Sectateurs de l'orthodoxie, défenseurs acharnés du canon, ne dressez pas le poteau, n'apportez pas vos fagots, ce n'est pas l'heure du bûcher. Si j'ai ouvert mes salons à Casanova ou au chevalier de la Barre, et à des créations comme Le Scorpion, vous vous doutez bien que je ne vais pas capituler facilement devant ceux qui oseraient lever l'étendard du dogme.
Alors, ne vous étonnez pas si j'ose aujourd'hui consacrer un billet au Pacte des loups de Christophe Gans (2001).
J'avais attendu ce film avec impatience. Je me demandais en effet ce que pourrait être une histoire de Bête du Gévaudan revue par celui qui avait réalisé Crying Freeman.
Alors, qu'en dire, sept ans après l'avoir vu au cinéma, et l'avoir vu et revu en DVD ?
M'arrêter aux anachronismes dans certains costumes, dans certains faits historiques évoqués ? Déplorer l'intrusion des influences du cinéma de Hong-Kong dans les combats façon kung-fu et les mouvements de caméra au ralenti ? Je pourrais. Je pourrais mais je ne le ferai pas. Car en regardant ce film, j'en accepte, par avance, les écarts, les partis pris.
J'ai grandement apprécié ce film, très bien servi par des acteurs comme Samuel Le Bihan, Vincent Cassel, Jean Yanne ou encore Jean-François Stévenin, tissant un monde masculin de connivences et de servilités, de rancunes et de superstition, éclairé par de rares présences féminines comme celle d'Émilie Dequenne et de Monica Bellucci. J'en ai apprécié le rythme, l'esthétique. Les décors naturels, même s'ils sont ceux des Pyrénées et non de la Margeride ou du Gévaudan. J'en apprécie les longs manteaux ruisselants de pluie, comme un clin d'œil, en contrepoint, aux « cache-poussière » d'Il était une fois dans l'Ouest.
Je n'ai pas vraiment réussi à me laisser envahir par la crédulité du spectateur comblé devant cette confrérie, cette sorte de Lupus Dei (comme s'appelle parfois ce film) un peu trop grand-guignolesque à mon goût surtout du fait des décors dans lesquels elle se réunit et auxquels je n'arrive pas à croire. C'est probablement là le principal point qui me fait tiquer dans ce film.
Mais c'est là, dans son ensemble, un grand film populaire d'aventures pleines de bruit et de fureur, comme aurait dit le grand William S., qui a repris à son compte un mythe de notre Histoire, pour raconter sa propre histoire.
* * * * *
7 commentaires:
Je sens que je vais mettre de l'huile sur le feu, mais saviez-vous que ce film comptait parmi les grandes sources d'inspiration de Josée Dayan ? XD
Non, sérieusement, je partage votre avis sur ce film, qui est un très bon moment de divertissement^^
( tout le monde s'en fout, mais quand je pense qu'à 13 ans, c'était mon film préféré avec "L'Homme au masque de fer"... *ksss, ksss, vade retro !!* )
L'homme au masque de fer ? Celui avec Leonardo le Carpaccio dans le rôle du roi et Gérard Lepourceau-Depardieu dans le rôle du mousquetaire-qui-rote-et-qui-pète ?
Non... quand même pas... Andromède, rassurez-moi... ;-)
Eh si... Je n'ai qu'une excuse : ma grande jeunesse de l'époque XD (ça devait être les prémices de la crise d'adolescence) Mais je vous rassure : j'ai depuis complètement renié cet épisode peu glorieux de mon passé ç_ç
J'ai été heureux de constater qu'un amateur 'sérieux' du 18ème siècle a pu apprécier ce film. Il est vrai que quiconque pratique le wargame et ne vilipendie pas systématiquement les bandes dessinées a dû garder un peu de son âme d'enfant.
Pour moi, c'est l'un de mes deux films 'en tricornes' préférés avec 'L'Impératrice Rouge'.
Dans une conception et une réalisation très modernes (on retrouve dans certains plans l'esthétique 'jeu video' de quelques scènes du 'Seigneur des Anneaux'), il me fait penser aux vieux films de pirates ('Capitaine Blood', 'La flibustière des Antilles'...) qui ont enchanté mon enfance. Tous n'étaient pas situés au 18ème siècle, mais tricornes et morions cohabitent souvent dans les histoires de pirates: 'Pirates des Caraïbes' ou 'Barbe Rouge' (voire 'Yellowbeard'?) - bon, oubliez!.
Avez-vous le téléfilm 'romancé' consacré à 'La Bête' (le héros est un médecin de campagne et 'la Bête' un psychopathe)?
Et, dans le domaine des films 'en tricornes' fantaisistes, que pensez-vous du 'Munchausen' (à part qu'il ya malheureusement plus de shakos que de tricornes)?
L'esprit de ces colonnes est de faire feu d'à peu près tout bois touchant au XVIIIe siècle. Je n'ai jamais méprisé quelque forme d'expression que ce soit, (et certainement pas les bandes dessinées). Mes principales préoccupations sont de dire si j'ai pris plaisir ou pas à suivre tel chemin dix-huitièmiste ou tel autre. Que certains se sont largement éloignés de la véracité pour offrir des plaisirs différents, cela ne me fait pas brandir le goupillon de l'orthodoxie ; j'apprécie trop les divertissements !
Ce à quoi j'essaie d'apporter un regard vigilant, c'est surtout de dire "attention, ne prenez pas ceci pour le reflet de la réalité", lorsqu'un créateur s'en est écarté, sciemment ou pas, ouvertement ou pas.
Pour ce qui est du téléfilm romancé sur la Bête, je reconnais ne pas bien savoir, pour l'instant, celui auquel vous faites référence. Est-ce celui réalisé par Patrick Volson (2001), avec Sagamore Stévenin dans le rôle du médecin ?
Quant à Munchausen, je n'en suis pas vraiment familier (ni du livre, ni de ses diverses adaptations). Un territoire qui me reste à explorer.
Effectivement, "La Bête du Gévaudan de Patrick Volson avec Sagamore Stévenin". Un 'vrai' film, donc? Sans doute est-ce le manque de moyens qui m'a fait le mémoriser comme un téléfilm?
Et je n'avais pas mémorisé le nom de l'acteur principal - que voulez-vous, de tous les interprètes du 'Pacte des Loups' je n'ai retenu que le nom de Monica Bellucci: en raison, et seulement, du personnage qu'elle interprète - bien entendu! - bon, peut-être pas seulement, mais j'avoue qu'une courtisane 'barbouze' du Vatican, l'idée a de quoi séduire le vieil amateur de jeux de rôle... (j'espère que tous les visiteurs de 'Monsieur de C.' savent ce qu'est un jeu de rôle!).
Il faudra que j'écrive un billet sur La Bête du Gévaudan de Patrick Volson, car j'y ai vu une oeuvre tout à fait intéressante, un téléfilm "historique" ni gnan-gnan ni outrancier.
Quant au jeu de rôles, les lecteurs de ce blog-ci qui ignoreraient de quoi il s'agit peuvent aller lire les quelques mots que j'avais écrits dans un billet à ce sujet.
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