lundi 4 janvier 2010

Cartouche : poudre mouillée



Au lieu de faire « boum ! », la poudre du Cartouche de Henri Helman, diffusé les 22 et 23 décembre dernier sur France 2, a fait « pssssshhhht... » à mes oreilles.

La filmographie du réalisateur de ce téléfilm, Henri Helman, m'avait incité à ne pas trop bondir de joie par avance. Certes, il a réalisé le téléfilm à peu près honorable Lagardère avec Bruno Wolkowitch (j'en ai dit quelques mots dans ce billet-là), mais en voyant qu'il avait à son actif des épisodes de Joséphine, ange gardien ou des Cordier, juge et flic, je m'accordais le droit à quelques doutes, comme je le disais précédemment. Sans compter que je n'avais pas le souvenir d'un film ou téléfilm où Frédéric Diefenthal m'eût marqué comme grand acteur...





Cependant, voulant juger sur pièce, j'étais devant ma télévision le 22 décembre au soir, devant le premier épisode de ce nouveau Cartouche. Pour le dire vite, je n'ai pas été convaincu par le premier épisode : dialogues manquant parfois de naturel, action parfois traînante, quelques détails peu crédibles. C'est donc à reculons que j'ai regardé le deuxième épisode. Ou, plutôt, que j'ai commencé à le regarder, car je n'ai pas réussi à tenir jusqu'au bout.

Soit je suis devenu trop exigeant, soit la fiction historique française a encore pas mal de progrès à faire.


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Pour que vous n'alliez pas croire que je me prosterne aveuglément devant la fiction historique anglo-saxonne alors que je vilipende la fiction historique française, je m'échappe du dix-huitième siècle pour gagner le Moyen Âge et dire que j'ai été atterré devant l'indigence de l'épisode dont j'ai vu quelques bouts aujourd'hui, sur France 4, de la série britannique Robin Hood / Robin des Bois, de Dominic Minghella et Foz Allan. Manifestement, les Britanniques ont eu aussi leur(s) Josée Dayan. Absence de rythme, dialogues à bâiller, costumes probablement empruntés pour partie au tournage d'un nanard « heroic fantasy » diffusé sur NRJ12 et pour partie à un reportage sur « les jeunes en capuche dans une banlieue près de chez vous » (sans blague, on voit même les coutures faites à la machine !), armes et armures en plastique de foire, sans parler de l'architecture Tudor pour des aventures censées se passer fin XIIe siècle. Pa-thé-ti-que.

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5 commentaires:

Narbeuh a dit…

Et bien, Monsieur, moi qui croyais que vous aviez volontiers la dent dure (jurisprudence Josée Dayan...), il me faut admettre que vous étiez sur ce coup bien en deçà de la vérité.

Ne pouvons décemment laisser échapper un téléfilm d'aventures se déroulant vers 1720, j'avais enregistré cette "oeuvre" et j'ai essayé de la regarder hier soir. Mazette, quelle nanar !

Pourquoi utiliser le cadre historique si c'est pour en faire si peu de cas ? Le "Cartouche" de De Broca (que je n'aimais pas non plus, remarquez...) avait au moins le bon goût de mettre en scène des personnages ouvertement fictifs et un brigand entièrement réimaginé. Ici, on se demande bien pourquoi on taille une telle cote à ce pauvre D'Argenson, pourquoi on ressuscite ce malheureux La Reynie pour le dégrader au rang de simple exécutant, pourquoi on fait du subtil Régent un homme s'amusant de jeter des os à un esclave enchaîné... tout est tellement grossier dans ce film !

Restaient au moins, pour tenir, les magnifiques paysages de mon cher Périgord... qui peinaient toutefois à composer un Paris très crédible :-))

Monsieur de C a dit…

Je ne sais pas si cette œuvre mérite le qualificatif de "nanar". J'ai tendance à penser, en tout cas, qu'il ne mérite pas ce qualificatif dans l'acception que lui donne François Forestier, fin connaisseur des nanars, s'il en est (il leur consacrait de savoureuses chroniques dans Le nouvel observateur, chroniques dont il a tiré deux livres, 101 nanars et Le retour des 101 nanars).

