lundi 22 février 2010

Brabant, avant Frears et Forman

 
Le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, a connu plusieurs adaptations cinématographiques. J'ai déjà évoquées deux d'entre elles dans un billet, celle de Stephen Frears avec Les liaisons dangereuses, et celle de Milos Forman avec Valmont.
Je ne connaissais pas l'existence de l'adaptation télévisuelle par Charles Brabant, jusqu'à en découvrir très récemment le DVD dans les rayons du disquaire indépendant où je m'approvisionne souvent. J'en ai fait l'achat sans me renseigner plus avant sur cette œuvre.

J'ai donc découvert ce téléfilm sans aucun préjugé. Et cela a été une très intéressante découverte. Le film n'est pas une mise en images du roman, comme tentait de l'être la version de Stephen Frears, pas plus qu'elle n'est la mise en images d'un souvenir de lecture (souvenir bien éloigné du roman, soit dit en passant), comme l'a été la version de Milos Forman. Ici, Charles Brabant nous livre une œuvre où se mêle la vie de l'auteur et sa propre œuvre. Dans sa cellule de prison, où il a été enfermé en 1793 pour ses positions orléanistes, Choderlos de Laclos est aux prises avec son imagination. Est-ce sa façon de s'évader hors de ses murs, ou bien veut-il se justifier devant les personnages qu'il a pris dans les rets de ses Liaisons dangereuses ? Dans ce huis-clos dont les frontières ne sont que celles de l'esprit de Laclos, l'auteur discute avec ses anciennes relations réelle et ses personnages imaginaire, plus particulièrement avec Madame la marquise de Merteuil, que ronge la petite vérole.
Ces Liaisons dangereuses ne doivent pas être réduites, comme cela a été le cas dans certaines adaptations, à ce chassé-croisé de pouvoir, de désir, d'amour, mais qu'elles sont bien le portrait au vitriol d'une société au bord de l'explosion.

« Je crois que l'œuvre de Laclos est révolutionnaire en elle-même. Si l'on se reporte au XVIIIe siècle, sachant que quelques années après la publication des « Liaisons dangereuses », on va avoir le « Don Juan » de Mozart, on voit que la Révolution existe, qu'elle occupe les esprits et se répand petit à petit à travers l'époque. Le libertinage qui reflète la fin de l'aristocratie c'est aussi l'esprit de contestation. Parce qu'il s'oppose à la rigueur religieuse. Il la nie même, et derrière lui il apporte l'athéisme. À partir du moment où tout est permis et où la règle est transgressée, Dieu est mort. Par conséquent, cette œuvre est révolutionnaire dans son essence. Elle a un autre aspect révolutionnaire. C'est une œuvre qui met la femme en valeur considérablement. Au fond, l'auteur, c'est la marquise de Merteuil. » (Charles Brabant).

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