et revoir ;
- The Madness of King George / La folie du roi George, de Nicholas Hytner, que j’ai découvert hier pour la première fois, plus de 15 ans après sa sortie sur grand écran.
Et ce soir, Le Bossu de Philippe de Broca.



Et je ne serais pas étonné d’apprendre que des chaînes non hertiziennes nous glissent, d’ici la fin de l’année, une énième rediffusion de La tulipe noire de Christian-Jaque ou de Fanfan la Tulipe version Christian-Jaque ou version Gérard Krawczyk. Il y a un mois, c’était le Cartouche de Philippe de Broca qui passait sur une de ces chaînes.

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A-t-on des nouvelles de Monsieur de C. ?

 
Autant le dire tout de suite, le « prochainement » que j’avais gaillardement affiché dans le titre d’un précédent billet était vraiment de la publicité mensongère. Tout au moins si l’on raisonne à une échelle de temps humaine et non géologique.
Je pourrais essayer de chercher des excuses à ce long silence, prétendre un surcroit de ceci ou une baisse de cela. Mais la raison sincère est très simple  un manque d’envie. Un manque peut-être teinté d’une interrogation personnelle sur l’intérêt de tenir un blog, sur l’objectif même d’une telle démarche. Foncièrement, tenir un blog est finalement assez égoïste : quand bien même j’essaie de partager des coups de cœur et des coups de gueule, ce sont tout de même MES coups de gueule et MES coups de cœur. Bref, c’est du « moi, moi, moi ». Oh, je ne suis pas naïf au point d’avoir pensé que cette dimension égoïste était absente de la tenue d’un blog. Mais, peu à peu, je me suis dit que cette dimension était peut-être trop présente. Envahissante, même.

Je n’en perds pas pour autant mon goût pour le XVIIIe siècle, et mon goût pour le partage. L’idée d’un fanzine dix-huitièmiste continue à me titiller, puisqu’elle me permettrait de continuer dans la voix d’une diffusion généraliste, sans prétention académique et, surtout, d’engager une démarche collective.

En attendant de voir si ce projet se concrétisera, je reprends la plume pour quelques billets au moins. L’écriture n’est pas un vice dont je me débarrasserai facilement, je le sais !
 
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