lundi 14 décembre 2009

L'élégance du geste d'acier



Parmi les lectures qui ont accompagné mon adolescence, trois courants ont façonné mes goûts de lecteur, leur donnant une assise solide sur un trépied : les récits de voyage, les romans policiers et les romans de cape et d'épée.
Ma vie ne m'a pas amené à être enquêteur, et je me suis contenté de me continuer à me creuser la tête au travers des polars. J'ai pu, en revanche, voyager, voir d'autres horizons sous d'autres cieux, rencontrer d'autres gens. Enfin, si je n'ai que rarement ceint une cape sur mes épaules, c'est très récemment que j'ai mis la main sur la poignée d'une épée.
La pratique de l'escrime sportive me tentait depuis plusieurs années, mais ce n'est que l'année dernière que j'ai finalement franchi la porte d'une salle d'armes. Il ne m'a fallu que quelques séances pour me retrouver « accro » à ce sport. Bien évidemment, je n'ai aucune prétention à devenir un redoutable compétiteur, et ce n'est pas du tout dans cet esprit-là que j'enfile ma tenue et mets la main sur la poignée d'une épée : je pratique l'escrime de loisir, de mon mieux, en voyant nos affrontements amicaux comme des moyens de progresser.


D'un autre côté, cela fait aussi des années que j'ai été séduit par des illustrations de traités d'escrime du XVIIIe siècle et par les élégantes épées de cette époque-là.
Ce sont les planches de la partie « Escrime » de l'Encyclopédie de Diderot & d'Alembert qui m'ont marqué les premières, pour autant que je m'en souvienne. Mais j'ai été encore plus séduit lorsque j'ai découvert les versions originales de ces planches dans le traité de Domenico Angelo, L'école des armes (1763), dont le chapitre Escrime de l'Encyclopédie n'est autre qu'un « pompage » éhonté (une pratique courante à l'époque, soulignons-le). Ah, ces planches au trait rehaussées de fines couleurs. Élégance des postures, des gestes que ces illustrations nous offrent.

Quant à l'épée de gentilhomme du dix-huitième siècle, l'épée de cour selon son appellation française (smallsword en anglais, espadín en espagnol et spadino en italien), je lui trouve une incomparable élégance de lignes.




J'avais déjà dit quelques mots de mes envies de mieux connaître et de pratiquer l'escrime du XVIIIe siècle, voici un peu plus d'un an.
A défaut d'avoir vraiment pu commencer à goûter à cette escrime-là pour l'instant, je continue à rassembler des informations sur l'escrime de cette époque-là, sur la pratique actuelle de cette forme d'escrime, sur les épées de cour de l'époque et sur les répliques actuelles, etc.
Je viendrai partager ici, avec les curieux, mes découvertes, mes projets et mes éventuelles mises en pratiques.

* * * * *

2 commentaires:

Dream Hope a dit…

Juste pour information, sais tu qu'il existe des cour d'escrime artistique ou ancienne ? Peut être plus proche que ce que tu recherche.

Monsieur de C a dit…

Je sais pertinemment que cela existe. Je me tiens au courant de cette thématique-là notamment grâce à un forum francophone sur l'escrime artistique.

Mais, l'escrime en tant qu'art martial et l'escrime artistique sont deux univers différents. La première est une escrime au sens premier du terme, c'est-à-dire l'affrontement (non scénarisé) de deux personnes armées d'épées ; la deuxième est un chorégraphie entre deux personnes maniant un accessoire qui se trouve être une épée.

Les chorégraphies de l'escrime artistique peuvent très bien remplir la fonction pour laquelle elles sont créées (divertir le public grâce à un spectacle chargé d'intensité tant dans son récit que dans ses mouvements) sans pour autant refléter de manière réaliste un combat d'escrime.

De son côté, l'escrime en tant qu'art martial peut très bien n'avoir aucun intérêt visuel, ou presque, pour un spectateur, puisqu'elle n'est pas destinée à offrir un spectacle mais à essayer de reproduire un combat (certes dans des conditions de sécurité draconiennes qui n'ont rien à voir avec les conditions d'un "vrai" duel) selon les pratiques en vigueur à une époque donnée, dans un style donné.

Les deux univers ont donc des objectifs et, par là-même, des pratiques très différents.

Ce que je recherche en premier est bien la pratique de l'escrime du XVIIIe siècle en tant qu'art martial.
Pratiquer une escrime artistique inspiré de l'escrime du XVIIIe pourrait me plaire aussi, mais c'est, pour moi, une démarche totalement différente.