Antonio Vivaldi est mort à Vienne en 1741, dans un grand
dénuement. Mais il a également été assassiné en 2006, et le
coupable est connu : Jean-Louis Guillermou. Est-ce là un
pseudonyme, un nom d’emprunt pris par ce criminel pour ne pas que
la honte de son forfait rejaillisse sur sa famille et ses amis ?
Je ne crois pas. Non, ce Guillermou est probablement un criminel qui
s’assume. Ainsi, c’est de ce même nom qu’il avait signé
l’assassinat de Jean-Sébastien Bach en 2003. Faut-il croire qu’il
déteste à ce point-là les grands compositeurs qu’il a décidé
de se lancer dans le massacre posthume ?
Son Antonio Vivaldi est un désastre
cinématographique. Même son sous-titre – Un prince à Venise
– est à pleurer. Ce film est à peu près aussi emballant que la
mise en image d’une notice de dictionnaire sur Vivaldi. Aucun
intérêt narratif, aucun rythme, une réalisation à pleurer sur le
plan technique et esthétique, un jeu d’acteurs inexistant. Mais,
bon sang, personne, parmi l’équipe du film ou les producteurs, ne
s’est rendu compte que c’était mauvais à ce point ? Et le
public du Festival international de Besançon était-il sourd et
aveugle au point d’attribuer à ce film le « grand prix du
public » ? Mince, si ce Vivaldi méritait le grand prix,
les autres films en compétition devaient être des catastrophes
encore pire.
Même si vous trouvez le DVD de ce film pour 3 sous, ne l’achetez
pas. Ou alors juste pour avoir, dans votre dvdthèque, un des étalons
du zéro du cinéma, tous genres confondus. Au lieu de céder à ma
curiosité quand j’ai vu ce film proposé à petit prix, j’aurais
dû rentrer chez moi et consulter quelques critiques sur le net. En
lisant celle publiée sur le site de Muse baroque (le magazine de la
musique baroque) sous la signature de Viet-Linh Nguyen ou celle de Dr Devo sur le site Matière focale,
j’aurais immédiatement compris quel raté abyssal est ce film.
La curiosité est un vilain défaut, et ma curiosité m’a
infligé, avec cet Antonio Vivaldi, un de mes pires voyages
cinématographiques (à égalité, je pense, avec Blanche, de
Bernie Bonvoisin... c’est dire!).
Amateurs de cinéma, amateurs du XVIIIe siècle, amateurs de
Vivaldi, passez votre chemin. Ou ne venez pas vous plaindre que je ne
vous avais pas prévenus.