vendredi 21 novembre 2008

Le venin du Scorpion


J
e ne suis pas un gardien de l'orthodoxie dix-huitièmiste, et ces salons sont ouverts à des sujets, des créations qui ne respectent pas le dogme, la Vérité (pour autant qu'il y en ait une).

C'est donc sans fausse honte que j'invite ici Le Scorpion, la création d'Enrico Marini (dessin) et Stephen Desberg (auteur), aux éditions Dargaud (8 tomes à ce jour).

Dans la Rome d'un XVIIIe siècle qui n'est pas tout à fait le nôtre, un homme portant une curieuse marque de naissance en forme de scorpion, vient bousculer les plans machiavéliques, les alliances et les conflits, des « grandes familles » qui se sont arrogé le droit de se partager le pouvoir et les richesses du monde.

Le graphisme est impressionnant de dynamisme, de cadrages cinématographiques, de couleurs soutenues tant dans le clair que dans le sombre. Le récit est dense, sans temps mort, pleins de rebondissements, nourri de sombres comploteurs, de femmes lumineuses ou dangereuses. Des aventures de cape et d'épée dans la tradition du genre, avec de l'action à chaque page et des personnages frisant la caricature.

Au point que, par moment, le talent du dessin et du récit se laisse prendre au piège de la surenchère. Pourtant bon public et friand de ce genre de BD, j'en suis arrivé, dans certains tomes, à me dire « là, c'est un peu trop pour moi ». Mais, par la suite, les deux créateurs me semblent être revenus à plus de maîtrise, moins d'étalage de talent et, sans tomber dans l'austérité qui aurait été contraire à l'esprit de ce genre d'aventures, avoir retrouvé un ton plus juste, donnant même plus de profondeur aux personnages principaux.

Les six premiers tomes forment un cycle complet. Les deux suivants ouvrent un nouveau cycle. Alors, si vous n'avez pas encore fait connaissance du Scorpion et que vous appréciez le grand spectacle de cape et d'épée dix-huitièmiste, vous voilà devant une œuvre qui n'attend que vous.

Les fans de la série, eux, pourront aller plus loin dans la connaissance des secrets de leur héros avec le hors-série Le procès Scorpion. Textes complémentaires, dessins qui n'étaient pas parus dans les albums (hors tirages de tête), voilà de quoi satisfaire les plus curieux.


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N'hésitez pas à visiter le site de la série.

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5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, excellente BD ! ^o^ Je ne l'aurais pas formulé ainsi, mais vous avez raison sur le côté "surenchère", particulièrement lors du passage au Moyen-Orient... cependant ça fait aussi partie du charme de la série, alors allons-y gaiement XD

J'avais écrit un billet sur le tome 8 il y a quelques temps... Je ne sais pas pour vous, mais je trouve qu'ils mettent la barre de plus en plus haut XD ça va être dur de maintenir le niveau...

Monsieur de C a dit…

J'avais lu votre billet sur ce tome 8, et il est vrai que ce tome-là est plein de qualités, ce qui ne contribue pas à réduire mon impatience d'en découvrir la suite.

abdul666 a dit…

Très plaisante série en effet. Les romans de cape et d'épée situés d'ordinaire plutôt sous Louis XIII rencontrant les feuilletons populaires du 19ème siècle ('Les Habits Noirs'...) au temps des tricornes.

abdul666 a dit…

On peut rêver au film qu'en tirerait un réalisateur adéquat (Christophe Gans? Jean-Pierre Jeunet?) disposant de très gros moyens...

Il y aurait matière à une longue série TV, mais je doute que les producteurs, (à supposer qu'ils soient tentés par l'aventure, alors que 'Les Cordier juge et flic' offre un exemple de valeur sûre...) soient prêts à y investir des sommes suffisantes pour rendre justice à la BD...

Monsieur de C a dit…

Tant que ce n'est pas Josée Dayan !

Mais je doute que l'aventure soit tentée par des producteurs français. Cependant, si l'expérience est tentée, je regarderai ça de près !