Non, les nanars constituent, à leur manière, une sorte d'aristocratie décalée.

Je crains que ce Cartouche ne penche du côté des "navets" qui, eux, ne constituent pas vraiment une élite, ni au premier ni au deuxième degré.

Les nanars font parfois des films-cultes.
Les navets, eux, font surtout de la soupe.

Etioles a dit…

D'accord là aussi. Combien d'incohérences ! Pourquoi avoir ressuscité ce pauvre La Reynie ! Ce qui m'a le plus gêné : l'accent "banlieue" des acteurs, qui casse l'ambiance et rend leurs propos difficiles à comprendre, parfois.
Les Anglais ont fait un "Casanova" très amusant, bien que très fantaisiste, que vous avez peut-être vu. C'est en 3 épisodes pour la télé. C'est tout aussi faux, mais au moins on y sautille dans la bonne humeur.

Monsieur de C a dit…

Si c'est du Casanova de Sheree Folkson pour la BBC, que vous parlez, celui avec Pete O'Toole, j'ai effectivement déjà dit quelques mots de cette mini-série qui m'a beaucoup plu.

abdul666 a dit…

Monsieur de C.,
j'ai moi-même tenté de regarder ce Cartouche -les tricornes n'ont pa si souvent l'honneur du petit écran- et ai très vite renoncé. Aussi outrancier fut-il, le récent Fanfan la Tulipe avait du rythme, et la vieille série Mandrin était bien plus prenante. Un reproche parmi bien d'autres (mais qui s'applique hélas aussi à certains Nicolas le Floch) : mélanger des costumes Régence et fin du règne de Louis XVI ne reconstitue pas la mode du mileu du 18ème siècle - la "moyenne arithmétique" se s'applique pas ici !

Votre allergie à Josée Dayan me fait sourire : je ne connais d'elle que ses Rois Maudits, et ne les ai pas trouvés plus désagréables que leur (théatrale) première version - et au moins Robert d'Artois n'y postillone-t-il pas sans arrêt ! Certes, bien des costumes et décors seraient plus appropriés à Conan le Barbare, mais celà ne les empêche pas d'être plaisants. De toute façon le Moyen-Age n'est *jamais* reproduit de façon "authentique" : par exemple cathédrales et parties "nobles" des intérieurs étaient entièrement peintes de motifs hautement polychromes, comme le sont encore les temples Indouistes, et j'attends toujours le (télé)film nous présentant Notre-Dame comme un énorme vacherin aux fruits confits...

Le manque de "rigueur historique" n'empêche pas forcément une oeuvre d'être remarquable pour elle-même. Pour revenir à "notre" 18ème siècle, l'un de mes films préférés est L'Impératrice Rouge: il ne faut pas y chercher plus de véracité historique que dans la Chanson de Roland ; surréalistes, les décors - surtout la statuaire - sont dignes des films de Cocteau ; le sommet du film (enfin posté sur YouTube) est la charge de cavalerie escaladant les escaliers du Palais Impérial : un grand moment d'heroic fantasy bien sûr, mais tellement enthousiasmant et spectaculaire ! Bien plus mémorable à mon avis que le célèbre "landau dévalant les escaliers d'Odessa" du Cuirassé Potemkine, archétype paraît-il des scènes-cultes pour abonnés de ciné-clubs...

En matière de metteur en scène, si les aventures du Scorpion devaient être portées à l'écran je les verrais bien confiées à un quasi-homonyme de votre chère Josée Dayan, Olivier Dahan (Les rivières pourpres 2) : un réalisateur capable de filmer sans rire des "moines - ninjas - néonazis - gonflés aux amphétamines" me paraît tout indiqué pour diriger les enemis du héros !

Bien cordialement,
Jean-Louis (de Monte-Cristo !)

PS. : à propos de 18ème siècle imaginaire, le blog collectif 'Emperor vs Elector', la "Société des (Imagi-) Nations des Guerres en Dentelle", approche les 80 contributeurs.