Sur les rayons de ma bédéthèque personnelle, quelques oeuvres couvrent à la fois ma passion pour le dix-huitième siècle et ma passion pour la mer. Parmi elles, les deux tomes du Passage de Vénus, de Dethorey et Autheman (Ed. Dupuis, collection Aire Libre, ISBN 2-8001-2658-2).
Ils narrent une partie du voyage de Bougainville et de ses compagnons autour du monde, la narration étant centrée sur le naturaliste Commerson et sa compagne Jeanne Barré (qui, à bord, se fait passer pour un homme).
L'art de Dethorey est très prenant, tant dans ses lumières éclatantes que dans ses clairs-obscurs.
Pourquoi ne narrent-ils qu'une partie seulement de ce voyage ? Parce que le troisième tome, qui devait clore le récit, n'a jamais été publié, Dethorey étant décédé alors qu'il travaillait au deuxième tome. Ce deuxième tome comprend donc une partie illustrée par Dethorey, et une autre dessinée par François Bourgeon, tout en crayonné au noir et blanc.
Je trouve cette juxtaposition très émouvante. Bourgeon a, en effet, marqué d'une empreinte ineffaçable, la BD maritime, et même la BD tout court et les récits maritimes, avec ses Passagers du vent (je les évoquerai dans un prochain billet). Ce Passage de Vénus, sous les mains de Dethorey, était donc un vrai défi, celui de l'exploration d'une autre voie graphique, d'un autre sens du récit, pour une exceptionnelle aventure maritime. Et voilà que c'est Bourgeon, qui, d'un crayon sobre mais finalement pas sombre, qui a terminé le deuxième tome du Passage de Vénus.
S'il peut être frustrant de ne pas avoir eu ce troisième tome, je comprends tout à fait la décision de l'éditeur et du scénariste de ne pas poursuivre l'aventure sans Dethorey. Le naturaliste Commerson est mort pendant le voyage de Bougainville, et Dethorey, qui l'avait choisi comme personnage central, n'a pas fini le voyage, lui non plus.
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