lundi 24 mars 2008

Un commerçant peu recommandable


L
es traites esclavagistes forment une grande tache sur les pages de l'histoire de l'humanité. Et la traite négrière, dans son développement industriel – si j'ose dire – du XVIIIe siècle, est plus qu'une ombre dans ce siècle des Lumières.
Les études actuelles sur le sujet ne manquent pas, certaines ayant même soulevées des polémiques au couer même du monde scientifique. Mais il n'existe pas pléthore de documents contemporains de cette traite à être facilement disponibles pour des lecteurs d'aujourd'hui.

En publiant le journal du capitaine William Snelgrave, les éditions Gallimard mettent à portée de tous un document saisissant : Journal d'un négrier au XVIIIe siècle. Nouvelle relation de quelques endroits de Guinée et du commerce d'esclaves qu'on y fait (1704-1734) (éditions Gallimard, collection Témoins, 2008, ISBN 9782070782154).
Saisissant à plusieurs points de vue. En premier lieu par la précision de ce regard de l'intérieur, mêlant tout à la fois la curiosité d'un explorateur et la rigueur froide et comptable d'un épicier. Saisissant, aussi, par la démonstration que fait William Snelgrave des bienfaits de l'esclavage, y compris pour les Africains eux-mêmes.
Ce récit, auquel son style confère parfois des accents de roman d'aventures, bénéficie d'une très intéressante introduction par Pierre Gibert.

Un livre qui ne manquera pas, je pense, de saisir de frissons glacés les lecteurs d'aujourd'hui.


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Consultez la fiche du livre sur le site de l'éditeur.

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hmmm... Le genre de livre qui doit faire grincer des dents, j'imagine, mais très riche pour qui s'intéresse à la période et à sa/ses mentalités. Ce capitaine raconte-t-il uniquement ses voyages, ou est-ce qu'on a droit à d'autres "angles de vue" ?

Monsieur de C a dit…

Il raconte ses voyages sous leurs différents aspects (géographiques, techniques, humains), ses relations avec les potentats locaux auxquels il achète les esclaves, et il y ajoute ses propres réflexions sur l'esclavage, dont il justifie le bien-fondé (en se basant sur des arguments totalement fallacieux comme l'amélioration, par l'esclavage (!), des conditions de vie des Africains).

Anonyme a dit…

O___o Lol, je suppose qu'au deuxième degré ( voire troisième ), ça pourrait éventuellement avoir un aspect comique, de par la bancalité des arguments... mais je suppose que je ne suis pas encore assez cynique pour arriver à lire tout le livre dans cette optique. Je note tout de même, au cas où.
Merci ;)