lundi 2 mars 2009

Il n'y a que les imbéciles qui...


Lorsqu'il a été projeté à la télévision, L'homme au ventre de plomb, le premier des deux téléfilms tirés des romans de Jean-François Parot mettant en scène Nicolas Le Floch, m'avait plongé dans un ennui mâtiné d'exaspération qui m'avait fait quitter ce spectacle avant même d'atteindre la première demi-heure. Et j'en avais même boudé le deuxième épisode, L'énigme des Blancs-Manteaux.

Pourtant, j'apprécie beaucoup les romans, et je me faisais une joie, depuis longtemps, de savoir qu'ils allaient être adaptés en téléfilms. Peut-être en attendais-je trop ? Toujours est-il que cette première demi-heure du premier épisode me plongea dans une déception aussi grande que mon attente l'avait été. J'irais même jusqu'à dire qu'une certaine envie de distribuer des coups de bâtons venait me chatouiller les mains.

Ce bout entrevu me semblait plombé, tout comme le ventre de la victime. Plombé par le rythme des dialogues. Non pas que je sois allergique à des dialogues qui « sonnent à l'ancienne », par les imparfaits du subjonctif (l'espagnol en regorge, aujourd'hui encore, et j'adore cette langue, héritage paternel que je ne renierai jamais). Mais bon sang, quand les acteurs apprendront-ils encore et encore leurs textes jusqu'à ce que ces tournures-là sortent de leur bouche aussi naturellement que leur français d'aujourd'hui ? En cela, je rejoins totalement l'avis de Thomas B., exprimé dans une discussion du forum La folie XVIIIe.
Et puis certains personnages ne ressemblaient pas du tout à l'image mentale que je m'en étais faite à la lecture des romans (contrairement, par exemple, aux personnages dépeints par le film Alatriste, d'Agustín Díaz Yanes, totalement en accord avec ceux des romans écrits par Arturo Pérez Reverte). Nicolas Le Floch presque trop mûr, trop tranchant. Bourdeau pas assez bourru, trop propre sur lui.

Bref, je n'étais pas content. Pour la défense du réalisateur et des comédiens, je dois préciser que lors de cette diffusion, j'étais plutôt fatigué, l'esprit empreint de soucis professionnels. Bref, pas vraiment en état de me laisser prendre par la main et inviter dans cette histoire.

Mais voilà que l'on m'a offert le coffret DVD de ces deux épisodes. Et que j'ai pu les regarder voici quelques semaines dans des conditions plus adaptées : en vacances, reposé, plus ouvert à ce spectacle. Je gardais néanmoins ma canne à portée de main, prêt à bastonner à nouveau les impudents. Pour le cas où l'affaire serait devenue encore plus sérieuse, j'avais apporté une épée, un pistolet et assez de poudre et de balles pour ruiner la fête chez la Paulet.

Mais finalement, ma canne n'a bastonné personne, mon épée est restée au fourreau, et j'ai gardé ma poudre et mes balles pour des occasions plus graves.
Les intrigues sont finalement assez bien menées et j'ai réussi à me laisser porter par le rythme de ces téléfilms, et même par le ton général des dialogues. Même si parfois il me revenait l'envie de secouer les acteurs pour qu'ils aient un débit plus fluide, plus naturel.
J'ai apprécié la variété des décors intérieurs et extérieurs, les portraits de personnages très divers, des ministres et favorites royales aux boutiquiers et porteurs de paravent d'aisance.
Je ne suis pas assez connaisseur en matière de costumes, et des gens plus fins connaisseurs se chargent de vous dire ce qu'ils en pensent dans le forum sur l'histoire du costume et de la mode.



Dans l'ensemble, si l'on n'est pas devant une série aussi réussie que peuvent l'être des séries comme Rome ou Deadwood produites par HBO, ces deux premiers épisodes télévisés de Nicolsa Le Floch ont le mérite d'offrir un spectacle tout à fait divertissement, d'une qualité dont il n'y a pas à rougir, et qui a évité le piège de la trahison d'une œuvre littéraire pour en faire du « spectacle pour cerveaux à rendre disponibles pour de la publicité » (mais non, je n'ai pas pointé spécialement TF1 ou les réalisations grotesco-poussives de Josée Dayan...).

Deux épisodes fort plaisants à voir. Et certainement à revoir, en attendant les suivants.

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Les photographies illustrant ce billet sont © Compagnie des Phares et Balises

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Amusant comment tout passe mieux au deuxième visionnage, n'est-ce pas?

J'ai suivi votre lien et découvert pire que le jihad tolkienniste: le jihad costumier. Je vais rester aussi loin que possible de ces gens là, et leur préférerai la compagnie de mes amis GNistes Deschiens amateurs de Rondo Veneziano.

Monsieur de C a dit…

Pour ce qui est des costumes comme du reste, certains franchissent la frontière entre la passion et le dogme.

Mais avant de tomber dans Rondo Veneziano, il y a tout de même des gens qui peuvent vous souffler à l'oreille des conseils musicaux sans pour autant qu'ils soient élitistes. ;-)