dimanche 22 juin 2008

Que cette fête est belle


L'abbé Dubois, à des gamins qui mendient - Foutez-moi l'camp, volaille de merde ! Aaaaaah !
Le régent - Tu ne donnes jamais aux pauvres, toi ?
L'abbé Dubois - Mais non, y en a trop...
Le régent - Et qu'est-ce que tu fais de ton argent ?
L'abbé Dubois - Ah, Monseigneur, vous savez que je suis avare, c'est le seul vice qui me coûte rien.



Il est des navires dont on sait tout de suite qu'ils vont vous emporter pour un voyage inoubliable. Et que l'on va retourner de temps en temps s'y embarquer, pour refaire un même voyage toujours aussi savoureux.

L'un de ces navires à bord duquel je m'embarque avec toujours autant de plaisir est le film Que la fête commence !, lancé en 1975
A la manœuvre, Bertrand Tavernier, sur un scénario qu'il a co-écrit avec Jean Aurenche.
Dans l'équipage, de remarquables acteurs pour de non moins remarquables rôles : Philippe Noiret est le Régent Philippe d'Orléans, Jean Rochefort l'abbé Dubois et Jean-Pierre Marielle le marquis de Pontcallec. Des seconds rôles savoureux, Jean-Roger Caussimon (un cardinal), Nicole Garcia (La Fillon) ou encore Marina Vlady (Madame de Parabère). Et quelques apparitions de futus grands noms du cinéma français, Michel Blanc en valet de chambre de Louis XV, Christian Clavier en valet d'auberge, Thierry Lhermitte en comte de Horn, ou encore Gérard Jugnot en valet de pied.

Le film a remporté quatre César en 1976 : meilleur réalisateur pour Bertrand Tavernier, meilleur scénario pour Jean Aurenche, meilleur second rôle masculin pour Jean Rochefort et meilleurs décors pour Pierre Guffroy. Mais, au-delà de ces récompenses, fort méritées, c'est tout un ensemble qu'il faut savourer. Même si c'est là aussi la Régence, nous sommes loin de l'ambiance tout public du Bossu, et si les bons mots ne sont pas absents, nous ne sommes pas exactement dans Ridicule.

Dans Que la fête commence !, la farce est acide, la charge féroce, les situations à la fois hilarantes et pathétiques. Les dialogues sont brillants et le cynisme règne en maître. Noiret donne toute sa force à un Régent à double face, lumineuse et obscure, Rochefort incarne un Dubois arriviste et gourmand, et Marielle un Pontcallec perdu dans ses propres rêves d'indépendance républicaine.

Ce film est disponible en DVD, vous n'avez donc aucune excuse pour ne pas le voir et le revoir.


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La critique par Arte : Grandiose fresque historique, Que la fête commence dépeint la période troublée du début du XVIIIe siècle avec ses intrigues, ses complots, ses histoires de famille et ses luttes d’intérêts. Mêlant habilement les situations comiques grivoises et la gravité des affaires d’État, Bertrand Tavernier dépeint avec un humour féroce la morale de l’époque. Avec, en complices inspirés, le trio formé par l’abbé Dubois (Jean Rochefort, formidable en ecclésiastique débauché qui ne croit pas en Dieu), le régent (Philippe Noiret, magistral en souverain attachant et moderne) et le marquis de Pontcallec (Jean-Pierre Marielle, extravagant à souhait). Leurs relations, s’équilibrant ou se bouleversant en fonction des alliances, créent un jeu de balancier qui imprime au film une dynamique réjouissante. Elle tient le spectateur en haleine jusqu’à une fin inattendue.


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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Que dire, sinon que ça fait diablement envie ? Ce film est ( très ) connu, mais je n'ai jamais eu l'occasion de le voir... Un jour de rediffusion, peut-être... ( ou de scrupules absents XD )

PS : Je me permets de vous signaler une coquille *blush* : "Noiret donne toute sa force à un Régent à double face, lumineuse et obscure, Rochefort incarne un Dubois arriviste et gourmand, et Noiret un Pontcallec perdu dans ses propres rêves d'indépendance républicaine."

Monsieur de C a dit…

Merci pour ce regard vigilant. J'ai corrigé la coquille pour redonner à Jean-Pierre Marielle la place qu'il mérite, dans le rôle de Pontcallec.